«Protocole de Rebeuss». Il refait encore l’actualité depuis la libération de Karim Wade. Et si le terme est plus célèbre et adopté par tous, c’est qu’il faut le rappeler, c’est Le Quotidien qui l’avait ainsi baptisé dans son édition du 13 novembre 2006, pages 8 et 9. Quelques mois auparavant, le journal avait qualifié ces négociations entre Wade et Idy, à sa Une, de «Pacte de Rebeuss». Sur la base d’un accord financier parce qu’il était question de «payer», «rembourser», d’«acompte» et de «compte bancaire». Sur la base d’un accord politique aussi parce qu’il s’agissait de modalités de la candidature de Idrissa Seck et de la réélection de Abdoulaye Wade à la Présidentielle de 2007. Dans ces discussions, il y avait aussi deux émissaires : Me Nafissatou Diop Cissé pour le prisonnier, Me Ousmane Sèye pour le Président.
Il faut souligner aussi que ce que nous avons appelé «Protocole de Rebeuss» était une version de Idrissa Seck, en son temps, après sa libération le 7 février 2006. Version contestée dans l’édition du lendemain par l’avocat de l’Etat, Me Ousmane Sèye, qui déclarait que l’ancien Pm avait «déformé le contenu des négociations». Et plus tard d’ailleurs, Wade avait brandi à la télé son «protocole» qu’il estimait être «le bon».
A relire ce fameux «protocole», l’on peut admettre la comparaison entre les conditions de la grâce de Macky à Karim Wade et celles du non-lieu de Wade à Idy. Dans les deux cas, il y a le rôle discret de l’Administration pénitentiaire, un accord de non triomphalisme et sans manifestation après libération, un voyage à l’extérieur, etc. C’est donc l’histoire qui semble bégayer à certains égards. Et c’est pour l’histoire justement que Le Quotidien a choisi de publier in extenso cette actualité de 10 ans. Voilà «Comment est né le ‘’Protocole de Rebeuss’’», pour reprendre le titre de cette édition qui colle bien à l’actualité. Feuilletez !
Mardi 15 novembre 2005
Visite de Me Nafissatou Diop Cissé, mon notaire, porteuse d’un message de Monsieur le président de la République.
Me Nafissatou Diop Cissé : «Le président de la République m’a reçue au Palais, dans ses appartements privés du 2e étage, en présence de Me Ousmane Sèye et de Alex Ndiaye (négociateur de Me Wade lors de la fronde des 12 députés Pds) qui sont venus me chercher chez moi pour m’y conduire.
Le Président m’a dit ceci : Les enquêtes ont révélé que vous êtes la notaire de Idrissa Seck. J’ai un message pour lui. Il faut bien qu’il comprenne que si je le laissais avec ces gens-là, ce serait très grave. Ils lui ont déjà préparé Kédougou. Je sais qu’il a de l’argent. Il m’avait dit lui-même qu’il pouvait financer la campagne électorale de 2007. Alors il n’a qu’à le faire et toi tu t’en portes garante. Après, on pourra trouver une astuce juridique pour clore les dossiers. Tu es son amie. Tu pourras lui parler. Il a dû t’apprendre à enregistrer les conversations. Tu peux m’enregistrer si tu veux. Je ne comprends pas ce que je lui ai fait. Je lui ai tout donné : le parti, le pouvoir, l’argent. Il est mon fils. Je lui ai même dit que de tous ceux qui sont susceptibles de me remplacer, c’est lui le moins mauvais. Pourquoi m’a-t-il enregistré ?
Ensuite, nous sommes descendus à son bureau du 1er étage. Il m’a proposé à boire. J’ai senti qu’il était soulagé, comme s’il venait de déposer une lourde charge. Ah, il m’a dit aussi ceci : un chef d’Etat est très puissant. Ce que nous nous sommes dit reste entre nous. Ensuite, il a appelé Cheikh Tidiane Sy (le ministre de la Justice) pour lui dire de m’organiser une visite-contact avec toi.
Je suis allée voir Cheikh Tidiane Sy qui a essayé de me tirer les vers du nez. Je lui ai dit que je voulais te voir pour des problèmes de famille. Sa réaction m’a beaucoup surprise : «Akhou Gorgui mooko dal», a-t-il déclaré. (Il est victime de la malédiction du Vieux). Quand je suis arrivée dans son bureau, il m’a dit : Alors madame la médiatrice ? Je lui ai dit que je n’étais médiatrice de rien du tout. Mais je crois que l’appel du Président lui a mis la puce à l’oreille. Souleymane Ndéné Ndiaye m’a dit : «Maître, ne vous fatiguez pas, on va le condamner à mort.» Le Président doit voyager. Il rentre jeudi. Je le verrai le week-end. Qu’est-ce que je lui dis ?
