Lors d’un panel organisé hier à la Fac de droit, des journalistes et militants des droits de l’Homme se sont accordés à dire que le traitement biaisé de l’information relative aux droits humains découle d’une multitude de facteurs.
C’est un cas pratique pour les étudiants du Cesti et de l’Institut des droits de l’Homme et de la paix (Idhp). Le mauvais «traitement des droits de l’Homme par les médias en Afrique» s’explique par le manque de formation des journalistes. Mame Less Camara estime que les journalistes ne sont pas suffisamment outillés pour livrer de manière équilibrée l’information relative aux droits humains. «Cette question des droits de l’Homme n’est pas toujours traitée par les journalistes spécialisés sur ces questions. Souvent, c’est la capacité de mise en spectacle d’un évènement qui prime sur le militantisme du journaliste en faveur des droits humains. Il se pose un problème de manque de formation», explique le journaliste, formateur au Cesti. Rappelant l’absence d’un desk dédié aux droits humains dans les rédactions, Mame Less Camara relève que le Sénégal dispose d’«une presse de compte rendu». «Aujourd’hui, la plupart des journalistes ne font plus des portraits, des enquêtes,… Souvent, ils recueillent les avis des défenseurs des droits humains. Après, ils boivent tout ce que disent ces gens sans recouper l’information», souligne-t-il.
«C’est inadmissible de voir des médias privés partisans»
Pour sa part, Me Assane Dioma Ndiaye déplore que les journalistes portent «fréquemment atteinte» à la vie privée et à la présomption d’innocence dans leurs articles. «Parfois dans le vocabulaire utilisé, le journaliste peut nuire à une personne. Et ce qui est grave, c’est que cela ne peut pas être effacé par une justification ou un mea-culpa du journaliste», soutient Me Ndiaye. En écho, le Pr Amsatou Sow Sidibé partage cet avis. Cependant, elle rappelle le contexte : «Les journalistes ne sont parfois pas bien outillés par leur rédaction pour faire ce travail juste et équitable qu’on leur demande. Certains ne sont pas payés par leur rédaction.» Leader d’un mouvement politique, la présidente de Car-Leneen a dénoncé la couverture médiatique du dernier référendum. Elle affiche son étonnement : «Je peux comprendre que des médias publics soient partisans, ce qui est inadmissible, c’est de voir des médias privés partisans. C’est malheureusement ce qui s’est passé lors du référendum.»