Tout en demandant à l’Etat du Sénégal de renoncer à la procédure contre Ousmane Sonko, le Forum civil l’invite également à réajuster sa politique de gouvernance publique sur un paradigme absolu d’intégrité.
Le Forum civil demande à l’Etat de renoncer à la procédure contre l’inspecteur principal des Impôts et Domaines, Ousmane Sonko. Dans une déclaration parvenue hier à EnQuête, la Section sénégalaise de Transparency international constate que pour le moment, ‘’l’Etat a choisi une démarche prudente en privilégiant une mesure conservatoire de suspension qui ne peut être que provisoire et ne peut dépasser 4 mois au regard de l’article 52 de la loi n°61-33 du 15 juin 1961, relative au statut général des fonctionnaires’’. Néanmoins, le coordonnateur dudit organisme, Mouhamadou Mbodj et ses camarades, invitent l’Etat à plus de sérénité et d’ouverture vis-à-vis des citoyens et à faire preuve de pédagogie pour encourager les citoyens à assumer leurs nouveaux rôles de vigie de l’intégrité dans la gouvernance des affaires publiques.
Conformément au Code de transparence, le Forum civil exige de l’autorité étatique de rendre publics, dans les meilleurs délais, tous les contrats qu’il a passés avec les compagnies intervenant dans l’exploitation des ressources minérales. Dans la même veine, il demande au régime de lancer le débat national sur la politique gouvernementale qui encadre l’exploitation et la valorisation des ressources minérales au Sénégal. Aussi, il demande qu’un inventaire exhaustif et facilement traçable soit dressé de toutes les ressources financières tirées de ces transactions, des taxes fiscales induites et l’identité des personnes mandatées par l’Etat du Sénégal, étant intervenues dans ces processus de négociation. Pour ce faire, Mouhamadou Mbodj et ses camarades pensent que ‘’l’Etat doit mettre en place un groupe de travail regroupant les représentants du parlement, de l’administration, du secteur privé et de la société civile’’. La mission de ce groupe de travail, sera, selon eux, ‘’d’élaborer des projets de lois relatives à l’accès à l’information et à la protection des lanceurs d’alertes en lieu et place d’une approche de confrontation’’.
‘’Dissonance profonde entre la société et l’Etat’’
Mouhamadou Mbodj et les membres du Forum civil constatent pour le regretter une évolution de plus en plus conflictuelle des rapports entre l’Etat, les parties politiques et les citoyens, sur des questions essentielles liées aux règles qui gouvernent le vivre ensemble au Sénégal. Cette dynamique assez heurtée entre les acteurs de la gouvernance publique révèle, selon eux, une dissonance profonde entre la société et l’Etat, qui est censé représenté cette dernière. C’est pourquoi ils pensent que ‘’l’Etat devrait évoluer en harmonie avec les normes édictées aux niveaux communautaire et international, pour répondre aux attentes fortement exprimées des populations’’.
Car, disent-ils, ‘’les attitudes et démarches de l’inspecteur des Impôts Ousmane Sonko comme celles d’agents publics qui l’ont précédé avec les affaires à l’époque soulevées par le Commissaire Keïta et le Colonel Abdou Aziz Ndao, semblent relever d’une même logique citoyenne de dénonciation et de demande de réajustement de la politique de gouvernance publique sur un paradigme absolu d’intégrité’’. ‘’En agissant de la sorte, ces concitoyens ont épousé une posture de lanceur d’alerte pour défendre l’intérêt général et le bien public dans la conduite des affaires du pays. Pour les sanctionner, on a eu recours à des considérations juridiques devenues totalement obsolètes au regard de l’article 8 de la constitution actuelle qui dispose que les citoyens ont droit à un libre accès à une information plurielle’’, déclarent les membres du Forum civil.