Idrissa Seck : Qu’il applique la loi, laisse la justice faire son travail en toute indépendance, ce qui aboutirait rapidement à un non-lieu dans les procédures ouvertes sans fondement. Pour le reste, ce sera sa bouche, mon oreille et ma bouche, son oreille.
Me Nafissatou Diop Cissé : Je pense que dans leur tête, ils envisagent de faire déposer par Bara Tall (patron de l’entreprise Jean Lefèbvre-Sénégal) une caution de 8 ou 10 milliards pour pouvoir aller vers une liberté provisoire.
Idrissa Seck : Mais Bara Tall n’est inculpé de rien. Il a rejeté en bloc toutes les accusations portées contre lui et il ne me met nulle part en cause dans tous les Pv (procès-verbaux).
Me Nafissatou Diop Cissé : Je crois qu’ils vont le pousser à te mettre en cause. Ils lui ont donné des garanties qu’il ne lui arrivera rien.
Idrissa Seck : Je ne veux pas de liberté provisoire. Je ne demanderai rien. Si je ne peux pas sortir d’ici la tête haute, l’honneur intact, seule condition de pouvoir poursuivre ma carrière politique, je préfère que cette cellule soit ma tombe.
Me Nafissatou Diop Cissé : Que Dieu nous en préserve ! Et tes enfants ? Accepte tout et sors d’ici rek, après on verra !»
Mardi 22/11/2005
18h 40, le chef de cour m’annonce à nouveau la visite de Me Nafissatou Diop Cissé pour 19h.
Me Nafissatou Diop Cissé : «Wade m’a reçue à nouveau au Palais avec Me Ousmane Sèye et Alex. Cette fois-ci au rez-de-chaussée. Karim Wade est venu nous saluer. Le Président veut que tu fasses un geste de bonne volonté et que tu lui donnes l’assurance qu’en sortant d’ici tu ne vas pas utiliser tes moyens contre lui.
Idrissa Seck : Je veux un non-lieu, car je n’ai rien fait. Après, nous discuterons de ma conduite politique.
Me Nafissatou Diop Cissé : Comment pourrais-je te transmettre la réponse si je ne peux pas revenir ? Convenons d’un code : 0 signifiera que je l’ai rencontré à nouveau, 1 voudra dire que le rendez-vous entre vous deux est fixé, 2, que le non-lieu est ok, non 2 (un deux barré), que le non-lieu n’est pas ok.»
Mercredi 23/11/05
Première visite de Me Ousmane Sèye, avocat de l’Etat dans les procédures en cours contre moi.
Me Ousmane Sèye : «Monsieur le Premier ministre, l’avenir c’est vous. Wade le sait. Il m’a même dit vous l’avoir fait comprendre en vous disant que de tous ceux qui sont susceptibles de le remplacer, vous étiez le moins mauvais. Votre seul souci doit être de sortir d’ici. Et pour cela, il ne suffit pas d’avoir raison, car il y a toujours la raison d’Etat. Nafi (Me Nafissatou Diop Cissé) nous a rendu compte de vos discussions. Mais il faut plus de souplesse.
Idrissa Seck : Je vous remercie Maître. Mon premier souci est de donner en héritage à mes descendants un nom honoré, non entaché des souillures que tentent d’y déposer les calomniateurs et diffamateurs. Mon deuxième souci, c’est que ma vie puisse encore servir mon pays. Pour cela, je dois rester digne des suffrages de mes compatriotes, c’est-à-dire de leur confiance et de leur espérance. Vous-même êtes de ceux dont je solliciterai les suffrages. Vous êtes Sénégalais comme beaucoup de membres de votre collectif d’avocats de l’Etat, comme tous les fonctionnaires de la présidence de la République, du ministère de l’Intérieur, du ministère de la Justice qui ont accès au dossier, comme les cinq magistrats de la Commission d’instruction, comme la plupart de vos collègues qui me défendent. Si l’un d’entre vous voit une seule phrase ou une seule pièce de la procédure qui puisse compromettre mon honorabilité, je serais définitivement disqualifié pour prétendre à la station de président de la République. Comment pourrais-je, dans de telles circonstances, faire la revue des troupes sans que mon regard ne dévie en croisant ceux des soldats qui meurent pour la Nation là où le comportement non vertueux des élites tue le pays.
