Votée le vendredi 27 novembre dernier, la loi sur la transplantation fait actuellement le bonheur des hémodialysés et du corps médical. Cependant, cette mesure est loin d’être appréciée par certains spécialistes évoluant dans le privé.
La loi sur la transplantation est votée. Elle était attendue, pas seulement par la communauté médicale, mais également par les malades ainsi que leurs familles. ‘’C’est en 2005 que nous avons commencé à travailler sur ce texte législatif. Nous avons pu travailler avec toutes les composantes de la société, les députés, les religieux. Donc, c’est un grand plaisir pour nous que cette loi soit votée par l’Assemblée nationale. Ceci nous permet d’aller vers cette pratique, parce qu’il est extrêmement difficile, dans un pays, de réaliser cette activité sans loi. Sans législation, c’est la porte ouverte à tous les abus et ceci n’est ni bien pour le corps médical encore moins pour la société ‘’, avait soutenu le néphrologue Abdou Niang dans un entretien accordé à Enquête.
C’est pourquoi il est important de légiférer pour pratiquer cela dans les conditions de transparence. ‘’Jusqu’à présent, nos malades qui souffrent d’insuffisance rénale, c’est une population très jeune. La moyenne d’âge est de 35 ans. Il y a des enfants âgés de dix ans, parfois moins, d’autres de 15 ans, 20 ans. Ces malades vivent cette dialyse dans des conditions difficiles qui perturbent leur parcours scolaire ou leur travail. Ceux qui en avaient les moyens, une infime partie, allaient se faire greffer à l’étranger (Inde, Tunisie, Maroc). Si nous parvenons à réaliser entre 20 et 50 transplantations par an, ceci aidera beaucoup de malades, en particulier les jeunes, à survivre ‘’.
Mais, cette greffe selon une source médicale, n’arrange pas certains néphrologues qui œuvrent dans le privé. ‘’Si cela ne dépendait que d’eux, les députés n’allaient jamais voter cette loi. Ils gagnent une fortune avec la dialyse en complicité avec certains agents du ministère de la santé. S’il n’y a pas eu d’arrestation ou de fermeture de centre, c’est parce que ce sont des agents du ministère de la santé qui les couvrent’’, informe la même source. D’ailleurs selon notre interlocuteur, chaque année, l’Etat perd 1 milliard FCfa dans la dialyse. ‘’On ne sait jamais où est passé l’argent et à quel fin. Tout est flou. C’est une grosse mafia qui est notée dans la dialyse. C’est pourquoi la greffe ne les arrange pas’’, confie-t-il.
Pour le président de l’Association des hémodialysés d’ABCH Badara Mbaye, la greffe est une bonne chose mais constate que la pratique va poser problème. ‘’Notre préoccupation est qu’il faut avoir une personne qui peut donner son rein. Avec nos réalités ce sera difficile. Quand j’ai fait la proposition à mon épouse après le vote de la loi, elle a été catégorique. Elle m’a dit je t’aime vraiment, mais il ne faut pas qu’on parle de ça. On souhaite pouvoir compter sur les personnes décédées. Si on peut récupérer leur reins on pourrait avoir un taux élevé pour faire la greffe. Malheureusement, ce n’est pas autorisé par la loi’’, se désole-t-il. Et d’ajouter : ‘’C’est compréhensible cette posture de l’Etat qui veut éviter les déraillements. C’est le seul souci que nous avons avec cette loi’’.