La coordinatrice de la santé de la reproduction du district sanitaire de Kanel, Aminata Sow Kane, a plaidé lundi pour l’intégration du genre dans le développement de la santé communautaire afin de booster les indicateurs en santé de la région de Matam.
‘’Le département de Kanel, qui a la particularité de tirer les indicateurs de la région de Matam, aussi bien pour qu’ils soient rouges ou verts, souffre d’un manque de moyens à tous les niveaux’’, a-t-elle a confié en marge d’un forum initié par la Direction de l’équité et de l’égalité de genre (DEEG) en mission à Matam.
Quelques députés de la région de Matam (dépt de Ranérou, Matam et Kanel), ainsi que plusieurs acteurs de département, ont pris part à cette rencontre, qui entre dans le cadre d’une visite de terrain que la DEEG effectue dans cette circonscription administrative.
Elle permet de documenter et de renforcer la sensibilisation des populations à travers une synergie d’actions entre les acteurs, surtout chez les hommes et les leaders d’opinion, pour booster les indicateurs en matière de santé reproductive.
Selon Aminata Sow Kane, les décès maternels, trop nombreux dans le département de Kanel, sont logés au premier chef de ces indicateurs, ‘’surtout dans le Diéry et le Ferlo’’ a-t-elle précisé.
‘’Les décès maternels sont pour la plupart causés par l’hémorragie de la délivrance dans la mesure où on reçoit des femmes qui viennent accoucher, alors qu’elles sont totalement anémiées’’, a expliqué la sage-femme.
Il y a aussi, d’après elle, un problème d’accessibilité, avec l’enclavement des villages qui impose aux femmes de faire plus de 150 km pour aller au poste de santé. Ce qui, selon elle, ne favorise pas une prise en charge correcte et précoce.
‘’De ce fait, regrette-t-elle, elles préfèrent faire un accouchement à domicile, non assisté, et cela ne fait qu’augmenter le taux de mortalité maternelle.’’
S’agissant de la planification familiale qui permet à la femme d’organiser ses naissances, note encore Mme Kane, les femmes n’ont pas de pouvoir de décision, pour fréquenter les services de planning familial, sans l’aval de leur mari ou de leur belle mère.
‘’Voila pourquoi, dit-elle, il est important d’orienter la sensibilisation vers les maris, les belles mères et toute la communauté.’’ Elle invite à ce propos les autorités sanitaires à davantage tournée le regard vers ce département qui souffre de son poids démographique et de ses tabous.