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Exploitation du phosphate de Taïba : Les populations asphyxiées
Publié le lundi 20 juin 2016  |  Le Quotidien
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© Autre presse
Les industries chimiques du Sénégal, était l`un de fleuron de l`économie nationale




Les villages situés dans la zone d’exploitation des Ics s’éteignent au fil des années. Les populations sont rongées par la pollution dont la conséquence est la multiplication de maladies respiratoires. Bien sûr, on est loin du pic de 2014 où une fuite d’acide des Ics avait pollué les villages de Gad et de Ngomène. Mais des polluants sont toujours très présents. La présence d’un niveau élevé et régulier de particules fines et de dioxyde d’azote dans l’air inquiète les villageois qui réclament une délocalisation. Une visite de terrain que vient d’effectuer la Coalition des organisations de la société civile «Publiez ce que vous payez» a permis aujourd’hui de percer le «mystère». Simplement accablant !

Samedi 11 octobre 2014 : Une fuite d’acide sulfurique provenant des Industries chimiques du Sénégal (Ics) polluent les villages de Gad et de Ngomène. Deux jours après l’accident, une équipe sanitaire descendit sur les lieux du drame. Le diagnostic est sans toxique : Les Industries chimiques du Sénégal (Ics) continuent de polluer les villages environnant sa zone d’exploitation. Au vu des informations fournies par l’Infirmier-chef de poste (Icp) de la commune de Taïba Ndiaye, Daouda Samba, dans un rapport remis aux autorités locales compétentes, suite à la fuite d’acide sulfurique aux Ics survenue le samedi 11 octobre 2014, la situation reste «alarmante». L’équipe sanitaire qui, deux jours après l’accident, a eu à se rendre dans les villages impactés, s’est voulue catégorique : «Sur les 214 personnes consultées, 60% souffrent de douleurs thoraciques et de toux persistantes. Aussi, des cas de troubles de vision ont été décelés ainsi que des douleurs épigastriques, des céphalées, des maux de tête. Egalement, des cas de diarrhées et de vomissements chez les enfants de moins de 5 enfants ans, tout comme les cas de conjonctivites. Pour dire, selon l’Icp de la commune de Taïba Ndiaye, que la situation sanitaire au niveau des deux villages de Gad et de Ngomène est plus qu’alarmante du fait de la pollution qui y sévit.» Daouda Samba s’offusque de la fréquence des «maladies diarrhéiques dues non seulement à la pénurie d’eau, mais surtout à la pollution de cet liquide précieux». Il continue d’évoquer les pathologies : «La fréquence des infections respiratoires aigues (pneumonie, toux, rhum, asthme) et des dermatoses.»
Sans compter les cas d’«avortement spontané» et des «décès néonataux». D’où l’appel assez pressent de M. Demba Diouf Fall, point focal de la coalition «Publiez ce que vous payez» à Thiès. Il dit : «Les populations ne souhaitent qu’une seule chose : être délocalisées et indemnisées à la hauteur des préjudices subies.» A l’en croire, la pollution provenant des Ics a détruit les exploitations agricoles des villages environnants. Pis, l’élevage est presque inexistant : «Nous ne pouvons plus élever. Il n’y a plus de poules encore moins de coqs qui traînent dans le village. Ces espèces meurent comme des mouches à cause de la pollution. C’est pourquoi nous craignons pour notre santé.» Vu le constat alarmant, le point focal de la coalition «Publiez ce que vous payez» à Thiès n’exige-t-il pas la «délocalisation des villages de Gad et de Ngomène» car, avertit Demba Diouf Fall, «bientôt les Ics vont démarrer leur centrale à charbon qui se trouve à 8 km de Gad. Laquelle va accentuer davantage la pollution».