Me Ousmane Sèye : Je comprends tout cela. Mais moi, je travaille pour l’équilibre de mon pays et sa paix, au-delà de mon métier d’avocat. J’ai la conviction que votre présence aux côtés du Président pourrait grandement contribuer à cela. Je sais que le Président vous aime beaucoup. Il souffre. Il souffre. Moi, il me parle. Je sais qu’il veut une solution. Il ne comprend même pas comment on en est arrivé là.
Idrissa Seck : Il me l’a déjà écrit.
Me Ousmane Sèye : Ah, vous voyez, je ne savais pas qu’il vous avait écrit.
Idrissa Seck : C’était avant de m’amener ici. C’était le 22 avril 2004.
Me Ousmane Sèye : Je disais donc qu’il fallait trouver une solution. Voilà ce que le Président propose. Il ne sait pas combien vous avez. Il ne tenait aucune comptabilité. Il vous remettait et vous donnait des instructions pour remettre aux différents bénéficiaires. Il se souvient qu’au début, vous lui avez suggéré de préparer les moyens des échéances futures pour ne pas vous retrouver dans la situation de 2000 où vous aviez peiné à boucler le financement de votre campagne. Il propose que vous lui restituiez ce que vous avez gardé à cet effet ou même que vous lui donniez un acompte. Pour les modalités, vous pouvez faire un dépôt auprès du notaire Me Nafissatou Diop Cissé.
Idrissa Seck : Mais maître, comment pouvez-vous concevoir que je puisse faire cela alors que votre client me poursuit pour détournement de deniers publics ? Qu’est-ce qui vous retiendra de prétendre que cet argent provient des chantiers de Thiès ?
Me Ousmane Sèye : Mais non ! Tout le monde sait que dans les chantiers de Thiès, vous n’avez pas pu matériellement détourner, car les relevés du Trésor, de la Bicis pour le Pcrpe et des différentes banques des entreprises contractantes établissent physiquement le circuit emprunté par l’argent des chantiers. Le Président suggère que vous fassiez une attestation signée de vous deux, établissant clairement l’origine de l’argent et définissant les modalités de son emploi pour les échéances électorales futures.
Idrissa Seck : Je ne peux pas attester de l’origine. C’est lui l’origine pour moi. Son origine à lui, il doit en attester séparément, même si je sais que l’une d’elle est le Trésor à travers les chèques qu’il signe de sa main et que Huchard (le gendarme, homme de confiance du Cabinet présidentiel depuis les Socialistes) allait retirer et après lui, un autre.
Me Ousmane Sèye : Le document que vous allez co-signer précisera tout cela.
Idrissa Seck : C’est un piège. Je dois consulter mes avocats.
Me Ousmane Sèye : Mais non, monsieur le Premier ministre, ce n’est pas une affaire d’avocats. C’est politique. Dans quinze jours, on enterre les dossiers judiciaires. Le président de la République me parle. Je sais ce qu’il veut. Il sait que vous êtes son héritier. Faites-moi confiance !
Idrissa Seck : Qu’est-ce qui me prouve que vous parlez en son nom ?
Me Ousmane Sèye : Je suis l’avocat de l’Etat et Nafi (Me Nafissatou Diop Cissé) peut attester que j’ai reçu mandat du Président pour négocier.
Idrissa Seck : Je veux que le président de la République m’écrive tout ce que vous dites-là.
Me Ousmane Sèye : Monsieur le Premier ministre, vous êtes compliqué. Moi je vous conseille de sortir d’ici d’abord, après vous verrez.
Idrissa Seck : Je sortirai parce que vous n’avez rien contre moi.
Me Ousmane Sèye : Un Etat peut toujours avoir quelque chose.
Idrissa Seck : Je veux un écrit signé du Président ou de vous-même en P/O (par ordre).
Me Ousmane Sèye : Est-ce qu’il n’est pas mieux que vous vous parliez au téléphone ?
Idrissa Seck : Je n’ai pas de téléphone (rires).
Me Ousmane Sèye : On vous en apporte un. Je vais rendre compte au Président et je reviens avec Nafi (Me Nafissatou Diop Cissé) dans la semaine.
