L’ONG Enda Jeunesse et Action, spécialisée dans la protection des enfants, travaille avec des structures de la société civile pour amener l’Etat à ’’punir’’ les auteurs des mariages précoces et porter l’âge minimum légal pour le mariage à 18 ans, a indiqué sa coordonnatrice régionale à Ziguinchor (sud), Aminata Diop Badji.
’’Les auteurs des mariages précoces, à savoir les parents qui donnent leurs enfants en mariage en bas âge et les personnes qui acceptent de les marier, doivent être punis. L’Etat doit réfléchir à l’instauration de lois et d’autres textes juridiques pour mieux encadrer les enfants et punir les personnes qui s’adonnent au phénomène des mariages précoces’’, a estimé Mme Badji.
Elle s’exprimait mercredi au cours d’une cérémonie de lancement d’une campagne nationale de lutte contre les mariages et les grossesses précoces. Présidée par l’adjoint au préfet Amadou Ba, cette rencontre est organisée par Enda Jeunesse et Action, en partenariat avec Save the Children et la coopération espagnole pour le développement internationale.
Des centaines de jeunes filles et garçons venant des régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor, des chefs religieux et les représentants de structures de protection de l’enfance ont pris part à cette rencontre.
’’Il faut que l’Etat prenne des mesures coercitives dans ce sens. Il faut faire exactement comme pour le viol. C’est-à-dire pénaliser le phénomène. Les auteurs de mariages d’enfants de 11, 12, 13 jusqu’à 17 ans doivent être punis. Pourquoi les hommes acceptent-ils de prendre en mariage des filles de très bas âge ?’’, s’est interrogée Aminata Diop Badji.
A Ziguinchor, les différentes structures de la société civile qui luttent pour la protection des enfants sont en train ‘’de mener la bataille’’, pour une révision de l’âge limite pour le mariage au Sénégal.
’’Selon les textes officiels, cet âge est limité à 16 ans. Mais à 16 ans, l’enfant reste un enfant. A 16 ans, on ne peut pas être une femme, une épouse ni physiquement ni mentalement (…) Il y a une absence d’actions dissuasives pour éradiquer ou interdire les mariages précoces au Sénégal. Il y a un silence total’’, a dénoncé la coordonnatrice de l’antenne régionale de Enda Jeunesse et Action.
Evoquant le poids de la tradition et de la religion qui amplifie le phénomène, Aminata Diop Badji rappelle qu’en 2015, ‘’l’on estime que 33% des filles sont mariées avant l’âge de 17 ans avec des taux de prévalence très élevés enregistrés à Kolda (68%), Tambacounda (57%), Matam (56%) et Louga (47%)’’.