Délocalisation des villages
Une visite de l’Entente régionale de la coalition des organisations de la société civile «Publiez ce que vous payez Sénégal» a permis de constater pour déplorer «l’ampleur des dégâts de la pollution». En effet, les toitures en tôles des maisons se détruisent lentement sous l’effet des échappées des vapeurs acides en provenance des Ics ; d’où l’appel pressant du coordonnateur de l’Entente régionale de la coalition des organisations de la société civile «Publiez ce que vous payez Sénégal», Abdou Aziz Diop, qui, en compagnie du secrétariat international de ladite structure, basée à Londres, après avoir écouté les habitants de Gad et de Ngomène, considère que «ces populations vivent aujourd’hui le même calvaire qu’a naguère connu les villageois de Mbar Diop et Mbar Ndiaye aujourd’hui indemnisés à plus de 6 milliards et délocalisés dans la commune de Pire». Abdou Aziz Diop qui indique s’être déplacé avec son équipe dans le «cadre de nos plaidoyers pour faire en sorte que ces populations aient gain de cause comme celles de Mbar Diop et de Mbar Ndiaye» soutient que les «populations des villages de Gad et Ngomène vivent le paradoxe de l’abondance». Il trouve que ces deux villages vivent dans une «extrême pauvreté avec des situations très difficiles. Et parallèlement à côté, il y a des industries qui brassent plusieurs milliards de F Cfa». Une «injustice» qui justifie l’engagement des membres de cette coalition, à travers l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie), à s’affairer autour des «flux de ces différentes entreprises minières». Et aujourd’hui, le rapport 2013, publié en 2015, montre que la «contribution globale des entreprises installées dans la région de Thiès, première région minière du Sénégal, est de 15,9 milliards de francs Cfa. Mais 97% des impôts de cette somme sont perçus par l’Etat et 3% seulement représentent les impôts locaux». Cela veut dire, selon le coordonnateur de l’Entente régionale de la coalition des organisations de la société civile «Publiez ce que vous payez Sénégal» que «les collectivités locales qui abritent ces industries extractives vivent des externalités négatives : la pollution, le sous-emploi et tant d’autres phénomènes. Et parallèlement, il n’y a pas de retombées positives».

Pauvreté, sous-emploi, pollution
Aujourd’hui, fait savoir M. Diop, «dans le cadre de la révision du Code minier, notre plaidoyer, c’est que l’aspect droit humain soit pris en compte ainsi que les préoccupations, les normes environnementales, les études d’impacts environnementaux, entre autres doléances». Concernant le «Fonds d’appui au développement local», il ose espérer qu’«à terme, ces communautés puissent avoir les retombées positive». Et de renseigner : «Le Sénégal dispose des textes assez obsolètes. Nous avons des contrats, comme le cas des Ics, qui datent d’avant les indépendances ; donc, qui ne collent pas aux réalités actuelles.» Aussi, la coalition demande-t-elle au gouvernement sénégalais de «renégocier les contrats avec les industries extractives au profit des communautés, surtout celles impactées et des maires de ces différentes collectivités locales devant être associés, ne serait-ce qu’à titre consultatif pour l’octroi des licences et des contrats». Egalement, pour que les «redevances puissent être perçues, les patentes par les communautés, que cela puisse aller directement dans le vécu des communautés». Surtout que la «Responsabilité sociétale d’entreprise (Rse) soit mieux encadrée» et que les «Pro­grammes socio-miniers soient mieux institutionnalisés».
Mise sur pied en octobre 2011 et composée essentiellement de la Raddho, du Forum civil, de l’Ong la Lumière, d’Amnesty, d’Enda, de l’Ondh, d’Article 19, entres autres organisations de la société civile, la Coalition des organisations de la société civile «Publiez ce que vous payez Sénégal» est présente dans toutes les régions minières du Sénégal. Notamment à Thiès, Dakar, Kédougou, Matam, Zi­guin­chor et Tambacounda. Elle assiste les communautés impactées par les exploitations minières en termes de «plaidoyer, de lobbying, mais aussi de renforcement de capacités».
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