Chaque 8 mars, le Sénégal, à l'instar de la communauté internationale célèbre la journée mondiale de la femme. Souvent folklorique et très rythmée, elle noie les nombreuses difficultés qui continuent d'empêcher l'épanouissement et l'émancipation de la femme sénégalaise.
A l’image de nombreux pays, le Sénégal célèbre chaque 8 mars la journée mondiale dédiée à la femme. Une célébration qui de par son ampleur a fini de laisser des traces indélébiles dans les annales de la vie politique sénégalaise. Les ministres de la femme qui se sont succédé au 6 éme étage du Building administratif ont toutes ou presque privilégié le folklore au détriment du concret. Célébrer est certes bon, mais le chemin à parcourir pour un épanouissement de la femme, objet de leur nomination, est toujours long. En dehors du ministère qui lui est spécifiquement réservé, accéder à certains postes de décision des femmes relève de l’utopie.
Mis à part les deux femmes Premier ministre, (Mame Madior Boye et Aminata Touré), on peut relever que le Sénégal indépendant n'a jamais eu de femmes ministre des Finances, de l’Intérieur ou des Affaires Etrangères, pour ne citer que quelques postes prestigieux de la nomenclature gouvernementale. D’autre part, si la loi pour la parité impose un partage équitable des postes, celles qui sont retenues ne disposent pas souvent des compétences requises pour assumer l’objectif assigné. Et pourtant au moment des élections, elles sont les cibles privilégiées de politiciens qui se servent d’elles comme des objets corvéables à merci.
Et que dire du sort des femmes du monde rural ? Partagées entre corvées ménagères qui accablent souvent un quotidien difficile à cause de la pauvreté, elles sont confrontées à des difficultés énormes quand vient l’heure de la prise en charge sanitaire. La peur des ordonnances les amènent parfois à trainer une maladie qui finira pas leur ôter la vie. Sinon, elles sont emportées par la venue au monde d’un enfant. Au moment de l'accouchement, parents et amis sont souvent contraints d'embarquer la mère dans des moyens de locomotion de fortune, à la recherche de structures sanitaires distantes des fois de plusieurs kilomètres.
Parfois, victimes de viols, contraintes au mutisme, elles se laissent torturer par des blessures qui finissent par transformer leur existence en un véritable cauchemar. Un autre fait non moins important et qui poursuit ses effets ravageurs est la prévalence de maladies sexuellement transmissibles. Selon certaines études la prévalence du VIH est beaucoup plus élevée chez la femme. Les abus sexuels continuent d’être le lot quotidien de jeunes filles, de gamines qui n’ont pas la force de résister à la furie d’un bourreau beaucoup plus puissant. Il arrive aussi que des personnes mal intentionnées voudront également infliger à la jeune femme, diplôme à la main, fruit de plusieurs années de durs labeurs, un droit de cuissage, passage obligé pour décrocher l’emploi rêvé.
Pesanteurs sociales
Sur un autre registre, malgré les avancées des technologies de l’information et de la communication, la société sénégalaise reste toujours sous l'emprise de préjugés sociaux défavorables à la gent féminine. Dans les campagnes, nombreux sont les hommes qui ne se bousculeront pas à la porte d’une femme ayant perdu deux maris. La raison, elle est « Ay Gaaf » ou fatale à tout autre prétendant courageux osant défier les interdits des voisins et amis. D’autres raisons culturelles également voudront que la stérilité dans le couple soit due à une femme incapable de procréer et qui devient ainsi la risée de sa belle-famille.
La société traditionnelle également voudrait qu’au Sénégal à l’image de nombreux pays du continent, une vielle femme, souvent pauvre et seule, soit accusée de sorcellerie, responsable de tous les malheurs de ses voisins. Dans la liste des pesanteurs sociales, il faut également compter des actes comme l’excision, les mariages forcés et précoces.