Condamné le 26 mars 2014 par la Cour d’assises de Dakar à 20 ans de travaux forcés pour meurtre, Sounkarou Ndior avait fait appel dans l’espoir d’être blanchi. Il n’a pas obtenu gain de cause, car la Cour d’appel a confirmé la sanction qui lui a été infligée en première instance.
‘’Je ne suis pas d’accord avec le premier jugement. C’est pourquoi j’ai interjeté appel’’. C’est sur un ton plein d’espoir que Sounkarou Ndior a lâché hier ces mots, lorsque le président Mamady Diané lui a demandé pourquoi il avait interjeté appel. A la fin de l’audience, cette confiance s’est transformée en déception. La Cour d’appel de Dakar a confirmé le jugement de première instance. A savoir 20 ans de travaux forcés et une amende de 10 millions. Ainsi, Sounkarou Ndior, père de 15 enfants, va devoir purger cette peine pour le meurtre de son rival Abdourahmane Camara. Le policier à la retraire et père de neuf enfants a été tué, dans la nuit du 3 au 4 novembre 2008. La victime avait été retrouvée le crâne défoncé, le visage sérieusement endommagé. Du sang coulait de son aisselle gauche.
Il ressort des éléments de l’enquête que la dame Sokhna Camara est à l’origine de ce drame. Au moment des faits, la veuve et mère de 8 enfants était courtisée par l’accusé et la victime. Comme deux gamins, les deux rivaux se sont, à plusieurs reprises, bagarrés pour les beaux yeux de Sokhna Camara. La dernière bagarre est survenue 15 jours avant le meurtre. Sounkarou Ndior a déclaré que le défunt policier s’en était pris à lui, car il ne supportait pas de le voir avec la dame qui était sa concubine. Ce jour-là, Abdourahmane Camara s’est mis dans une colère noire, lorsqu’il l’a trouvé chez la dame en train de regarder la télévision. ‘’Il m’avait interdit de regarder des émissions, parce qu’il avait acheté le poste téléviseur. J’étais en train de regarder le film « 24 heures Chrono ». Il m’a asséné des coups de bâton à la tête et au cou’’, avait déclaré l’accusé aux gendarmes.
Devant les pandores, il avait aussi confié qu’un autre jour, la victime l’avait attaqué avec un lance-pierres. Qu’une autre bagarre avait eu lieu à la mosquée. Ce qui fait qu’il était très remonté contre la victime, mais il n’a ni menacé ni tué son rival. ‘’Je ne pouvais pas le tuer, parce que j’avais un bras cassé. Même le Commandant de la brigade m’avait demandé de dénoncer le tueur, parce qu’avec mon bras cassé, je ne pouvais pas être l’auteur du crime’’, s’est défendu hier Sounkarou. Comme à l’enquête, il a laissé entendre que le meurtrier est un certain Ngagne Kâ, également un sérieux prétendant de la dame Sokhna Camara. Il a aussi souligné le fait que ‘’son suspect’’ ait disparu aussitôt après le crime.
Le principal témoin Ousmane Diallo a laissé entendre que Ngagne avait disparu à cause d’un litige foncier. Revenant sur les faits, le témoin a confié que 30 minutes avant la découverte du cadavre de Camara, il avait dépassé Sounkarou Ndior en train de se disputer avec un homme à propos d’une femme. Il a ajouté que tous les deux étaient ivres. Sounkarou portait un caftan et la victime une “Jacket”. ‘’Je ne sais pas si c’est lui qui a tué, mais je l’ai reconnu, car quelques minutes auparavant, il m’avait trouvé à la boutique pour acheter de la cigarette’’, a indiqué le témoin. Entendue également, la veuve de Camara a déclaré qu’elle savait que son défunt mari entretenait une relation amoureuse avec la dame Sokhna Camara.
Cette dernière l’a contesté, en soutenant que ni l’accusé ni la victime n’était son prétendant. Puis, elle s’est mise à dénigrer Soukarou en le traitant d’ivrogne. La réplique de Sounkarou ne s’est pas fait attendre. ‘’J’en ai assez qu’on raconte des choses inexactes sur moi. Je buvais, mais je n’étais pas le seul car elle aussi buvait comme moi’’, a-t-il asséné. Ce qui fait que dans sa plaidoirie, Me Ousseynou Gaye a taxé la dame de tous les noms d’oiseaux en la qualifiant de ‘’femme fatale’’. Quant au meurtre, il reste convaincu qu’il sera toujours entouré d’un mystère. C’est pourquoi, il a demandé que Sounkarou soit acquitté au bénéfice du doute. Mais de l’avis de l’avocat général, tous les éléments sont réunis pour prononcer la culpabilité de l’accusé. Ainsi, il a demandé une confirmation et il a été suivi.