Zéro médaille ! 22 athlètes dont 12 basketteuses. Aucune finale disputée. Le Sénégal rentre encore bredouille des Jeux Olympiques de Rio (5 au 21 août), comme ce fut le cas, il y a quatre ans, à Londres.
(RIO DE JANEIRO, Brésil) –Terminus ! Le Sénégal retourne au bercail… bredouille. Pas la moindre médaille dans la besace. Ainsi, les olympiades se suivent et se ressemblent. Après Londres 2012, Rio restera un cimetière pour les athlètes sénégalais.
LE CARTON PLEIN DES «LIONNES»
Championnes d’Afrique en titre, les «Lionnes» ont appris à leurs dépens que le haut niveau n’est pas à leur portée. Les filles de Moustapha Gaye ont d’ailleurs bu la calice jusqu’à la lie. Cinq matches, cinq défaites, la bande à Aya Traoré a terminé à la 12ème et dernière au classement général avec 482 points encaissés contre 309 points inscrits. Le tarif est plein.
Même si on retiendra la 10ème place d’Astou Traoré au classement général après les phases de poule. Cap maintenant sur l’Afrobasket 2017.
AWA LY NDIAYE PLUS RAPIDE QUE BOLT
La benjamine de la délégation sénégalaise, Awa Ly Ndiaye souviendra longtemps de ses premières olympiades sous les couleurs de la nation d’origine de ses parents. Après le cauchemar de Luanda où elle a créché dans un centre d’accueil pour refugiés à cause d’un plan de vol plus que moyenâgeux (Dakar-Bamako-Addis-Abeba-Luanda-Rio), elle sera disqualifiée dans la course de 50 m nage libre. La benjamine de la délégation sénégalaise, certainement habitée par la pression, bouge au moment du coup d’envoi de sa série. Nonobstant cette faute, elle termine sa course à la 7ème place avec un chrono de 30,72 secondes.
L’ATHLETISME DANS LES BAS-FONDS
Jamais dans l’histoire du Sénégal, la première discipline olympique a été aussi chahutée et ridiculisée. A Rio, aucun athlète sénégalais n’est parvenu à composter son ticket pour ces Olympiades. Inédit ! Comme lors des championnats du monde de Pékin en été dernier, notre pays a encore dû tendre la main pour disposer de deux invitations. Amy Sène (marteau) et Amadou Ndiaye (400 m haies), qui ne seront que l’ombre d’eux-mêmes.
Après un premier jet de 64 sec 83, la championne d’Afrique en titre, va échouer au deuxième essai avant de balancer l’engin à 60,91 mètres au troisième et dernier. Fin du match. Pas étonnant si on sait que la meilleure performance de Mme Sène est de 69,70 m ; alors que les minima sont désormais fixés à 71 m. Une barre qu’elle n’a jamais pu atteindre dans sa carrière.
Quid de Amadou Ndiaye ? Un tour et il a quitté les pistes. Une défaite que la nouvelle coqueluche de l’athlétisme peine à digérer. Le Sénégalais a terminé à la 33ème place sur 45 avec un chrono de 49,91 min.
BALLA DIEYE, LE COURAGE N’A PAS SUFFI
Balla Dièye s’est battu comme un «Lion». Mais la jeunesse a encore prévalu dans son combat à mort contre le Polonais Karol Robak (18 ans), qui a plié le match à trois tours seulement en inscrivant 8 points au premier, 7 au deuxième. Quant à Balla Dièye, il a eu un retard à l’allumage avec 2 points au premier, 7 au deuxième et 3 au 3ème tour.
Pis, le Sénégalais ne bénéficiera même pas d’un repêchage, puisque son vainqueur, Karol Robak, n’avait pas pu franchir le cap des quarts.
