L’avenir de l’initiative de la Grande muraille verte (GMV) se discute au Sénégal. Dakar abrite, du 11 au 17 juin 2016, au King Fahd Palace, la 5ème session ordinaire du Conseil des ministres de l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte (APGMV). Cette réunion, sera l’occasion pour les experts et ministres des pays concernés d’échanger sur les actions de terrains à mener. “Fini donc le temps des lamentations», dixit Harouna Thiam, représentant du PNUE. L’heure est venue de transformer les contraintes liées au changement climatique, la désertification, la destruction des écosystèmes, etc., en opportunité.
Le Conseil des ministres de l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte (APGMV) va statuer, en vue de l’adopter, sur le document stratégique de l’APGMV les 13 et 14 juin. Auparavant, dans le cadre de cette 5ème session ordinaire du Conseil des ministres de l’APGMV qui se tient à Dakar du 11 au 17 courant, les experts de pays concernés notamment le Burkina Faso, le Djibouti, l’Ethiopie, la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Soudan et le Tchad, ont déjà partagé le texte les samedi 11 et dimanche 12 juin.
Une occasion pour Samba Harouna Thiam, Représentant du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) de déploré la destruction des écosystèmes, la dégradation des sols dont souffre la région Saharo-Sahélienne. Suffisant pour qu’il lance un appel à l’action. «Fini le temps des lamentations, l’heure est venue de prendre son destin en main, de mener des actions pour transformer les contraintes en opportunité». Pour cela, il faut réussir à «concilier les besoins des populations aves ces défis» à relever.
En somme, la session de Dakar va déterminer l’avenir de l’APGMV, créée en 2010, a ajouté le représentant du Commissaire à l’Agriculture et le Développement durable de l’Union africaine. A son avis, l’UA est pour une «agence forte et opérationnelle».
LA GMV, UN PROJET DE GENERATIONS
Et le Professeur Abdoulaye Dia, Secrétaire exécutif de l’APGMV de relever que son agence est un défi ambitieux de coopération entre Etats africains pour faire des régions arides des zones de développement. «C’est un projet de générations, une approche intégrée de développement» en menant des activités de développement dans toutes les zones couvertes. Il s’agit, entre autres attentes, de parvenir à développer une agriculture intelligente dans les zones arides.
La 1ère phase quinquennale (2010-2015) marquée, entre autres, par la mise en place des institutions et adoption des textes réglementaires étant bouclée, place à la 2ème phase (2016-2020) qui est celle des actions de terrain, de l’opérationnalisation des engagements. Car, reconnait-il, beaucoup de choses restent encore à faire. «Nous avons la volonté, l’expertise existe, mais le chemin est encore long. Mais pour y parvenir, nous avons besoins de la communauté internationale, en plus des engagements des Etats africains», l’argent étant le nerf de la guerre, ajoute le Professeur Dia.
Dans le même sillage, Boubacar Cissé, Représentant du Secrétariat de la Convention des Nations Unies contre la Désertification (CCNUD), note que la GMV, en plus d’être un projet phare pour l’Afrique, est une «vision de développement durable». Et, la neutralité de la dégradation des terres est un excellent levier, une opportunité pour capter des financements mixtes comme le Fonds vert climat, l’Afrique étant le contient le plus affecté par la désertification. D’où l’importance de la réunion de Dakar, la 1ère du genre après l’adoption des 17 ODD dont la cible 15.3 est accélératrice des autres objectifs.
LES POPULATIONS AU CENTRE DES INTERVENTIONS
Présidant la cérémonie d’ouverture de cette réunion, Amédi Camara, le ministre Mauritanien de l’Environnement et du Développement durable, a rappelé que l’initiative de la GMV a été lancée pour assurer la transformation des zones arides du Sahel par le rétablissement de la viabilité et la valorisation des écosystèmes et des systèmes productifs afin de créer, à l’horizon 2025, des Pôles ruraux de production et de développement durable et contribuer à l’atteinte des Objectif de développement durable (ODD).
Selon le président en exercice du Conseil des ministres de l’APGMV, «cette vision va dans le sens de construire par nous-mêmes notre stratégie de mise en œuvre». C’est en cela que les programmes élaborés par l’APGMV, adaptés dans chacun des pays concernés, sont importants pour permettre aux «populations d’être au centre des interventions pour assurer la pérennisation des acquis avec une bonne gestion des ressources naturelles en utilisant les meilleures pratiques afin d’accroitre leurs revenus et d’être de vrais acteurs au service de la société».
Pour Amédi Camara, le projet africain d’édification de la Grande muraille verte s’affirme, de jour en jour, comme étant un «véritable mécanisme de gestion durable des terres et un instrument d’adaptation et de résilience des populations face au changement climatique». Toutefois, malgré la volonté affichée des Etats africains de compter d’abord sur eux-mêmes, le changement climatique avec ses corolaires, les sécheresses successives, la désertification, la dégradation des terres réduisent leurs efforts. D’où la nécessité, dit-il, de «mobilisation de financements» et «agir ensemble dans le sens de leur concrétisation» des promesses de la COP21 de Paris.