Rouen, 5 août 2016 (AFP) - Un homme qui avait agressé un septuagénaire musulman en menaçant de l'égorger, au lendemain de l'attentat jihadiste dans une église de Saint-Etienne du Rouvray (Seine-Maritime), a été présenté vendredi en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Rouen et le procès a été reporté au 4 octobre.
Lors de cette première audience, se tournant vers la famille de la victime, l'agresseur, qui devait être remis en liberté sous contrôle judiciaire, a présenté lui-même ses excuses. "Je regrette les souffrances que vous avez vécues", a-t-il dit.
Selon l'avocat du prévenu, Me Jean-Marc Virelisier, qui a demandé pour son client le report de l'audience pour préparer sa défense, ce dernier était sous l'emprise de l'alcool après une soirée très arrosée au moment des faits. "Il n'est pas raciste et a des regrets sincères par rapport à ce qui s'est passé, étant même amnésique sur certains faits", a-t-il dit, précisant que cet ancien engagé pendant cinq ans dans l'armée, grand et robuste, avait une vie personnelle très instable.
"Sans le contexte de l'attentat, cette affaire serait passée inaperçue", a déclaré l'avocat à l'AFP.
Mais pour le septuagénaire, encore sous le choc et absent à l'audience, ce procès "doit être exemplaire" et avoir "une vertu pédagogique", a-t-il fait savoir par l'intermédiaire de son avocat, Me Ouadie Elhamamouchi, du barreau de Bobigny.
"Il est encore trop tôt pour accepter les excuses. Ce procès doit être celui de la bêtise humaine, de l'intolérance, du racisme et de l'islamophobie", a-t-il réagi, toujours selon son avocat.
Les faits se sont produits le 27 juillet à Barentin (15 km au nord de Rouen), au lendemain du drame au cours duquel le père Jacques Hamel avait été égorgé en pleine messe par deux jeunes jihadistes à Saint-Etienne-du-Rouvray.
"Sale Noir, si je descends d'ici, c'est pour te taper. Je vais t'égorger pour vous faire comme vous nous faites à nous, c'est pas parce que t'es en robe et avec un chapeau que tu vas faire la loi ici", avait crié le prévenu sur un parking, au volant d'une voiture, à l'adresse d'un septuagénaire
d'origine sénégalaise, qui raccompagnait ses filles à leur véhicule vers 05H00
du matin.
Le vieil homme, portant djellaba et chéchia, avait essayé de rentrer dans son appartement mais l'automobiliste avait fait marche arrière et tenté sans succès de le renverser. Il l'avait poursuivi dans l'immeuble et, dans l'ascenseur, l'avait frappé à la tête et tenté de l'étrangler.
Transporté au CHU de Rouen, le septuagénaire, victime d'un traumatisme crânien, a été placé en observation.
Outre ses cinq enfants, trois associations se sont portées partie civiles: la Licra, SOS Racisme et le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF).
La présidente du tribunal Mariette Vinas a appelé au calme, étant donné la colère suscitée par cette affaire dans la communauté sénégalaise.
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