Lundi 28 /11/05
Nouvelle visite de Me Nafissatou Diop Cissé à 20 h. Elle me remet un document proposé par Me Ousmane Sèye.
Ce document comporte les points suivants :
1. Non-lieu total dans la procédure d’atteinte à la sûreté de l’Etat.
2. Liberté provisoire dans les chantiers de Thiès.
3. Nous voyagerons tous les trois (Idrissa Seck, Me Nafissatou Diop Cissé et Me Ousmane Sèye).
4. Vous nous remettrez un acompte dans un compte avec double signature (Me Nafissatou Diop Cissé et Me Ousmane Sèye).
5. Non-lieu total dans les chantiers de Thiès.
6. Vous nous remettez le complément des sommes convenues d’accord parties entre vous et le Président après accord sur la comptabilité tenue.
7. Discussion politique entre Wade et Idy.
Je rejette cette proposition et fais la contre-proposition suivante :
1. Non-lieu total ou procès juste et équitable.
2. Tête à tête entre Wade et Idy, ma bouche son oreille, sa bouche mon oreille.
Mardi 29/11/05
Nouvelle visite à Rebeuss de Me Nafissatou Diop Cissé et Me Ousmane Sèye. Me Ousmane Sèye précise la proposition :
1. Non-lieu total dans la procédure d’atteinte à la sûreté de l’Etat.
2. Liberté provisoire dans les chantiers de Thiès.
3. Nous voyagerons tous les trois (Idrissa Seck, Me Nafissatou Diop Cissé et Me Ousmane Sèye).
4. Vous nous remettrez un acompte dans un compte avec double signature (Me Nafissatou Diop Cissé et Me Ousmane Sèye).
5. Non-lieu total dans les chantiers de Thiès.
6. Discussion politique entre Wade et Idy.
7. Si accord, vous nous versez un complément, si désaccord, nous vous restituons l’acompte et vous financez votre campagne séparément.
8. Le Président nous promet une commission de 10%, mais nous précise que vous payez la moitié.
Ensuite, Me Ousmane Sèye me passe Alex Ndiaye au téléphone qui me dit que nous passerons ensemble les fêtes de fin d’année au Point E et notamment Noël 2005.
Je rejette cette nouvelle proposition et réitère ma contre-proposition :
1. Non-lieu total ou procès juste et équitable.
2. Tête-à-tête entre Wade et Idy, ma bouche son oreille, sa bouche mon oreille.
Dimanche 04/12/05
Je reçois, par le chef de cour, Jean Matar Ndiaye, un courrier de Me Nafissatou Diop Cissé me rendant compte de la réaction du Président dénommé dans la lettre «S» pour serpent. Elle écrit que le Président était furieux de ma contre-proposition : «Il dit que tu vas crever en prison, j’ai peur mon frère, je prie pour toi, courage. Je suis encore en attente, car Alex qui le connaît bien me dit qu’il ne faut pas tenir compte de sa colère, il pourra revenir à de meilleurs sentiments. Mais tout ceci ressemble bien à une prise d’otage avec demande de rançon.»
Mardi 20/12/05
Reprise des discussions. Me Ousmane Sèye me précise que le Président ne veut pas signer son offre, mais lui donne mandat pour signer à sa place par ordre.
Jeudi 22/12/05
Me Ousmane Sèye, après trois aller-retour entre Rebeuss et un autre endroit qu’il m’a désigné comme étant son bureau ou le Palais, me remet l’offre écrite du Président que lui-même, avocat, a signée par ordre. Je demande un temps de réflexion d’au moins 48 heures avant de donner ma réponse. C’était ma façon d’avoir le temps de sécuriser le document remis par Me Ousmane Sèye à l’extérieur de la prison et du pays.
Mardi 27/12/05
Vers 18h 50, le chef de cour, Jean Matar Ndiaye, m’annonce que Me Nafissatou Diop Cissé viendra me voir à 20 h. Cette annonce est faite en présence de Monsieur Gomis, chef de poste chargé de ma surveillance, que le chef de cour surnomme «Général Gomis».
Me Nafissatou Diop Cissé m’informe que Me Ousmane Sèye a dit que le président de la République est d’accord pour les deux non-lieux, mais le deuxième sera partiel pour lui servir de garantie. «Il dit qu’après vos discussions politiques, tu utiliseras tes moyens pour sa campagne, mais il faut au moins que tu annonces un chiffre. Je peux te passer Me Ousmane Sèye pour qu’il te le confirme.»
