Dans l’exercice de leur mission, les magistrats ne céderont à aucune pression. Ils se battront aussi contre les détracteurs de leur profession. La mise en garde est du président de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums), Maguette Diop. Il a profité de l’assemblée générale ordinaire de l’Ums tenue, samedi 8 août, pour mettre en garde les détracteurs de leur corps.
«Nous ne céderons à aucune pression. Nous ne céderons à aucune injonction ni menace, nous resterons fidèles à notre serment». C’est en ces termes que le président de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) a mis en garde les détracteurs de leur profession. L’assemblée générale ordinaire de l’Ums tenue à Saly Portudal, samedi dernier 6 août, a été l’occasion pour Maguette Diop, le président de l’Ums, de remettre les pendules à l’heure. Les magistrats font l’objet d’attaques.
Et désormais, ils sont déterminés à faire face à tous leurs détracteurs surtout ceux qui versent dans le calomnie, prévient Maguette Diop. Les magistrats useront de tous les voies et moyens prévus par la loi pour défendre l’image de la justice, dit-il. Déterminés à prendre leur propre défense, ils s’érigeront en rempart contre tous ceux qui diront du mal de leur corps. Leur assemblée générale étant une occasion qui leurs est offerte pour décliner leurs doléances, les magistrats, avec à leur tête Maguette Diop, sont revenus sur la nécessité de retirer la justice de la tutelle de l’exécutif.
Les magistrats tiennent à leur indépendance. Et, Maguette Diop l’a réaffirmé. Mais, vu qu’actuellement le chef de l’Etat préside le Conseil supérieur de la magistrature, comme prévu par la Constitution, Maguette Diop a appelé ses collègues à exercer en toute indépendance. Et de préciser que l’indépendance, c’est: «un état d’esprit et un comportement de tous les jours vis-à-vis des pouvoirs publics et des tentations quelles qu’elles soient».
Plus de moyens, les magistrats en demandent. Pour le président de l’Ums, l’augmentation du budget des juridictions participe à l’indépendance de la justice. Les moyens de la justice, c’est aussi la construction d’édifices pour permettre aux magistrats de mieux faire leur travail, soutient le président de l’Ums.
LE MANQUE DE PERSONNEL, UNE PREOCCUPATION DE LA MAGISTRATURE
On aura pas une justice de qualité si les magistrats, plus nombreux que les greffiers, ne sont pas en nombre suffisant, a soutenu Maguette Diop. Le recrutement devient donc une nécessité car, nombreux sont les magistrats dont la retraite est prévue cette année. Face au Garde des Sceaux, ministre de la Justice, les magistrats ont aussi plaidé pour une bonne gestion de leurs carrières en tenant compte de l’intérim, de l’ancienneté et de la compétence. Aussi la qualité doit-elle être garantie dans la formation. Les doléances des magistrats ont aussi porté sur les conditions de vie de leurs collègues retraités.
PRISE EN CHARGE SANITAIRE : L’Etat garantit l’évacuation à l’étranger des magistrats
Désormais, tout magistrat malade et désireux de se soigner à l’étranger sera pris en charge par l’Etat. L’annonce est du ministre de la Justice Sidiki Kaba. Venu présider l’assemblée générale ordinaire de l’Ums, il a confirmé cette promesse faite aux magistrats, en marge d’une réception de l’Ums au palais de la République, vendredi 5 août. Mieux, dit le Garde des Sceaux, le président Macky Sall a décaissé 20 millions de F Cfa pour soutenir le mutuel de santé des magistrats.
Par ailleurs, répondant aux doléances des magistrats, le garde des sceaux a dévoilé plusieurs projets de construction et de réception de palais de justice. 60 magistrats quitteront les salles d’audience cette année et pour combler le gap, l’Etat va lancer un programme de recrutement annuel de 35 auditeurs de justice, 45 greffiers et 40 éducateurs spéciaux. Le statut des magistrats sera sur la table des députés dés l’ouverture de la session parlementaire prévue en octobre prochain, a aussi dit le Garde des Sceaux.
DECLARATION DE PATRIMOINE ET RECOURS A LA COUR SUPREME : Nafi Ngom Keïta hante la justice
La justice ne décolère pas contre la sortie de l’ancienne présidente de l’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac), Nafi Ngom Keïta, qui avait exigé la déclaration de patrimoine du Premier président de la Cour suprême, Mamadou Badio Camara. Face aux magistrats, samedi 6 août, le Garde des Sceaux a réaffirmé sa mise au point envoyée à la presse, jeudi 4 août. Pour Sidiki Kaba, Mamadou Badio Camara n’est point concerné par la déclaration de patrimoine. «Je n’alimente pas une polémique, je voudrais simplement dire ce qui existe», dit-il. Il réitère son éclairage selon lequel la somme gérée par le Premier président de la Cour suprême n’atteint pas 1 milliard. Donc, il ne peut point être assujetti à la déclaration de patrimoine, ajoute-t-il.
A la suite du ministre de la Justice, c’est le président de l’Union des magistrats du Sénégal, Maguette Diop, qui est monté au créneau pour s’attaquer à Nafi Ngom Keita. «C’est la loi qui en dispose ainsi. Le juge est chargé d’interpréter la loi. Il appartient à ceux qui sont investis du pouvoir d’interpréter la loi de dire ce qu’il en est exactement. Mais, on ne peut pas comprendre qu’une personne se lève un bon jour et s’adresse au président de la République, à l’institution suprême, d’une manière très discourtoise. Il faut qu’on revienne à la raison et s’avoir raison garder».
Par ailleurs, Maguette Diop a aussi dit que les magistrats sont déterminés à s’ériger en bouclier du Premier président de la Cour suprême et le président du Conseil constitutionnel. Pour rappel, Nafi Ngom Keïta, se disant victime d’un abus de pouvoir, a décidé de déposé un recours à la Cour suprême. Aussi, l’ancienne présidente de l’Ofnac avait fait état de son scepticisme quant à l’issue qui sera réservée à son recours devant la Cour suprême à cause de son opposition avec le Premier président de cette juridiction suprême.
SIDIKI KABA SUR L’AFFAIRE MBAYANG DIOP : «Tout ce qui peut être fait le sera»
Le Sénégal a une vaste coopération avec le Royaume d’Arabie Saoudite. Et, dans ce cadre, tout ce qui peut être fait pour sauver Mbayang Diop de la décapitation sera entrepris. «Tout ce qui peut-être fait, le sera. Nous avons signé beaucoup d’accords avec beaucoup de pays. Et, dans le cadre de la coopération vaste avec ce pays, nous avons des éléments sur lesquels nous nous fondons pour trouver des solutions lorsque que des Sénégalais y ont dans problèmes».
Interrogé sur la grève du Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust), le Garde des Sceaux dit avoir prôné le dialogue. Et, les deux parties vont se retrouver dans les prochains jours. «On compte mettre à table l’ensemble des questions pour trouver les meilleures solutions», dit Sidiki Kaba.