HORTANCE DIEDHIOU, UNE REBELLION EN PLEIN JO
Hortance Diédhiou n’a pas non plus existé. Pis, la triple championne d’Afrique de judo (33 ans) qui participait à ses quatrièmes Jeux olympiques d’affilées, a été éliminée dès les 16èmes de finale des moins de 53 kg par la Néerlandaise, Sanne Verhagen (23 ans), championne d’Europe par équipe en 2013 à Budapest en Hongrie et 3ème aux championnats du monde de 2014 à Chelyabinsk en Russie. Elle a été battue par un waza-ari-awasete-ippon. Face à cette extrême humiliation,Hortance Diédhiou décharge sa colère et fait feu de tout bois sur la gestion du sport sénégalais. Une «rébellion en plein JO» qui a indisposé les autorités étatiques et sportives. Accusée de «haute trahison», elle se fera «recadrée» avec des chiffres à l’appui. Selon les dirigeantes du département des Sports, du Cnoss et de l’instance fédérale, Hortance a reçu la coquette somme de 23 millions de FCfa rien qu’en septembre 2014 et décembre 2015. Mais, sa sortie avait fini de polluer l’atmosphère au niveau du 6ème étage du pavillon du Sénégal au village olympique.
LE CANOË ET L’ESCRIME RESTENT AFRICAINS
L’escrimeur sénégalais (épée individuelle) d’origine libanaise, Alexandre Bouzaïd (35 ans, 1,68 m pour 75 kg) a certes fini de vampiriser les médailles d’or en Afrique avec les sacres de 2010, 2011, 2015 et 2016 récemment à Alger, il doit tout de même redoubler d’efforts pour se frotter aux meilleurs dans le monde. A Rio, il a été freiné dès les 32èmes de finale par le Hongrois Gábor Boczkó (39 ans, 1,92 m pour 90 kg) sur un score de 15 à 9. Il n’en pouvait pas être autrement face au septuple champion d’Europe, une fois champion du monde, sans occulter sa médaille argent aux JO.
Quant au champion d’Afrique en titre au Kenya (1er au 6 novembre 2015 au Kenya), Jean Pierre Renan Bourhis, il a été sorti de sa série des éliminatoires du canoë en slalom monoplace en terminant à l’avant-dernière place. Le jeune athlète sénégalais met en cause son manque d’expérience et une erreur qui a lui a été fatale dans ses premiers jeux olympiques.
ABDOUL KHADRE MBAYE NIANE, ISABELLE SAMBOU ET ADAMA DIATTA, DES PETITES EMBELLIES DANS LA GRISAILLE
Abdoul Khadre Mbaye Niane, Isabelle Sambou et Adama Diatta sauvent la face. Au moins, ils ont été les seuls à avoir remporté une victoire dans ces Jeux Olympiques de Rio (5 au 21 août). Si même pour Niane, sa victoire en série est moins intéressante que celles d’Isabelle Sambou et d’Adama Diatta.Parce qu’au finish, il a été éliminé au temps.
Quant à la nonuple championne d’Afrique, elle s’est arrêtée en quarts de finale. Elle n’a d’ailleurs fait qu’une bouchée de la Vietnamienne Nguyen Thi Lua en 8ème de finale de la lutte libre de la catégorie de 53 kg, en remportant son face à face par 5 à 0. Mais son rêve sera brisé par la Japonaise Saori Yoshida finaliste malheureuse de l’épreuve.
Quant à Adama Diatta, on retiendra aussi son éclatante victoire devant le Mongol,Bekhbayar Erdenbat. Autant dire que seule la lutte a tenu son rang dans ses Olympiades.
TOKYO, C’EST MAINTENANT !
Exit Rio ! Tokyo commence maintenant. Dans quatre ans, en été 2020, plus de 200 nations du monde entier vont encore tenter des exploits. Le Sénégal ne peut plus se contenter de la fameuse phrase de Baron Pierre de Coubertin : «l’essentiel, c’est d’y participer». Notre pays court depuis 28 ans derrière la deuxième médaille olympique après celle d’argent d’El Hadji Amadou Dia à Seoul en 1988. C’est maintenant qu’il faut s’y mettre en mettant en place un groupe de performance sous la supervision du CNOSS. Sinon les mêmes causes vont reproduire les mêmes effets. C’est bien beau de mettre 800 millions F Cfa à la disposition de la délégation sénégalaise. Mais, nos autorités devraient plutôt comprendre que même si une médaille olympique ne s’achète pas, elle a un coût.