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Dissidence d’Alioune Ndoaye de Taxawou Dakar: Le front de trop pour Khalifa Sall
Publié le jeudi 18 aout 2016  |  Enquête Plus
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© Primature par A. SECK
Le Premier ministre arbitre le différend entre la Ville de Dakar et le ministère du cadre de vie
Dakar, le 13 Février 2016 - Le Premier ministre a arbitré le différend qui opposaient la Ville de Dakar au ministère du cadre de vie et du renouveau urbain. C`était au cours d`une rencontre à la Primature. Photo: Khalifa Sall, maire de la Ville de Dakar




Passe l’opposition naturelle entre un pouvoir central 'apériste' et la ville de Dakar socialiste. Mais la dualité avec Tanor au sein du Parti socialiste, imaginée ou réelle, ajoutée à la nouvelle dissidence conduite par Alioune Ndoye, met le maire de Dakar dans une position politique de plus en plus inconfortable.

Seul contre tous ou tous contre lui ? Khalifa Sall n’est pas épargné dans sa quête du graal politique. Le maire socialiste de Dakar peut bien compter sur une dynamique du refus de la capitale de céder aux chants de sirène ‘apéristes’. Mais les fronts qui se multiplient çà et là risquent d’affaiblir une hégémonie politique dans la capitale que le secrétaire chargé de la vie politique socialiste avait acquise lors des élections locales de mars 2009 et consolidée cinq ans plus tard, en juin 2014. Le premier obstacle est cette guerre désormais ouverte avec le président Macky Sall et les hommes de son gouvernement. A cause d’une cape de présidentiable qu’on lui taille à tort ou à raison, le ‘’Khalife de Dakar’’ a déjà fait les frais d’ambitions qu’on lui prête mais qu’il n’a jamais ouvertement revendiquées.

Le retrait de la gestion des ordures à la Ville de Dakar par sa tutelle et concurrent direct Abdoulaye Diouf Sarr, le veto du ministère des Finances sur un emprunt obligataire de 20 milliards de F CFA, la gestion controversée de l’aménagement de la Place de l’Indépendance contre le ministère de l’Aménagement, les contrecoups de l’application de l’Acte III de la décentralisation...ont été autant d’obstacles qui ont réduit sa marge de manœuvre.

En dehors d’une confrontation sans cesse différée avec Ousmane Tanor Dieng, le nouvel écueil pour Khalifa Sall réside dans les divergences entre lui et le maire de la commune de Dakar-Plateau. La convergence politique sur les grands dossiers entre les deux édiles date de l’après déferlante Taxawu Dakar aux Locales de 2014 (16 communes de Dakar remportées sur 19). Depuis, Alioune Ndoye n’a pas manqué de prendre ouvertement le contre-pied de Khalifa Sall. Le point culminant de cette ‘‘mésentente’’ est, à n’en point douter, les affrontements qui ont eu lieu au siège du Parti socialiste à Colobane le 5 mars dernier. Rien de bien clair sur les motifs de ces attaques qui ont mis en danger le secrétaire général du Parti, OTD, mais des proches de son ‘‘successeur’’ politique, Khalifa Sall, sont interpellés pour l’enquête. Un mois et demi plus tôt, le maire du Plateau respectait sa décision de voter OUI, après avoir été un temps partisan du NON, lors du référendum du 20 mars 2016.

Alioune Ndoye expliquait s’être aligné derrière la décision du secrétaire Ousmane Tanor Dieng. Une première brèche dans Taxawu Dakar où, dans le sillage de Ndoye, 11 maires sur les 19 que comptait la coalition avaient décidé de respecter la consigne du parti, c'est-à-dire voter OUI. ‘‘ Je ne suis pas pro X ou pro Y. Je suis pro socialiste’’, lançait-il juste après la consultation populaire, lors d’un meeting de remerciement dans sa commune, en présence de deux pontes 'apéristes' : Marième Badiane et Abdoulaye Diouf Sarr.

‘’Deuxième coup de massue ‘’

La configuration actuelle pour désigner les membres du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) est comme un deuxième coup de massue à la coalition qui tient Dakar depuis 2009. Un remake des Locales où des frères socialistes tiennent les premiers rôles dans un duel fratricide. Alioune Ndoye mène la dissidence anti-And Taxawu Dakar après un désaccord avec Khalifa Sall sur les modalités de la coalition, malgré cinq réunions préalables. Une fronde qui en dit long sur la crise entre les deux responsables socialistes puisque le maire du Plateau opte pour la dénomination ‘‘Benno Bokk Yaakaar’’, pour une liste issue en grande majorité des flancs d’une coalition mise sur pied par Khalifa Sall. ‘‘Les dix maires ici présents ont décidé à travers leurs élus locaux d’envoyer une représentation de qualité au Hcct, en votant la liste BBY’’, déclarait Alioune Ndoye dimanche dernier après que la rupture fut consommée. Des maires qui sont à la tête de communes-clés de Dakar : Sicap Liberté, Fass Colobane, Gueule-Tapée, Biscuiterie, Cambérène, Yoff, Ngor, Gorée, Grand-Dakar et bien sûr Dakar-Plateau.

Khalifa Sall s’est-il vu trop beau ? A-t-il été victime ‘‘de sa suffisance et de son incohérence’’ comme l’a soutenu hier son adjoint au sein du Ps, Mamadou Wane ? Le vote des élus locaux le dira mais l’édile de Dakar tente tant bien que mal de maintenir le cap d’une coalition où il peut compter principalement sur le soutien indéfectible des maires de la Médina, Bamba Fall, et de Dalifort Idrissa Diallo, ainsi que l’appui sûr du maire de Mermoz-Sacré Cœur, Barthélémy Dias. Il est toutefois évident que pour trois places seulement à pourvoir dans le département de Dakar, 9 démissionnaires d’une coalition sur 19, dans un suffrage indirect, est bien une importante saignée qui risque de faire flancher la bonne santé électorale de Taxawu Dakar.
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