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Procès pour infanticide en France : Fabienne Kabou convoque les sorciers à la barre
Publié le mercredi 22 juin 2016  |  Le Quotidien
Justice
© Autre presse
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Fabienne Kabou, Sénégalaise de 39 ans, jugée pour infanticide en France, a convoqué la sorcellerie devant la barre de la Cour d’assises du Pas-de-Calais pour expliquer les raisons l’ayant poussé à commettre l’irréparable. Un argument de défense que l’avocat d’une des parties civiles juge «conforme à (la) culture» de celle qui risque la perpétuité dans ce procès qui a démarré ce lundi.

Devant la barre hier, Fabienne Kabou n’a pas tremblé pour évoquer les raisons qui l’auraient poussée à abandonner sa fille de 15 mois, Adélaïde, sur une plage à marée montante, à Berck, une localité française. La jeune Sénégalaise, qui comparaissait ce lundi devant la Cour d’assises du Pas-de-Calais, a invoqué «la sorcellerie».
Cette femme de 39 ans, qui a accepté «de répondre à chaque question, tantôt avec douceur, tantôt avec froideur», lâchera devant ses juges : «La sorcellerie ? C’est la constatation à laquelle j’arrive par défaut, car je n‘ai aucune autre explication...». Fabienne Kabou poursuivra : «Dans cette histoire, rien n’est cohérent. (...) Quel intérêt j’aurais à me tourmenter, à mentir, à tuer ma fille ?» Avant même de s’emporter : «J’ai parlé de sorcellerie et je ne plaisante pas. Même quelqu’un de stupide n’aurait pas fait ce que j’ai fait».

«Tout ce qui m’arrive pendant toutes ces années ne me ressemble en rien»
L’accusée, qui risque la réclusion criminelle à perpétuité d’après certains médias français, déclare aussi avoir dépensé pas moins de 40 000 euros (plus de 26 millions de francs Cfa) pour consulter «des marabouts et des guérisseurs» avant de commettre son geste. Son avocat insistera pour l’interpeller : «Qu’est-ce qui vous amène à parler de sorcellerie ?» C’est pour ensuite entendre Fabienne Kabou dire : «Pendant des années, je n’arrivais pas à me lever le matin, j’avais les pieds martelés, paralysés, j’ai eu des délires, comme des murs qui ne cessaient de tonner».
«Tout ce qui m’arrive pendant toutes ces années ne me ressemble en rien», rétorque l’accusée à l’avocat général Luc Frémiot, qui était visiblement agacé par l’attitude de Mme Kabou.
Décrivant «un personnage hors du commun» à l’époque et une «femme remarquablement intelligente», son avocate n’a pas manqué devant la presse de lancer : «On est un pied dans la médecine occidentale et un pied dans les croyances africaines dont nous, les Occidentaux, ne connaissons pas les tenants et aboutissants. Maintenant, où est le fond culturel et où est la maladie mentale ?» «N’est-ce pas une façon de se protéger psychiquement en n’admettant pas qu’elle a été capable d’un tel acte ?», lancera encore la conseillère de la jeune Sénégalaise.
L’accusée, rappelle-t-on, avait déjà évoqué devant les experts psychiatriques une emprise de la sorcellerie, mais aucun n’avait conclu à son irresponsabilité, même si certains ont évoqué l’hypothèse d’une forte altération de ses facultés mentales lors du passage à l’acte.

«Une femme qu’il faut donner à manger aux experts pour paraître fou»
Me Jean-Christophe Boyer, avocat de l’une des parties civiles, l’association L’Enfant bleu, n’a pas de doute par rapport à l’argument de défense de l’accusée. Pour lui, la sorcellerie invoquée par Fabienne Kabou n’est qu’une stratégie de défense. D’où sa conviction : «Vous êtes face à une femme qui est très intelligente et qui sait qu’il ne faut pas se dire fou, mais qu’il faut donner à manger aux experts pour paraître fou, la sorcellerie est toute trouvée, et puis c’est conforme à sa culture.»
Décrite par un enquêteur de personnalité comme «énigmatique» et «atypique», Fabienne Kabou va conclure son passage devant la barre de la Cour d’assises du Pas-de-Calais en soutenant : «Les deux années qui ont précédé l’assassinat de ma fille ont été les pires de ma vie, les deux années de détention ont été plus calmes et plus apaisées».
Pour rappel, le 19 novembre 2013 à Berck-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, la Sénégalaise Fabienne Kabou, avait commis un infanticide en abandonnant à mort sa fille, Adélaïde, sur une plage à marée montante. La petite finira par être emportée par les vagues glaciales, alors que sa maman avait annoncé au père du nourrisson, Michel Lafon, un ancien cadre supérieur de trente ans son aîné, qu’elle se rendait au Sénégal confier, pour quelques temps, celui à sa famille. Il n’en fut rien, malheureusement.
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