Le parquet a requis hier une peine de deux ans assortie du sursis contre le secrétaire général du Mouvement des élèves et étudiants libéraux (MEEL), Victor Sadio Diouf, et son co-prévenu Cheikh Ahmadou Bamba Bâ. Ils sont accusés d’avoir incendié un bus Dakar Dem Dikk, lors d’une manifestation estudiantine.
Après avoir fait l’objet de plusieurs renvois, le secrétaire général du Mouvement des élèves et étudiants libéraux (MEEL), Victor Sadio Diouf, et son co-prévenu Cheikh Ahmadou Bamba Bâ, fils d’Assane Bâ, ex-directeur de cabinet de l’ancien ministre Farba Senghor, ont été jugés hier, devant le tribunal correctionnel de Dakar. Les deux jeunes libéraux sont accusés d’avoir mis le feu à un bus de la société de transport Dakar Dem Dikk (DDD). L’incident a eu lieu, le 21 janvier 2015. Ce jour-là, les libéraux voulaient tenir un sit-in au ministère de la Justice pour dénoncer le procès de Karim Wade. La manifestation ayant été dispersée, ils sont retournés à l’Université où d’autres étudiants manifestaient.
Il résulte des faits, qu’arrivés devant le campus social de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), ils ont incendié un bus en panne sur le boulevard Cheikh Anta Diop. Selon un des témoins du nom de Bara Fall, trois personnes à bord d’une Peugeot sont venus enlever les pneus pour les mettre dans le bus et mettre le feu. Cet individu absent, hier, désigne Victor Diouf et Bamba Bâ comme faisant partie des pyromanes.
A la barre, Bamba Bâ a désigné Victor Diouf comme étant le commanditaire. ‘’ Lorsque nous avons quitté le Lycée Lamine Guèye, Victor Diouf m’a remis 2000 F pour acheter de l’essence. Ensuite, j’ai donné le carburant à Alioune Samba Sène que j’ai trouvé devant le siège de la CREI (Cour de répression de l’enrichissement illicite)’’, a soutenu Bamba Bâ face aux juges. Lorsque le président lui a demandé à quoi était destinée l’essence, le prévenu a rétorqué que c’était pour brûler des véhicules, comme ils avaient l’habitude de faire, à chaque manifestation. Le fils de l’ancien Dircab de Farba Senghor a ensuite cherché à se disculper, en soutenant qu’au moment de l’incendie, il était déjà parti.
Mais, le secrétaire général du MEEL a battu en brèche ces accusations de son frère de parti. Victor Diouf a nié l’avoir mandaté acheter du carburant. ‘’Si j’avais à le faire, j’aurais choisi parmi les étudiants qui connaissent mieux l’université’’, s’est-il défendu. Le prévenu de rectifier Bamba Bâ, en soutenant avoir envoyé, par Wari, la somme de 6800 F CFA à tous les responsables pour la mobilisation des militants, en vue du sit-in qui était prévu le même jour. ‘’J’ai envoyé de l’argent et je ne sais pas ce que les gens en ont fait ’’, a déclaré Victor Diouf. Sur sa lancée, il a affirmé qu’il ne connaît pas le nommé Alioune Samba Sène à qui Bamba Bâ dit avoir donné l’essence. Interpellé à nouveau, suite aux dénégations de son co-prévenu, Bamba Bâ a persisté dans ses accusations, alléguant qu’il ne dit jamais de contrevérités et qu’il n’a aucun intérêt à charger Victor Diouf avec qui il a grandi.
DDD réclame 15 millions F CFA aux libéraux
C’est pourquoi, Me Bamba Cissé, avocat de DDD, a jugé les faits constants, non sans dénoncer l’incivisme des étudiants prévenus. Pour la réparation, il a réclamé la somme de 15 millions F CFA au titre de dommages et intérêts. Le représentant du parquet, Pape Ismaïla Diallo, a abondé dans le même sens concernant la constance des faits. Par contre, il considère que les prévenus méritent des circonstances atténuantes, du fait qu’ils ont toujours comparu, depuis leur mise en liberté provisoire. C’est pourquoi, il a requis deux ans assortie du sursis.
Cependant, pour la défense cette peine est sévère. Car, selon Me Moustapaha Dieng, ‘’cette affaire doit être replacée dans son contexte où le PDS était diabolisé, avec la traque de tous ses responsables’’. Mieux, il a dénoncé ‘’des bizarreries’’ et l’absence de preuves, avant de demander que DDD soit débouté, car le préjuge subi ne peut même pas être évalué à 100. 000 F CFA. Mes Borso Pouye, Adama Fall, Bidjély Fall ont ajouté qu’il n’existe aucun lien entre les prévenus et les faits. Me Thioub a soutenu que seule une expertise peut permettre de savoir si l’incendie est causé par l’essence. Au regard de tous ces arguments, Me El Hadj Amadou Sall a sollicité du tribunal que les prévenus soient relaxés. Délibéré, le 12 juillet.