C’est un coup dur contre les militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (Ira). 13 d’entre eux ont été condamnés à des peines allant de 3 à 15 ans de prison ferme. Suffisant pour qu’Amnesty international qualifie cette «peine sévère d’une volonté de réduire au silence les défenseurs des droits humains».
«La peine sévère prononcée contre 13 militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (Ira) est une volonté de réduire au silence les défenseurs des droits humains.» C’est la lecture faite par Amnesty international de la décision rendue par la Cour pénale de Nouakchott. Les 13 militants de cette organisation ont été «déclarés coupables de rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et appartenance à une organisation non reconnue», tard dans la soirée du jeudi. Reconnus coupables de ces faits, ils ont été condamnés entre 3 et 15 ans de prison ferme. Dans le même document, Amnesty international rappelle que les militants de l’Ira ont été arrêtés entre le 30 juin et le 9 juillet «après une manifestation organisée par les habitants d’un bidonville de Nouakchott». Ces derniers «étaient menacés d’être expulsés car la ville se préparait à accueillir un sommet de la Ligue arabe». «Parmi ces 13 militants, aucun n’a organisé, ni participé à la manifestation», a-t-on informé. Réagissant à «cette sévère condamnation», le directeur du bureau régional d’Amnesty international pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre soutient que le seul crime de ces «défenseurs des droits humains est de lutter pacifiquement contre la pratique de l’esclavage en Mauritanie». Selon Alioune Tine, «cette condamnation envoie un message inquiétant, à savoir que le Gouvernement mauritanien ne fléchira pas dans la restriction des libertés d’expression et d’association, jusqu’à ce que la société civile réprimée soit réduite au silence». «Cette condamnation doit être annulée et les 13 militants anti-esclavagistes immédiatement remis en liberté sans condition», a-t-il plaidé. La condamnation de ces 13 militants a été prononcée malgré la lettre qu’ils avaient adressée au président de la Cour pénale. Dans cette correspondance, «ces prisonniers abolitionnistes» ont porté à la connaissance de la Cour «les multiples violences qui ont émaillé le déroulé de ce procès et ses conséquences». Dans ce document, ils avaient aussi expliqué les raisons à «l’origine du retrait du collectif d’avocats qui assurent leur défense». «C’est bien nous qui leur avons demandé de ne pas nous défendre si la loi n’était pas respectée. Or l’article 278 du code de procédures pénales a été clairement violé. Nous ne craignons absolument pas le visionnage de ce grossier montage mais tenons à ce que la loi, toute la loi et rien que la loi soit respectée», a-t-on expliqué. Ces 13 militants de l’Ira avaient aussi informé le président de la Cour pénale, «que tout autre avocat qui ne respecte pas leur volonté exprimée», c’est-à-dire le respect de la loi dans toute sa rigueur «se verrait retirer d’emblée leur confiance et ne pourrait donc les défendre». «Sachez aussi, Monsieur le Président, que nous n’avons plus confiance en cette cour qui a refusé de prendre en compte notre plainte pour les faits de torture dont nous fûmes victimes. Pourtant nous voyons en votre formation une chance qui nous était offerte pour que justice nous soit rendue», avaient-ils fait savoir. La messe était donc déjà dite.