La Confédération pour la démocratie et le socialisme (Cds) a plaidé pour la réglementation de la grâce présidentielle. Face à la presse le samedi 2 juillet dernier, les partis membres de cette confédération demandent, par ailleurs, la poursuite de la traque des biens mal acquis.
Le débat autour des conditions de la grâce présidentielle accordée à l’ancien ministre d’État, Karim Wade, condamné à six ans de prison et d’une amende de 138 milliards F Cfa par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) est loin de connaitre son épilogue. Lors d’une conférence de presse tenue le samedi 2 juillet, la Confédération pour la démocratie et le socialisme (Cds) qui regroupe des partis politiques de la gauche, rappelant que la reddition des comptes constitue un impératif de l’État de droit et de la justice égale pour tous ainsi que la lutte contre l’impunité, a notamment souligné la nécessité de réformer cette grâce présidentielle.
«Concernant cette question, la position de la Cds est conforme aux conclusions des Assises nationales qui avaient préconisé une réglementation du droit de grâce. Ainsi, dans le projet de constitution de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri), le droit de grâce est subordonné à l’avis du conseil supérieur de la magistrature qui ne sera plus présidé par le Président de la République», a déclaré le professeur Demba Sy. En effet, selon le leader de l’Udf Mbooloo mi, cela permettra d’éviter que le président utilise ce pouvoir comme il le veut, quand il le veut d’autant plus que cette grâce nous ramène à la monarchie européenne, une époque où le roi était lui-même le grand faiseur de justice et qui n’est plus d’actualité.
Insistant sur la nécessité de réformer ce pouvoir vu qu’on n’en peut pas s’en départir, l’enseignant à la faculté des Sciences juridiques et politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, a également déploré la lenteur dans la gestion du dossier de la traque des biens mal acquis dont le nombre traité laisse selon lui, un goût d’inachevé. En effet, «La Cds a fait le constat que sur une liste de 25 suspects, seuls 02 personnes, en notre connaissance, ont fait l’objet d’un jugement, comme si on avait mis un coup d’arrêt au processus judiciaire» dixit le coordonnateur de la Cds. Poursuivant son propos, Pape Demba Sy a ainsi tenu à rappeler que la reddition des comptes constitue avec l’impératif de l’État de droit et de la justice égale pour tous ainsi que la lutte contre l’impunité une de ses préoccupations constantes. À ce titre, le porte-parole du jour de la Cds d’annoncer une série de contacts et de rencontres, sans exclusive, avec toutes les composantes démocratiques et patriotiques de notre peuple pour la constitution d’une puissante force unitaire de veille, d’alerte, d’initiative, et de propositions et d’actions, pour la poursuite de la lutte pour la bonne gouvernance et la préservation de nos ressources.
«La CDS ne peut manquer de prendre comme un acquis important pour l’effectivité d’une gouvernance vertueuse, les mesures prises par le pouvoir de l’alternance comme l’extension des assujettis à la déclaration de patrimoine, la réforme de la cour des comptes, la mise en place de Office national de la lutte Contre la fraude et la corruption (Ofnac), l’existence de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), etc. Cependant, malgré l’arsenal important des corps de contrôle de l’État, la lenteur dans la gestion des dossiers et le nombre qui en est traité laissent un goût d’inachevé. C’est pourquoi, la Cds estime qu’il faut soutenir l’Ofnac et la Cour des comptes dans leur travail de lutte contre les pratiques déviantes contre ceux qui veulent les discréditer ou remettre en cause les rapports récemment remis au président de la République et demander à l’État de renforcer leurs capacités à agir pour la sauvegarde des deniers publics».
SOCIÉTÉS EN FAILLITE : La Cds marque sa solidarité aux ex-travailleurs
Lors de cette rencontre avec les journalistes, la Confédération pour la démocratie et le socialisme s’est également prononcée sur la situation des ex travailleurs des sociétés liquidées. Et c’est pour annoncer le lancement prochain d’un comité de soutien au Collectif regroupant les ex-travailleurs de Transplast, Bceao, Sotrac, Sdv-Senegal, Sapal, Sotiba, Sotexka, Sodefitex, Icotaf, Socosac, Air afrique, Sia.
En effet, selon le professeur Pape Demba Sy, la plupart de ces travailleurs, victimes de licenciement abusif ou de fermeture de leurs sociétés aujourd’hui liquidées courent toujours derrières leurs ex-employeurs ou des services de l’État qui tardent à faire application des décisions judiciaires favorables aux travailleurs. «Pour beaucoup d’entre eux attendent parfois plus de vingt ans pour voir aboutir leur combat devant les juridictions de notre pays. Un tel état de fait a plongé leurs familles dans une situation particulièrement dramatique avec la dislocation des ménages, l’exclusion des enfants des écoles, l’impossibilité pour les malades de se soigner», a déploré le coordonnateur de la Cds.
Toujours dans cette veine de soutien, Pape Demba Sy a aussi affirmé le soutient de la Cds à la lutte des travailleurs de la Sonatel contre d’une part le projet de filialisation de leur entreprise par France Télécom à travers le contrôle de plus de 40% du capital. Mais aussi contre une tentative de délocalisation du centre de transit international de la Sonatel vers la France, l’usurpation de la licence de Orange Niger et le blocage de la croissance externe de l’entreprise en direction du Cap Vert et de la Mauritanie. «Un tel projet peut avoir de graves répercussions sur la souveraineté et la sécurité du pays. Par ailleurs, nous nous interrogeons sur l’extension des G2 et G3 en G4 et le renouvellement du contrat de concession prématurément et sur son coût» dixit le spécialiste du droit constitutionnel avant d’ajouter, la Cds soutient aussi la lutte des populations sénégalaises contre l’accaparement de leurs terres notamment celles de Ndjayel, de Mbane et plus récemment des populations de Ngor, Yoff et Ouakam.