L’avocat du policier Sidy Mohamed Boughaleb est convaincu que la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar a rendu ‘’un jugement politique’’ et non une décision judiciaire, en condamnant son client pour le meurtre de l’étudiant Bassirou Faye. C’est pourquoi Me Moussa Bocar a interjeté appel, hier.
La condamnation, vendredi passé, du policier Sidy Mohamed Boughaleb à 20 ans de travaux forcés, pour le meurtre de l’étudiant Bassirou Faye, est une pilule amère pour son avocat, Me Moussa Bocar Thiam. L’avocat est plus que jamais convaincu de l’innocence de son client. Face à la presse, il a laissé entendre que le véritable meurtrier court toujours. Et en vue de la libération du policier, il a interjeté appel hier même, car il reste persuadé que la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar n’a pas bien jugé son client. ‘’Décision a été rendue certes, mais Sidy Boughaleb est innocent. Et nous allons le démontrer, car nous avons relevé appel, aujourd’hui. C’est la plus grande erreur judiciaire de l’histoire du Sénégal’’, a fulminé la robe noire.
A son avis, c’est un jugement politique qui a été rendu, au détriment d’une décision judiciaire. Et ceci dans l’unique but de ‘’satisfaire une demande forte des étudiants’’. Pour étayer ses propos, Me Thiam soutient que le dossier présente des curiosités, car, d’une part, la décision ne reflète pas la teneur des débats d’audience. D’autre part, il est intrigué par le silence des assesseurs du président Bara Guèye lors du procès, or, dit-il, ‘’le rôle des magistrats est d’instruire’’. Mais ce qui a le plus irrité le conseil, c’est le fait que le parquet n’ait posé aucune question aux policiers Tombong Oualy et Saliou Ndao qui sont passés de suspects à témoins. Alors que, a-t-il poursuivi, ‘’le maître des poursuites s’est déchargé sur des témoins à décharge. Ces derniers ont été littéralement agressés’’.
‘’Le témoin est instable psychologiquement’’
Sur sa lancée, Me Thiam a souligné que lui et son client étaient en face d’une Chambre criminelle sourde, car un témoin (l’étudiant Doudou Faye) a affirmé que le tireur n’est pas Boughaleb. Il a rappelé que ce témoignage est corroboré par ceux de trois policiers qui ont affirmé que Boughaleb était avec eux, au moment de la mort de l’étudiant survenue aux environs de 15 heures. L’autre raison qui le pousse à croire encore à l’innocence de son client, ce sont les résultats de l’expertise balistique. L’expert français a soutenu, dans son rapport, qu’il n’a pas reçu l’arme du crime et que la douille mortelle n’a pas tué Bassirou Faye. Il s’y ajoute, qu’après le meurtre, des policiers avaient indexé le policier Saliou Ndao. Aujourd’hui, Me Thiam se désole que tous ces témoignages ne soient pas pris en compte et que seul le témoignage de Sette Diagne ait fait foi. ‘’C’est extrêmement léger, d’autant qu’il est démontré que le témoin est instable psychologiquement’’, a asséné le conseil.
Par rapport à l’attitude de son client accusé de s’être très mal défendu à la barre, le conseil a déclaré que Boughaleb est ‘’honnête, sérieux et il a répondu naïvement à toutes les questions, car ce qui comptait pour lui c’était de dire la vérité’’. En outre, Me Thiam a dénoncé l’absence d’assistance de la part de la hiérarchie policière. ‘’Boughaleb est l’agneau du sacrifice. Dans les autres pays, c’est sur la base de preuves probantes qu’on envoie un policier ou gendarme en prison. Les forces de l’ordre sont en danger car, pour un rien, on les envoie en prison. Et c’est inadmissible qu’elles soient jetées en pâture’’, déplore la robe noire.