La Ligue sénégalaise contre le Tabac (Listab) mène une sensibilisation sur les dispositions de la loi antitabac pour permettre à la population de s’approprier l’implémentation de son décret d’application qui tarde à être signé par l’Etat, depuis son adoption le 6 avril dernier. La Listab dénonce le silence coupable des autorités.
La loi antitabac a été votée le 14 mars 2014 et promulguée le 28 avril de la même année. Depuis lors, elle n’est pas appliquée, à cause d’un retard de signature du décret d’application. Et pourtant, ce décret a été adopté le 6 avril dernier lors du Conseil des ministres. Cela fait maintenant trois mois et rien n’a bougé. A cause de ce retard, la Ligue sénégalaise contre le tabac (Listab) a mis en place un projet de vulgarisation et d’application de la loi antitabac. Son objectif est de permettre à la population de comprendre les dispositions de la loi et de s’approprier l’implémentation de son décret d’application.
Ce projet a démarré depuis janvier 2016 et va durer deux ans. Ce, pour amener le gouvernement à signer les décrets d’application. ‘’Cela fait trois mois que les décrets d’application ont été adoptés en conseil des ministres. Le texte n’est pas encore signé, c’est une inquiétude de la Listab et de ses partenaires. La question c’est : pourquoi le texte qui est toujours sur la table du chef de l’Etat tarde à être signé ? Dans la loi, il y a plusieurs dispositions qui ne sauraient être appliquées sans décret. Il s’agit de l’interdiction de fumer dans les rues. Il faut que les conditions soient fixées. Ça bloque et il faut que les choses bougent’’, déclare Djibril Wellé de la Listab. Il se prononçait hier au cours d’une conférence de presse.
Selon lui, avant le vote de la loi, il y avait une volonté politique manifeste, mais aujourd’hui, on assiste à des lenteurs qui sont difficilement compréhensibles. C’est pourquoi il se demande de quoi a peur le gouvernement et ce qui bloque cette volonté tant admirée au Sénégal. ‘’Nous sommes une société civile et nous pensons que l’Etat aujourd’hui est en train de reculer face à l’industrie du tabac. Personne ne se prononce du côté du ministère de la Santé encore moins du gouvernement. Le Parlement, à travers le Docteur Mbayang Dione, a saisi le ministre de la Santé. Elle n’a pas eu de réponse’’, dénonce-t-il. La Listab n’exclut pas de sortir dans la rue pour manifester son désarroi.
Par ailleurs, le vice-président de la Listab, Amadou Gaye, souligne d’ailleurs que le système de suivi et de traçabilité des produits du tabac constitue un réel problème aujourd’hui. Donc, il est impératif que les autorités contrôlent ce système, car le commerce illicite est une menace pour la santé, mais aussi occasionne des pertes fiscales dans les pays. ‘’Nous n’acceptons pas que le gouvernement tombe dans le piège des industries du tabac. Nous n’allons jamais accepter qu’on associe l’industrie dans le système de contrôle de traçabilité’’, peste M. Gaye.