Au téléphone, Me Ousmane Sèye me dit la même chose : «Allô, monsieur le Premier ministre, c’est vous qui avez la clé comme toujours, on peut même passer demain, Nafi (Me Nafissatou Diop Cissé) et moi. Retenez que pour les autres, les faucons, je suis comme vous, l’homme à abattre.»
Rendez-vous est pris pour le lendemain, mercredi à 20 h 30.
Mercredi 28/12/05
Me Nafissatou Diop Cissé et Me Ousmane Sèye reviennent à Rebeuss et m’annoncent que «le Président est d’accord pour les deux non-lieux, mais il faut que tu annonces un chiffre».
Idrissa Seck : Je ne peux pas. Je le renvoie au document comptable que Karim Wade nous a fourni après les élections législatives de 2001.
Jeudi 29/12/05
Me Nafissatou Diop Cissé me dit : «J’ai d’excellentes nouvelles. C’est devant Me Ousmane Sèye que le Président a appelé le ministre de la Justice pour lui demander que la Commission d’instruction de la Haute cour de justice se réunisse dès demain vendredi pour prononcer le non-lieu dans les chantiers de Thiès. Mais le Président exige que tu me donnes mandat pour signer un engagement, une fois l’accord conclu et signé entre vous, après vos discussions en tête-à-tête.»
Nous formulons l’accord comme suit :
1. Non-lieu dans l’atteinte à la sûreté de l’Etat.
2. Non-lieu partiel sur les chantiers de Thiès.
3. Discussions politique entre Wade et Idy.
Vendredi 30/12/05
Me Nafissatou Diop Cissé revient me voir. Elle me passe Me Ousmane Sèye au téléphone qui me confirme l’accord du président de la République sur le non-lieu.
Dimanche 08/01/06
Me Nafissatou Diop Cissé et Ousmane Sèye reviennent à Rebeuss. Me Ousmane Sèye me dit avoir été reçu par le président de la République le vendredi 06 et le samedi 07 janvier. Il lui a demandé expressément de me transmettre le message suivant :
«Dites au Premier ministre que :
1. Le 16 janvier, il sera entendu par la Doyenne des juges pour la notification du non-lieu.
2. Le 2e non-lieu sur les chantiers interviendra avant le 31 janvier.
3. Il ne faut pas que ses avocats fassent du triomphalisme.
4. Il ne faut pas qu’il fasse de déclaration politique pouvant déclencher la peur de mon entourage qui va dire qu’il revient prendre sa place.
5. Il pourrait aller en France quelques mois jusqu’à ce que la situation se tasse.»
Dimanche 15/01/06
Jean Matar Ndiaye, le chef de cour, m’informe d’une visite à 20 h. Monsieur Sylla est de garde.
Me Nafissatou Diop Cissé arrive et me passe Me Ousmane Sèye au téléphone qui m’informe qu’il voit le président de la République à 22 h. Il me confirme que le timing est maintenu, deux non-lieux interviendront avant le 31/01/06.
Mardi 17/01/06
Me Ousmane Sèye vient à Rebeuss à 19 h. Il me transmet ce message du président de la République : «Il sera libre mardi. On ne peut pas éviter des manifestations de joie de ses partisans, mais il doit gérer cela politiquement. Qu’il reste calme ! Je viendrai à lui, j’ai quelques réglages à faire.»
Me Nafissatou Diop Cissé est venue à Rebeuss à 21 heures.
Lundi 06/02/06
Au cours de mes visites hebdomadaires, Mame Saliou, l’adjoint au chef de cour, me dit que le colonel Mbaye de l’Administration pénitentiaire voulait me voir dans le bureau du régisseur. Le colonel me fait savoir que l’objet de sa visite était «de voir avec moi les modalités prochaines de ma libération. Cela devait intervenir aujourd’hui, mais ce sera pour demain. Mon ministre m’a appelé et m’a dit de prendre personnellement les dispositions pour votre sécurité. Nous allons prendre une porte dérobée, dans une voiture banalisée. J’ai ma voiture personnelle, un Hyundai et une voiture Laguna. La voiture viendra passer la nuit et à 30 minutes du coup d’envoi du match, nous partirons. J’irai faire de la reconnaissance moi-même. Je coordonnerai avec Vieux Sandjiry (l’officier de sécurité de l’ancien Premier ministre) pour l’ouverture du garage de votre domicile».
Mardi 07/02/06
Sortie de prison.