La trouvaille du président pour relancer l’occupation des hôtels par les nationaux, avait déjà été faite par les hôteliers, et la dernière fois, à Youssou Ndour en 2012. Elle n’avait pas alors produit des résultats escomptés.
Le chef de l’Etat a encore exprimé hier sa préoccupation face au marasme du secteur touristique au Sénégal. En Conseil des ministres, il a demandé à son gouvernement, «en rapport avec les acteurs concernés, à mettre en œuvre un programme spécial de promotion de l’accès de la clientèle nationale aux infrastructures hôtelières et touristiques, à travers des tarifs incitatifs». Les opérateurs du secteur touristique seront certainement heureux de voir qu’ils ont pu en fin de compte, accrocher l’intérêt des hautes autorités de l’Etat sur le besoin de relancer les activités touristiques. Il reste à savoir si la recette proposée par Macky Sall sera suffisamment efficace.
Il n’y a en effet rien de nouveau à parler aujourd’hui de «tarifs incitatifs» parce que, dans certains réceptifs, en particulier à l’intérieur du pays, cela a déjà été mis en œuvre. Les organisations patronales d’hôtelier s’y sont déjà lancées. Depuis quelques années déjà, la Fédération des organisations professionnelles de l’industrie du tourisme (Fopits) a déjà initié une politique de réduction des prix pour les nationaux. La dernière en date remonte à mai 2012, lorsque recevant le ministre du Tourisme et de la culture Youssou Ndour, le président du Fopits, Mamadou Racine Sy annonçait que les hôteliers ont accepté de réduire leurs tarifs de moitié pour encourager les Sénégalais à passer leurs vacances dans leur pays. A titre personnel, Mamadou Racine Sy, dont les réceptifs s’étendent de Dakar à Saly et au Cap Skiring affirmait avoir même proposé d’offrir des nuitées gratuites dans certains de ses hôtels de Casamance et de Saly, le client ne payant que la nourriture et les extras, à certaines catégories de clientèles qui voudraient y aller. Malheureusement, ajoutait-il, «personne ne s’est manifesté». Depuis quelques années, le taux d’occupation des hôtels ne dépasse pas les 20% en moyenne au Sénégal. Ce qui est insignifiant.
C’est dire qu’une véritable politique de promotion ne peut se contenter de jouer sur les prix si elle ne prend pas en compte les autres éléments. Et la promotion, pour la plupart de temps, est souvent faite au Sénégal, à l’encontre des intérêts des hôteliers et des autres acteurs du secteur touristique. Et le fait de réchauffer les plats pour donner à l’opinion le sentiment que l’Etat du Sénégal ne laisse pas tomber son secteur touristique, ne sert à tromper que ceux qui ne veulent pas voir.