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Discrédit jeté sur les organes de contrôle à l’issue des résultats des audits: La classe politique se dédouane
Publié le jeudi 23 juin 2016  |  Sud Quotidien
L`Inspection
© aDakar.com par DF
L`Inspection Générale d`Etat a remis son rapport au chef de l`Etat
Dakar, le 25 Juillet 2014- Ce rapport remis au président de la République, Macky Sall, lors de la cérémonie, couvre la période comprise entre août 2013 et juillet 2014.




Mis en place par les tenants du pouvoir avec comme mission préalable de promouvoir la probité dans la gestion des affaires publiques et privées, la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite, les organes de contrôle (Ofnac, Cour des comptes…) sont le plus souvent la cible d’attaques ouvertes venant de la part des personnes incriminées. Quid de ce discrédit jeté à tort ou à raison sur ces organes de contrôle, à chaque sortie d’un rapport d’audit? Zoom sur les réponses divergentes d’une classe politique qui n’en reconnaît pas moins le droit inaliénable pour les personnes ou institutions citées à se défendre.

MAEL THIAM, ADMINISTRATEUR DE L’APR : «Il est tout à fait normal que ces gens-là se défendent»

Vous savez que ça, c’est une attitude tout à fait normale et humainement compréhensible lorsqu’on vous incrimine sur votre manière de gérer, quel que soit l’organe. Surtout, si l’on sait la manière dont c’est fait au Sénégal. A peine les rapports sortis, on ne prend pas le temps d’entendre ceux-là qui sont plus ou moins cités dans ces rapports pour commencer à lancer du discrédit sur ces personnes-là. Il est tout à fait normal que ces gens-là se défendent. Très souvent, ça peut glisser sur un discrédit à l’endroit de ces organes qui ont la charge de ces audits. Je ne pense pas que ce soit quelque chose d’absolument inhérent aux partis politiques. Mais, c’est une réaction humaine et il faut savoir que ceux-là qui sont dans les partis politiques, ce sont ceux-là qui sont dans les associations, dans l’armée, dans les organismes internationaux. Ce sont des êtres humains.

Moi, je rêve qu’on vive dans une société où les relations professionnelles sont régies par le respect strict de l’homme et des institutions. Le respect des Institutions ne peut être valable que lorsque celui des hommes est de rigueur et vice versa. Donc, pour moi, ce n’est pas propre aux hommes politiques, mais propres à l’espèce humaine.

C’est possible aussi que dans la démarche il y ait des choses à améliorer. Parce qu’un audit, c’est une opération qui nécessite la collecte du maximum d’informations et également la diversité des sources d’information dont celle-là qui concerne la personne ou la structure qui est incriminée. Je pense que la règle souhaiterait que toutes les parties prenantes soient entendues, soient écoutées et soient comprises également. Plutôt que d’aller à l’aventure ou à lancer du discrédit sur une personne ou une institution.

THIERNO BOCOUM, PORTE-PAROLE DE REWMI : «Nos dirigeants actuels font de ces institutions une arme politique...»

Ceux qui sont accusés se défendent naturellement, c’est un droit inaliénable. Là n’est pas la question. La question fondamentale qu’on doit se poser est de savoir si ceux qui ont mis en place ces institutions ont réellement la volonté de leur faire jouer le rôle qu’elles devraient jouer. Le problème est que nos dirigeants actuels font de ces institutions une arme politique et le plus souvent une épée de Damoclès au dessus de la tête d’adversaires politiques ou d’alliés qu’on cherche à ferrer. C’est cela qui est inacceptable! C’est ce qui explique une volonté de contrôle total de ces institutions qui ont besoin d’un minimum d’indépendance pour faire leur travail. Les attaques de certains proches du président de la République contre l’Ofnac sont intolérables et très révélatrices de l’idée que le gouvernement se fait de ces institutions.

MOUSSA SARR, PORTE-PAROLE DE LA LD : «Nous avons tous intérêt à accorder du crédit à ces organes»

Je voudrais d’abord réaffirmer le soutien de la Ld à la politique de la transparence et de la gestion vertueuse des ressources nationales. Pour nous, c’est important parce que c’est un facteur de développement. Maintenant, les organes de lutte contre la corruption et le détournement de deniers publics que sont l’Ofnac, la Crei, ou la Cour des comptes sont des organes extrêmement importants dont il faut renforcer les champs de compétence et les pouvoirs. Nous avons remarqué également que très souvent, après la publication des rapports, les hommes politiques ou les gestionnaires de fonds qui sont incriminés se mettent à jeter l’anathème sur ces organes et cela pose un problème dans la mesure où il n’est pas bien venu, qu’à chaque fois qu’un responsable est incriminé, qu’il se mette à incriminer ces organes.

Ceux qui sont aux affaires ont la possibilité de prouver leur innocence ou leur bonne gestion devant les juridictions compétentes. Mais, nous avons tous intérêt dans ce pays à accorder du crédit à ces organes. Parce que, si nous les discréditons, ça sera la porte ouverte à la corruption et au détournement de deniers publics. J’en appelle donc à tous les hommes politiques, de faire attention au discrédit que nous jetons sur ces organes de lutte contre la corruption. Il est extrêmement important pour notre pays que tout le monde, les hommes politiques qui sont aux affaires en premier, accepte que sa gestion soit contrôlée, soit auditée. Maintenant, une fois que ces rapports-là sont déposés, la justice doit faire son travail et sanctionner les fautifs. Et cela, tout le monde doit l’accepter.
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