Le Sénégal dispose d’une bonne relève à ses actuels lutteurs olympiques avec de jeunes pousses dans le sud du pays, mais qui n’ont toutefois pas les moyens leur permettant d’éclore, a déclaré dimanche le directeur technique national (DTN) de la lutte, Abdou Badji.
Invité à se prononcer sur l’avenir de la discipline qui, au vu des résultats et du talent de ses pratiquants, peut valoir une médaille olympique, Abdou Badji a souligné que sans moyen, il sera difficile de faire fructifier la bonne relève dont dispose le Sénégal actuellement avec de jeunes lutteurs scolarisés.
‘’Nous avons une bonne relève, faudrait- il ensuite qu’on ait les moyens de nous en occuper. L’essentiel des lutteurs olympiques est basé en Casamance. Ce sont des élèves, et donc, on ne peut pas les avoir à temps plein’’, a expliqué M. Badji. Selon lui, envoyer un entraîneur dans cette zone est également difficile, du fait d’un manque de moyens financiers.
‘’Il est aussi difficile d’envoyer un coach à temps plein là-bas. Donc, on ne peut les avoir que sur des séquences de dix jours et ce n’est pas suffisant pour le haut niveau. Il y a un très bon grenier et une pépinière énorme, mais il faut des moyens’’, a estimé l’entraîneur spécialiste des sports de combat.
Le Sénégal, bien que se définissant comme un pays de lutte où ce sport fait office de discipline traditionnelle, peine à remporter une médaille olympique, parce que le potentiel n’est pas exploité et les efforts ne sont pas mis sur cette discipline, mais plutôt sur la lutte traditionnelle et celle avec frappe.
‘’La lutte olympique, ce sont des réactions à la seconde, alors que la lutte sénégalaise, ce sont des balancements de bras à n’en plus finir avant les accrochages. Donc, lorsqu’un lutteur traditionnel vient en lutte olympique, il est déjà trop tard pour lui inculquer les reflexes’’, soutient le spécialiste. Il estime que ‘’ceux qui veulent faire de la lutte olympique doivent s’y adonner très tôt’’.
L’autre difficulté à l’expansion de la lutte olympique listée par Badji est le manque de reconnaissance dont sont victimes ceux qui s’adonnent à cette forme de sport. Les athlètes, bien que médaillés, ne trouvant pas les ressources pour faire face à leurs besoins vitaux et sociaux.
‘’Le problème également, c’est que la lutte olympique ne nourrit pas son homme. Vous gagnez des médailles et c’est tout. Isabelle Sambou, par exemple, a neuf médailles d’or en Afrique, elle va faire quoi avec ? Peut-être orner son salon ? Il faut qu’on mette des moyens pour intéresser les athlètes à la pratique de cette lutte, parce que notre réservoir est immense, mais l’investissement n’étant pas au rendez-vous, on le perd’’, s’est désolé le technicien.