«L’intérêt de réhabiliter les Régions (naturelles) du Sénégal et de les ériger en Régions autonomes réside notamment dans le fait qu’elles incarnent, chacune en tant que territoire naturel et social, « une identité collective, fruit d’une histoire commune, d’une réalité et d’un avenir communs. Ce qui fait que les habitants d’un même territoire vivent ensemble les mêmes difficultés, et donc, peuvent se donner la main pour s’en sortir.
Ainsi, le territoire peut être un cadre fédérateur des potentialités en vue du mieux vivre de ses habitants … ». C’est ce qu’on peut lire dans la déclaration du Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels (Mfdc), suite à la remise du rapport de la CNRI au chef de l’Etat.
Pour Jean-Marie François Biagui et ses camarades « Le territoire, objet d’attachement identitaire, devient alors un lieu d’investigation de stratégies des acteurs, (tandis que) l’efficacité du développement local repose sur la capacité à fédérer les attachements et les stratégies des différents acteurs pour produire de l’auto-reconnaissance ». Il y a donc lieu, selon eux, « d’admettre que réhabiliter les Régions (naturelles) du Sénégal, c’est en quelque sorte répondre au besoin naturel, pour les populations sénégalaises, « de repères pour une vie en commun et (de) retour aux sources (qui) se manifeste partout en parallèle d’une globalisation unificatrice ».
C’est, en définitive, de l’avis du Mfdc, « réhabiliter la Nation sénégalaise en tant qu’Union ou Communauté nationale consacrée comme telle et assumée par ses six Régions (naturelles) irréductibles ». Et d’ajouter : « Véritables courroies de transmission du pouvoir et de la démocratie, les Régions (naturelles) seront aussi ou, à tout le moins, elles devront être considérées et traitées comme de formidables vecteurs de développement durable et de prospérité, avec à leur tête un Président du Conseil régional élu par leurs citoyens respectifs ».
La source indique « qu’en tant que chef du l’exécutif régional, celui-ci aurait alors pour mission d’administrer la Région (naturelle), en toute indépendance, conformément au programme de développement dont il est porteur, et sous le contrôle d’une Assemblée régionale délibérante et de contrôle a posteriori, composée de Députés régionaux, tous élus au suffrage universel direct, selon le scrutin proportionnel intégral pour davantage de démocratie locale et pour une meilleure représentativité de cette assemblée. Son avis serait consultatif ».
Au demeurant, « nonobstant la souveraineté indissoluble de l’Etat sur chaque Région (naturelle), le Président du Conseil régional se doit de représenter à l’extérieur la plus haute autorité régionale et symboliser à l’intérieur l’autorité ordinaire de l’Etat, la Région (naturelle) étant et devant rester une composante de celui-ci et non son pair. Elu au suffrage universel direct, le Président du Conseil régional serait à ce titre responsable devant les populations concernés », souligne la déclaration.
Cependant, et à la différence de la pratique en cours, le Mfdc souligne que « le Président du Conseil régional devrait pouvoir nommer et révoquer les Conseillers régionaux. Ces derniers avec le Président du Conseil régional incarneraient ainsi le Conseil régional qui, en sa qualité d’exécutif régional, coordonnerait la politique et exécuterait les projets de développement dont il serait collégialement et solidairement porteur ». Et de proposer que le Conseil régional soit structuré en fonction des priorités de développement de la Région (naturelle) et ne disposerait pas de pouvoirs régaliens, à l’exception du pouvoir de police.
« En effet, celui-ci relèverait du Conseil régional sur toute l’étendue de la Région (naturelle) concernée, étant entendu que la prérogative de police des frontières appartiendrait à la gendarmerie qui, pour cette même raison, serait extrêmement restreinte, cependant qu’elle resterait un corps d’armée relevant du ministère de la Défense », note le Mfdc.
Dans le même ordre d’idée, Jean-Marie François Biagui et ses camarades estiment que la Conférence des Présidents du Conseil régional « pourrait être créée, en tant que le « bras armé » de l’ensemble des Régions (naturelles) chargé de la défense, devant l’Etat, des intérêts respectifs de ces dernières, notamment dans la répartition des financements nationaux.
Instituée sur la base des principes d’égalité, de solidarité et de respect mutuels, la Conférence des Présidents du Conseil régional pourrait alors être admise comme l’institution formelle de la nécessaire coopération « multilatérale » ou « décentralisation coopérative » qui devrait prévaloir entre les différentes Régions (naturelles) du pays ».
Par ailleurs, le Mfdc soutient que « c’est un euphémisme, l’Etat sénégalais postcolonial est une pâle copie de l’Etat colonial. Et il est absurde de vouloir rendre pérenne cette absurdité, comme la CNRI semble, hélas, s’y être exercée dans la production du rapport sanctionnant ses travaux, pour devoir ainsi passer littéralement à côté de l’histoire, au regard précisément de l’histoire récente du Sénégal.
Car, la réforme des réformes, au Sénégal, eût certainement été de créer un nouvel Etat et de fonder une nouvelle République, portés, et supportés, par les Régions (naturelles) du pays. Mais des Régions (naturelles) aussi autonomes (juridiquement, techniquement et financièrement) que le nouvel Etat serait décentralisé territorialement et fonctionnellement »