A la Médina samedi, des centaines de militants socialistes ont réclamé un ticket Khalifa Sall-Aïssata Tall Sall pour la reconquête du pouvoir par le Ps. Bamba Fall qui agite cette éventualité envoie le maire de Dakar au Palais et l’édile de Podor au perchoir de l’Assemblée nationale. Si la députée ne semble pas contre, le maire de Dakar, lui, continue de faire dans le clair-obscur.
Ce meeting de l’Union départementale du Parti socialiste de Dakar aura confirmé le grand fossé qui sépare Ousmane Tanor Dieng de Khalifa Ababacar Sall. La grande photo portant l’effigie du secrétaire général du Ps, dressée souvent en haut de la tribune officielle, disparaissait pour céder la place à celle de Léopold Sédar Senghor. «Vive le Parti socialiste des valeurs, merci Senghor», pouvait-on lire en haut du présidium coloré en vert et rouge. A la Place Vieux Sing Faye, le ciel menaçant n’a pas altéré la détermination des centaines de militants majoritairement habillés en vert. Les notes de vuvuzela dominent l’ambiance. Comme pour introduire la candidature de Khalifa Sall à l’élection présidentielle de 2019, le président de la République est voué aux gémonies.
Barthélemy Dias : «Benno deena, soul nagn ko»
Leader des Jeunesses pour la démocratie et le socialisme (Jds), Babacar Diop s’en donne à cœur joie : «Macky Sall a perdu le pouvoir. Il a trahi le Peuple sénégalais et celui des Assises nationales. Il n’a pas respecté sa promesse de garantir la transparence. Le limogeage de Mme Nafi Ngom Keïta et la suspension de Ousmane Sonko sont des cas patents.» Le décor est planté, sous le regard du Pr Malick Ndiaye, de Soham Wardini de l’Afp, de Malick Noël Seck dont le retour au sein du Ps a été réclamé par les militants socialistes. «Gnibissil, Gnibissil», scande-t-on. Il est accompagné de Barthélemy Dias qui assure le show en se transformant en chanteur pour prononcer l’oraison funèbre de la coalition au pouvoir. «Benno deena, soul nagn ko (Benno est mort, on l’a enterrée, en wolof) !», lance en chœur la foule en transe.
Bamba Fall : «Khalifa Président, Aïssata présidente de l’Assemblée nationale»
Le maire de Mermoz-Sacré Cœur de poursuivre en se payant Ousmane Tanor Dieng et ses ouailles : «Ils ont organisé un Bureau politique aujourd’hui (samedi) pour ne rien dire. Ce qu’ils doivent nous dire par contre, c’est que lorsque nous irons aux Législatives de 2017 dans le cadre de Benno bokk yaakaar, quelle posture le Ps va adopter lors de la Présidentielle de 2019. Ils n’ont pas de réponses à ces questions.» Il ajoute : «Khalifa Sall, c’est un patrimoine aujourd’hui. Qu’il le veuille ou pas, il ira aux élections.» Barth’ passe ensuite le relai à Bamba Fall. «Les choses sont claires : Khalifa ira aux élections. Khalifa-Aïssata est un couple présidentiel. Khalifa sera le président de la République et Aïssata Tall Sall, présidente de l’Assemblée nationale», soutient le maire de la Médina sous les acclamations des «Karimsites » du mouvement Médina ak Karim.
Aïssata Tall Sall à Khalifa : «Dakar vous a interpellé, il vous appartient de répondre»
Bien engoncée dans un voile tout rouge, Me Aïssata Tall Sall, marraine du meeting, a affiché tout son plaisir et semble s’être «réconciliée» avec Khalifa Sall après les péripéties du congrès de juin 2014. «Je suis fière d’être l’amie et la sœur de Khalifa Ababacar Sall. Je suis fière d’être à ses côtés pour aller à l’assaut du pouvoir et de le reconquérir», a assuré le maire de Podor, qui ajoute cependant à l’endroit de Khalifa Sall : «Dakar vous a interpellé, Dakar vous a sondé, Dakar vous a secoué. Il vous appartient de répondre à Dakar.» En lieu et place d’une officialisation de sa candidature présidentielle, le maire de Dakar livre un discours de campagne. «Nous voulons un Sénégal des valeurs dans lequel l’être humain sera placé au centre de tout comme l’avait fait Senghor. Le tout se fera dans une Nation réconciliée avec une gouvernance apaisée», dit-il. Et il se veut plus ou moins clair : «Demain, il fera jour et personne ne pourra nous arrêter.»