Les 13 militants des droits de l’Homme, arrêtés en juin dernier en Mauritanie, viennent d’être condamnés à des lourdes peines de prison ferme. Deux organisations africaines, le Réseau ouest africain des défenseurs des droits humains (Roaddh) et la Coalition ivoirienne des défenseurs des droits humains (Ciddh), condamnent cette décision et appellent les autorités mauritaniennes à tenir leurs engagements internationaux à propos des droits de l’Homme.
A travers un communiqué conjoint, les organisations de la Roaddh et de la Ciddh ont dénoncé la situation préoccupante des droits de l’Homme en Mauritanie. Le 18 août, 13 membres de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (Ira) en Mauritanie, une organisation de lutte pour les droits de l’Homme et contre l’esclavagisme, ont été condamnés à des peines allant de 3 à 15 ans de prison ferme. Leur chef, Biram Dah Abeid, fait partie des accusés. Il leur est reproché d’appartenir à une «organisation non reconnue», selon les autorités mauritaniennes. Ces membres avaient été arbitrairement arrêtés en juin dernier, dans des conditions particulièrement musclées, subissant tortures et traitements inhumains. Les deux organisations affirment qu’elles «condamnent avec la plus grande fermeté ces violations flagrantes des droits des Défenseurs des droits humains en Mauritanie en général, en particulier des militants anti-esclavagistes, dont la situation est aggravée par des simulacres de procès et des détentions arbitraires». La police s’attaquait aux proches des militants, et interdisait l’entrée au tribunal à toute personne extérieure. Les accusés ont essayé de résister en refusant de comparaître tant qu’ils n’avaient pas le droit à un véritable procès, ce qui a retardé leur jugement initialement prévu le 9 août. Ces condamnations illustrent la situation difficile et le non-respect des droits de l’Homme en Mauritanie, qui avait été condamné à de nombreuses reprises par des organisations internationales lors des derniers mois. La Roaddh et la Ciddh appellent les autorités mauritaniennes à libérer les prisonniers, lever les menaces qui pèsent sur les associations de sauvegarde des droits de l’Homme, à appliquer les lois et les conventions sur l’esclavage et la torture et à garantir les libertés individuelles, conformément aux engagements internationaux du pays.