L’affaire des deux appartements de Karim Wade situés dans le 16ème arrondissement de Paris a été plaidée hier. C’est le 26 septembre prochain que l’on saura si l’Etat du Sénégal mettra la main sur les biens de l’ancien ministre.
Karim Wade jouit encore de sa grâce au Qatar, mais son dossier n’est pas clos. L’affaire de ses deux appartements à Paris a été enrôlée hier et l’Etat du Sénégal veut mettre la main sur ses biens ciblés. A la place des avocats de l’Etat du Sénégal, le Parquet national financier de Paris plaidait au nom de la demande d’entraide judiciaire. Les avocats de Wade-fils et de Bibo Bourgi ont, quant à eux, soulevé «l’impossible exécution» de cette demande formulée par l’Etat du Sénégal, soulignant le principe de «double incrimination». La défense considère, en effet, que l’infraction d’enrichissement illicite n’existant pas en France, la justice ne peut accorder une suite à la sollicitation de Dakar.
Dans sa réponse, la Procureure nationale financière de Paris, qui prend la cause de l’Etat du Sénégal, estime que cet argument ne tient pas la route, renvoyant la défense de Karim Wade à la «convention d’entraide judiciaire de 1974» entre les deux pays. Sur l’inexistence du délit d’enrichissement illicite en France, le Parquet financier recourt à la «Convention de Mérida» ou Convention des Nations unies contre la corruption. En conséquence, la procureure considère que la France doit effectivement pouvoir exécuter l’entraide.
Le Quotidien a appris que l’appartement sis au 45, rue Emile Ménier, est «au nom de la Sci Djoz détenue par Sci Aisa et appartenant à Karim Wade». Le nom de Syndjéli Wade et de la défunte épouse de Wade-fils, Karine Marteau, apparaissent dans les documents. «Des échanges de mails sur le plan et la décoration intérieure entre celle-ci et l’architecte ont pu être retracés». L’autre appartement, celui de la 113, rue de la Faisanderie, toujours dans le 16ème arrondissement, est au nom de l’ancien ministre. Si l’Etat du Sénégal s’intéresse autant à ce qui est présenté comme des «bijoux» de M. Wade, c’est parce qu’il s’agit de deux appartements de 336 m2. Celui de la 45, rue Emile Ménier serait estimé «entre 5 000 et 10 000 euros le mètre carré», alors que celui de la Faisanderie se situerait «entre 7 000 et 11 000 euros le mètre carré». Pour le moment, la valeur exacte des deux appartements n’est pas connue. Le 26 septembre, date du délibéré, on en saura davantage.
Cette procédure de recouvrement entre dans le cadre du recouvrement des biens de Karim Wade, condamné à 6 ans de prison ferme pour enrichissement illicite et à une amende de 138 milliards de F Cfa. Il a été gracié dans la nuit du 23 au 24 juin dernier.