24 heures après sa condamnation par la Cour suprême, Aïda parle. Avec ses avocats, elle a déclaré qu’elle n’a plus rien et que ses comptes sont bloqués depuis 2014. Face à la presse hier, la responsable libérale a demandé à être «rétablie dans (ses) droits», s’en remettant à Dieu.
«Je n’ai pas fait de sortie à travers la presse depuis que l’affaire a éclatée. Je suis là aujourd’hui pour m’adresser aux Sénégalais, leur faire part de l’injustice la plus inédite de l’histoire du Sénégal. Depuis 2013, on a bloqué tous mes comptes bancaires, je n’ai plus rien. Aucun Sénégalais n’a vécu ce que je vis en ce moment. Je ne peux même plus nourrir ma famille alors que j’ai travaillé pendant 30 ans pour pouvoir aider les pauvres et être autonome. C’est lors d’un retour de voyage en Suisse que la Division des investigations criminelles m’a convoquée et entendue. Ensuite le doyen des juges m’a inculpée et placée sous contrôle judiciaire. La chambre d’accusation a tranché en ma faveur car j’ai livré tout le matériel sans toucher mes fonds. Concernant les produits phytosanitaires, vous, les journalistes sachez que je n’ai pas été emprisonnée pour cela car la chambre d’accusation m’a donnée raison. Un matin, j’ai reçu la convocation de la gendarmerie. J’ai été arrêtée pour blanchiment d’argent alors que je n’ai jamais été ministre de la République. Je jure que je n’ai rien détourné. Mon plus grand poste est celui de sénatrice. Tout ceci n’est que de l’acharnement inqualifiable. On m’a traînée dans la boue, on a pris mes bijoux achetés en 1977. Je ne parle pas parce que je suis fauchée. La preuve, cela fait 3 ans déjà qu’on a bloqué mes comptes, n’empêche je vis. Je veux qu’on me rétablisse dans mes droits. De telles injustices peuvent embraser un pays. (…). Et je crois très sincèrement que Dieu, Le Meilleur des Juges, nous édifiera Inch Allah. Je suis du Parti démocratique sénégalais et pour rien au monde je ne le quitterai. Pour ceux qui pensent que je finance les activités du parti, ils se trompent lourdement, je n’ai pas ces moyens. Il faut que l’Etat sache raison garder, je suis une honnête citoyenne qui a travaillé toute sa vie, je veux qu’on me rétablisse dans mes droits.»
Stagiaire
Me Doudou Ndoye, avocat de Aïda Ndiongue
«La Cour suprême n’a pas le pouvoir de prononcer une peine ni l’aggraver»
Les avocats de Aïda Ndiongue, aux côtés de leur cliente hier, contestent la décision de la Cour suprême. Me Doudou Ndoye et Cie affirment que la haute juridiction «n’a pas le pouvoir de prononcer une peine, ni l’aggraver, encore moins confisquer les biens de quelqu’un». Par conséquent, soulignent-ils, «le droit n’a pas été dit», puisque l’article 31 du code pénal dispose que «tout homme marié ou ayant un enfant ne peut être dépouillé que de la moitié de ses biens». L’avocat lance un défi : «une guerre s’ouvre, ce n’est que le début, c’est un verdict contre le droit, c’est mon combat.» Si, pour l’heure la défense n’a pas clairement agité une éventuelle introduction d’un rabat d’arrêt, elle compte tout de même aller jusqu’au bout. «Nous connaissons le droit, il est vaste, nous allons exploiter les autres règles de droit et vous allez voir», a dit Me Ndoye. Il rappelle : «La plus haute juridiction du pays a débouté ma cliente, on lui reproche un marché de 5 milliards de produits phytosanitaires qu’elle a livrés sans recevoir son dû ainsi que 4 autres marchés. Le procureur de la République a bien joué son rôle car il est à la solde du ministre de la Justice, je l’ai été, je sais de quoi je parle. La Cour d’appel reproche à Aïda Ndiongue les démarches qui lui ont permis d’obtenir ces marchés. C’est le pire procès de l’histoire de l’humanité.»