A côté des prêches et autres récitals de versets coraniques, le mois de Ramadan au Sénégal est une occasion particulière pour les scénaristes de rivaliser de talent …par télévisions interposées. Les différents appels à la rupture du jeûne le soir, sont précédés de sketchs mettant en scène des humoristes et autres comédiens pour aider les jeûneurs à tromper la faim, tout en véhiculant des messages. Maintenant que ça rapporte gros (publicité), toutes les télévisions sont dans le tempo.
«Kooru»…X, «ndoguli», etc. rien que leur appellation est évocatrice. Ces sketchs télévisés diffusés le soir à l’heure de la rupture du jeûne à travers différentes chaines de télévisions font aussi une particularité du Ramadan au Sénégal. Une des pionnières dans ce domaine, après la télévision nationale (RTS) qui depuis 2004 a lancé «kooru Lama», du nom de Lamarana, un artiste qui s’identifie à travers son accent, comportement et accoutrement à l’image des Peulh de Guinée, la télévision du groupe Walfadjri (Walf Tv) garde toujours sa série.
Tous les soirs sur Walf Tv, les téléspectateurs qui ont les yeux rivés sur le petit écran, retiennent l’image de cet homme avec une forte corpulence qui sème le désordre devant un père beaucoup plus préoccupé par ses épouses ou bien de sa «Aldiana», la toute dernière du tiercé. Tann Bombé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, tient en haleine son public. Si ce n’est un vocabulaire wolof torturé, il se distingue par ces moindres faits et gestes. Ses fans ne manqueront pas, cette année, de s’émouvoir de son large pantalon, sa grande chemise, mais aussi de son poulet qu’il garde jalousement au point de l’appeler mon âme (épisode 2). Tann Bombé n’a aucune pitié pour son vieux père qui, à cause de ses déboires, est souvent privé de nourriture à l’heure de la rupture, malgré tout son investissement pour procurer un bon «ndogu» à sa famille le soir.
Dans le lot de ces organes qui diffusent des sketchs au moment de la rupture du jeûne, figure la Télévision futurs médias (Tfm). Au moins deux séries y sont diffusées à l’heure du «ndogu». La chaîne de Youssou Ndour s’est attaché les services de la troupe théâtrale «Soleil levant» de Thiès. Cheikhou Gueye, pardon «Sa Nekh» et ses amis s’imposent aux téléspectateurs. Dans «Kooru Soleil levant», la bande des Thessois marche sur les pas de deux gens qui, en plus de faire le pied de grue devant le domicile d’une personne nantie à la quête de quelques billets de 10.000 F Cfa, cherchent à se faire des profits par la «Livlé son à dmi chile». Si cette déformation de la «livraison à domicile» est drôle, mais la chanson qui l’accompagne l’est encore plus.
Autre télévision, autres acteurs pour le même divertissement-sensibilisation. Sur la 2Stv, Mère Dial, tout au moins Ndéye Séne, étale son art. Démarré l’année dernière sur une autre télé, «kooru Mère Dial» a déposé ses baluchons chez El Hadji Ndiaye. La comédienne, accompagnée de sa famille (Amy Collé et Moustapha Thiam Nioukhite), égaye son auditoire. Dans les deux premiers épisodes, Mère Dial tient vaille que vaille à célébrer son mariage avec Lynx, l’américain qui a l’âge de son fils Sopé, parti à l’étranger. Et, cela, en dépit du refus de ces enfants. La suite, Dial qui a orchestré un deal réussit quand-même à sceller l’union. Malheureusement pour le couple, le mariage est parti pour être cauchemardesque. Car, Nioukhite et Amy Collé sont déterminés à mettre un terme à l’union de leur mère.