Lu ShayeLu Shaye, directeur général du Département Afrique au ministère des Affaires étrangères nous a confié sa satisfaction après la visite du président Macky Sall en Chine. Nous l’avons rencontré il y a quelques jours à Beijing, au siège du Centre de presse international.
L’ancien ambassadeur de la République populaire de Chine à Dakar, Lu Shaye, connaît bien le Sénégal pour y avoir servi de 2005 à 2009. Il avait eu l’occasion de rencontrer Macky Sall à plusieurs reprises, lorsque ce dernier était Premier ministre du président Abdoulaye Wade. Actuellement, M. Shaye occupe le poste stratégique de directeur général du Département des affaires africaines au ministère chinois des Affaires étrangères. Dans le milieu diplomatique, on l’appelle « Monsieur Afrique » de la Chine car son nom est, depuis quelques années, lié à tout ce qui touche à la coopération sino-africaine. Cet ancien conseiller à l’ambassade de Chine à Paris manie avec aisance le français. Il est âgé de 50 ans dont près de la moitié passée dans la diplomatie. Nous avons rencontré Lu Shaye quelques jours après la visite d’Etat que Macky Sall a effectuée en Chine du 19 au 22 février derniers. « Cette visite a été un grand succès. Elle a permis aux deux pays de signer un certain nombre d’accords qui, à coup sûr, vont contribuer à renforcer la coopération entre la Chine et le Sénégal », nous a-t-il confié.
Il estime que les autorités chinoises accordent une grande importance au Sénégal car Macky Sall a été le premier chef d’Etat africain à être reçu en Chine durant cette année 2014. « Nous voulons faire de notre coopération avec le Sénégal un exemple pour les autres pays africains, comme l’ont d’ailleurs souligné les autorités chinoises. Les présidents Xi Jinping et Macky Sall ont promis d’élever cette coopération à un niveau stratégique », déclare le directeur général du Département Afrique au ministère chinois des Affaires étrangères. « Les accords de coopération signés nous permettront sans doute de travailler ensemble pour mieux développer notre coopération et réaliser tous ces projets qui sont mutuellement bénéfiques pour les deux pays », affirme-t-il.
Globalement, la Chine mène une coopération multiforme avec la plupart des pays africains, rappelle le diplomate. Le secteur des infrastructures est le plus souvent cité avec la construction d’hôpitaux, de centres de conférences, de théâtres, de stades, de routes, de ponts, etc. « Nous insistons beaucoup sur la formation du personnel local et le transfert des compétences car après la construction de ces infrastructures, nous voulons laisser sur place des gens capables d’assurer la maintenance des ouvrages », explique Lu Shaye. Dans les pays africains où intervient la Chine, certains observateurs lui reprochent d’utiliser en masse des travailleurs chinois au niveau des chantiers, au détriment de la main d’œuvre locale. Le diplomate balaie ces critiques d’un revers de main et rétorque que de pareilles informations sont très souvent véhiculées par les médias occidentaux qui essaient de ternir la coopération sino-africaine. « Au Sénégal par exemple, lors de la construction du Grand Théâtre de Dakar, il y avait un ouvrier chinois pour huit ouvriers sénégalais. Actuellement, il y a près de 21.000 projets chinois en Afrique et des milliers d’Africains travaillent dans les chantiers d’infrastructures », rappelle-t-il.
Selon Yu Shaye, aussi bien la Chine que les pays africains tirent profit de cette coopération gagnant-gagnant et les échanges commerciaux entre les deux zones s’accroissent d’année en année. « La coopération chinoise contribue à plus de 20% à la croissance économique en Afrique », révèle-t-il. Le continent africain est pourvoyeuse de ressources naturelles et constitue en même temps un grand marché pour l’économie chinoise, reconnaît le diplomate. Et selon lui, la présence chinoise dans le continent stimule et accroît l’intérêt des autres régions du monde envers l’Afrique qui est considérée comme une « terre promise », un véritable pôle en pleine expansion sur lequel il faut désormais compter.