En conférence de presse hier, le Procureur de Matam, Cheikh Diakhoumpa a révélé que le député Farba Ngom, convoqué dans le cadre de l’enquête sur les incidents survenus dimanche dernier dans la capitale du Fouta, n’a pas déferré à la convocation. Le parlementaire qui séjourne actuellement dans son village déclare sur les ondes d’une radio de la place n’avoir reçu de convocation.
Convoqué le Procureur de Matam, Cheikh Diakhoumpa, suite aux tirs de sommation lors des incidents de dimanche dernier, le député Farba Ngom n’a pas déferré, hier, à la convocation de l’autorité judiciaire. Le Procureur voulait par cette convocation voir plus clair dans l’incident survenu dimanche dernier à Matam pour ensuite situer les responsabilités. Il doit alors encore patienter.
On se rappelle que lors d’une rencontre d’information initiée par l’Alliance pour la République (Apr), des échauffourées avaient mis sur la sellette les tendances politiques de la localité. Le parlementaire, Farba Ngom pris en partie par des militants partisans du maire de la ville, a eu à faire usage de son arme à feu...De même que sa garde rapprochée. D’une ruelle à une autre, la ville de Matam s’était contenue dans une violence remarquable où durant plusieurs heures les militants de l’Apr, armés jusqu’aux dents se livreront à des batailles rangées avant de bruler des pneus, après avoir endommagé le centre culturel régional de Matam. Parmi les blessés, l’on dénombrera plusieurs innocents. En grande partie, des citoyens paisibles qui n’avaient rien à voir avec les luttes de positionnement des politiciens.
Le Procureur de la République, lors d’une conférence de presse tenue pour la circonstance affirme que « dimanche dernier de 10 heures à 12 heures nous avions l’impression que nous étions dans un western où il y avait des coups de feu un peu partout. Matam était assiégé, personne ne pouvait entrer et personne ne pouvait sortir, ce sont des choses extrêmement graves qui ont eu à troubler l’ordre public».
Et d’ajouter : «nous avons pu relever plusieurs cas d’infraction, notamment des cas de violence et voies de fait, des cas d’attroupements non autorisés, de réunion publique non autorisée, et de troubles à l’ordre public ; des cas d’infraction extrêmement graves».
Sur ce, le Procureur dit en son temps avoir donné des instructions à la police d’ouvrir une enquête. Mais depuis, note-t-il, les autorités concernées refusent de déférer à la convocation des forces de l’ordre. «Nous étions en matière de flagrance, même s’il s’agit d’un député, il devrait répondre à la convocation de la police, ne serait-ce que pour apporter la lumière sur de tels faits», fait remarquer le Procureur. Matam étant une ville extrêmement politique, l’autorité judiciaire entend ainsi anticiper sur d’éventuelles forfaitures liées au syndrome de la violence : «pour mémoire, lors de la dernière élection présidentielle, il y a eu mort d’homme et l’auteur du crime qui a été arrêté, était du camp du pouvoir. La justice a fait son travail ».
Face aux présents faits, le Procureur Cheikh Diakhoumpa note que dans un Etat de droit, il faudrait éviter qu’on ait une justice à deux vitesses. « De plus en plus, nous assistons à l’émiettement du pouvoir judiciaire dans la mesure où lorsqu’il y a des échauffourées où des infractions sont commises, nous avons parfois l’impression que ces personnes sont au-dessus de la loi. Cette montée de la violence est extrêmement grave, dans tous les pays où il y a embrasement, c’est suite à un laisser-aller et, une petite étincelle peut créer des incidents extrêmement graves, la raison pour laquelle, nous interpellons l’autorité en question, nous lui demandons d’aller répondre à la police et de livrer les noms des gardes du corps qui sont les auteurs de ces coups. Une enquête est ouverte et le commissariat de police de Matam attend ces personnes-là pour qu’elles puissent répondre. Nous avons des renseignements, et nous connaissons les auteurs de ces infractions et il faut que force reste à la loi», fulmine-t-il.
Et de préciser : « Nous avions eu un entretien téléphonique avec monsieur Farba Ngom qui s’abstient de répondre aux convocations et de livrer le nom des personnes qui ont tiré des coups de feu», fait remarquer le Procureur. Réagissant hier, sur les ondes d’une radio, le parlementaire qui séjourne toujours au Fouta dans son village natal à Agnam dit n’avoir jusque-là reçu aucune convocation. « Républicain et respectueux des lois et règlements de ce pays, je répondrais dès réception de ma convocation », affirme-t-il.
Soulignons qu’avant les incidents de dimanche dernier, il existait un arrêté préfectoral interdisant la tenue de réunion politique à Matam.