C’est dans une salle archipleine et très ambiancée de l’hôtel King Fahd Palace que s’est ouverte hier, la Conférence internationale de préfiguration du musée des civilisations noires. Ce fut en présence du ministre de la Culture, Mbagnick Ndiaye, et sous la présidence du Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne avec la participation d’une dizaine de pays et d’anciens ministres de la Culture du Sénégal.
A l’hôtel King Fadh Palace hier, les réflexions sont lancées pour dessiner ce que sera le musée des civilisations noires. Le Professeur Iba Der Thiam, président du projet de la réécriture de l’histoire du Sénégal, a affirmé que le musée des civilisations noires ne sera pas un musée ethnographe mais un musée qui reconstruit l’homme noir et met en exergue le patrimoine matériel et immatériel de l’Afrique à travers le monde. Rappelant que Lamine Senghor l’avait voulu en 1927, que Léopold Sedar Senghor l’a prôné lors du Festival mondial des arts nègres de 1966, et que Abdoulaye Wade y a joué un rôle déterminant, il mentionne que le Président «Macky Sall vient de réaliser le rêve de tous les noirs». «On ne peut aimer que ce qu’on connaît. Les peuples noirs doivent reconstituer leur histoire. Elle est la sève nourricière dans la laquelle on doit s’abreuver», a expliqué le Pr Iba Der Thiam. Pour le président du projet de réécriture de l’histoire du Sénégal, l’Afrique a joué un rôle primordial dans l’avancement du monde grâce à sa culture et ses patrimoines qui sont aujourd’hui menacés. L’historien invite alors les Africains à s’intéresser et à préserver davantage cette culture si chère car, dit-il, «une personne qui perd sa mémoire perd une partie de son moi et de son être».
«Le panafricanisme voulu par l’Unité africaine doit passer par la reconnaissance et le rétablissement de la vérité», a relevé dans sa conférence inaugurale le Pr Thiam. Il ajoute également que «la civilisation noire existe dans toutes les parties du monde puisque l’Afrique est le berceau de l’humanité, et que les premiers bijoux et colliers ont été conçus en terre africaine .Tout comme l’astronomie, la physique et la géométrie». Prenant la parole à son tour, le président du comité scientifique, Ibrahima Thioub, mentionne lui aussi, que l’Afrique fut un espace d’inventions et de créations pour l’homme et que les Africains ont toujours contribué à la marche du monde par leur culture et leurs civilisations. «L’humanité tout entière doit une dette incommensurable à l’Afrique», a estimé le recteur de l’université Cheikh Anta Diop. Il est également d’avis que «ce musée peut être un pan important pour le développement du secteur touristique». D’ailleurs, il conçoit ce joyau construit en 28 mois avec l’aide de la Chine comme une continuité des projets du Pse.
Venu présider l’ouverture des travaux de ces rencontres qui se poursuivent aujourd’hui au King Fadh Palace, le Premier ministre Mahammad Dionne a invité les jeunes à s’approprier ce musée. Il les a surtout exhortés à s’intéresser davantage à ce temple culturel de l’Afrique pour que la fierté et l’estime de la race noire soient retrouvées. «En réalisant ce musée, le Président Macky Sall inscrit notre pays dans le concert des grandes civilisations», a déclaré M. Dionne pour qui, le Festival mondiale des arts nègres de 1966 est une continuité de la lutte pour la reconnaissance enclenchée par les penseurs tels que Léopold Sédar Senghor, Cheikh Anta Diop, Aimé Césaire, Wole Soyinka.