Une foule composée surtout de lycéens, de collégiens et de conducteurs de mototaxis, en plus d'autres citoyens, a assiégé ce jeudi le rond-point du commissariat de police de Tambacounda, pour réclamer plus de sécurité dans la ville de Tambacounda, au lendemain du meurtre d'un individu non encore identifié.
Les manifestants, après avoir bloqué cette voie névralgique de la ville, point de passage des gros porteurs maliens et d'une bonne partie des véhicules en circulation, ont dit avoir été tour à tour reçus par le commissaire Bassamba Camara, chef du service régional de la sécurité publique, et le préfet du département, Amadou Bamba Koné.
En présence d'éléments du GMI déployés pour la circonstance, le chef de la police a reçu les mandataires des protestataires pour des pourparlers dans son bureau, après avoir essayé en vain de convaincre les jeunes, apparemment très agités, à se disperser. Interpellé à sa sortie, le commissaire n'a pas souhaité faire de déclaration.
La situation sécuritaire s'est "gâtée" à Tambacounda, rumine un élève, là où un autre indique que "personne n'ose plus aller réviser au lycée".
De la police, les protestataires en colère, ont rappliqué devant le portail de la gouvernance, pour disent-ils rencontrer le gouverneur, mais en vain. Quelques bonnes volontés comme le conseiller municipal Moustapha Noba étaient là pour les calmer.
Relevant qu'un homme a été tué dans la nuit de mercredi à jeudi, un des protestataires, Pape Sané, a martelé : "Il faut que ça cesse". Il a indiqué que lui et ses camarades ont rencontré le préfet et le commissaire qui les ont tous rassurés sur le fait qu'une solution sera trouvée et la sécurité sera renforcée.
Se félicitant de la maîtrise avec laquelle la marche s'est organisée, puisqu'elle "pouvait déborder", M. Sané, par ailleurs agent de la Lonase, a toutefois fait part de son inquiétude. "Mes enfants, je suis obligé de les amener à l'école et d'aller les chercher à la sortie", a-t-il dit, faisant ainsi écho à une psychose qui a fini de gagner la commune toute entière.
Il a fustigé le fait que la police se limite à arrêter chaque jour "des conducteurs de Jakarta, des innocents", en lieu et place de "ces criminels" qui continuent à tuer.
"Nous lançons un appel au président de la République pour qu'il y ait de la sécurité à Tamba", a pour sa part indiqué Ousmane Sadio Diallo, relevant qu'à Afia, dans la périphérie est où il habite, il n'ose plus sortir à partir de 22 heures.
Soulignant la gravité de la situation, le jeune homme a relevé que cette fois-ci, "celui qui a été tué n'est pas fou". Au moins six déficients mentaux ont été tués en quelques mois dans la commune, un autre a échappé récemment à ses bourreaux.
Diallo qui dit s'être mobilisé en tant que citoyen, déplore le manque d'éclairage public dans la commune de Tambacounda, ce qui constitue selon lui un facteur favorisant cette criminalité. Dimanche dernier, une marche a été organisée pour la même cause.
Dans la matinée, des individus rassemblés sur les lieux du crime à Mbar Gounass, dans le quartier Camp Navétane, affichaient leur désarroi face à ces tueries.
Une rencontre est convoquée cet après-midi à la mairie pour examiner la situation, a appris l'APS, alors que les enquêteurs ne font pour l'instant état d'aucun indice pouvant laisser penser à une arrestation éventuelle.