Le Salon international de l’agriculture de Paris a fermé ses portes hier. La présence sénégalaise a été fortement remarquée et a permis aux structures institutionnelles de se confronter à ce qui se fait de meilleur dans leur secteur mais surtout aux agriculteurs sénégalais d’exposer leurs produits et de trouver d’éventuels nouveaux marchés.
La 14ème participation du Sénégal au Salon international de l’agriculture donne des motifs de satisfaction aux fermiers sénégalais. « Nous ne pouvons pas satisfaire le marché », regrette Mamour Guèye, représentant la ferme Ngueya Sarl. « Par exemple, sur la mangue, nous pouvons avoir des demandes de trois à cinq conteneurs par semaine alors que nous ne pouvons en fournir que deux », ajoute-t-il. Malgré l’aide de la Banque nationale de développement économique (Bnde) sur la logistique et le financement, les agriculteurs sénégalais présents au parc des expositions de la porte de Versailles pensent qu’il y a encore des efforts à faire. « Pour un conteneur de 22 tonnes de mangues, il nous faut 9,5 millions de FCfa (achat, conditionnement et mise en free on bord) », détaille Mamour Guèye. Pour Mouhamadou Watt, gérant les intérêts de la ferme « Bud Sénégal » anciennement appelée Ferme américaine, le secteur agricole sénégalais développe « les cultures vivrières qui représentent 80% des produits.
Parmi elles, il y a celles à haute valeur ajoutée à l’exportation comme la tomate, les haricots verts, le melon et, depuis peu, le gombo. Rien qu’avec ces cultures, on peut faire vivre la population locale, faire rentrer des devises sans compter les emplois créés », explique-t-il. Les deux agriculteurs pensent que le président Sall a raison de mettre l’agriculture au centre du Plan Sénégal émergent « si le gouvernement y met les moyens car il y a les hommes, la terre et les produits. Il ne manque que les moyens d’accéder aux produits », ajoute M. Guèye. Alors que M. Watt préfère attendre de « voir s’il y a une vraie volonté politique pour enfin développer l’agriculture ». Pour un meilleur rendement agricole, « il faut de l’eau et des moyens financiers pour l’industrialisation et certains intrants pour améliorer les produits en quantité et en qualité, explique Mamour Guèye. Le marché et les clients, nous les avons déjà, il faut juste répondre aux demandes ».
En effet, les deux fermiers sénégalais réfutent les clichés sur les produits sénégalais qui seraient de mauvaise qualité. « Nous respectons les exigences de l’Union européenne, coupe Mamour Guèye. C’est la qualité qui se vend. Notre marché principal porte sur la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Angleterre. En général, nos produits ne font que transiter par la France ». « Ce sont nos concurrents directs sur le marché international, constate Mamour Guèye. C’est une concurrence déloyale car ils ont des moyens que nous n’avons pas alors que nous produisons les mêmes variétés. Le Pse est fait pour que l’argent retourne vers le Sénégal ». Pour faire face, les agriculteurs comptent intensifier leur logistique pour être plus compétitifs. Le Conseil sénégalais des chargeurs (Cosec), par la voix de Mame Aïssa Ndiaye, promet d’assurer un soutien en « infrastructures, robotique, intrants, pistes de production et réseaux de distribution ».
A défaut d’une concurrence loyale, le Salon de l’agriculture a permis aux fermiers et agriculteurs sénégalais de nouer des partenariats dans le domaine des semences et des engrais mais surtout de vendre certains produits phares. « Nous avons pu trouver des clients pour les mangues », se réjouit Mouhamadou Watt. « Le melon sénégalais est très coté, nous le produisons toute l’année car c’est un produit qui a besoin d’un fort taux d’ensoleillement. Le piment n’est pas encore très développé car c’est un marché ethnique », ajoute-t-il.
De notre correspondant permanent à Paris, Moussa DIOP
Malick Diop AsepexMALICK DIOP, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’ASEPEX: « POUR AMÉLIORER LES EXPORTATIONS, IL FAUT TRAVAILLER SUR LA LABELLISATION DE L’ORIGINE SÉNÉGAL »
Avec un stand accueillant pas moins de cinq entreprises sponsorisées, l’Agence sénégalaise de promotion des exportations (Asepex) compte fructifier sa participation au Salon de l’agriculture (22 février au 2 mars) avec des partenariats sur le marché international. Son directeur général, Malick Diop, évoque les différents points pour une meilleure exportation des produits sénégalais.
Le directeur général de l’Agence sénégalaise de promotion des exportations (Asepex), docteur Malick Diop, a multiplié les tête-à-tête et reçu des visiteurs du stand du Sénégal durant le Salon international de l’agriculture de Paris. A l’arrivée, il réagit avec « satisfaction ». « Le Salon de l’agriculture attire 700.000 visiteurs dont beaucoup de professionnels, ce qui en fait un lieu d’échange et de partage avec les entreprises sénégalaises exportatrices. Le Salon de l’agriculture leur permet de rencontrer des importateurs et d’avoir des marchés avec eux », ajoute-t-il. C’est en droite ligne des engagements et prérogatives de l’Asepex, chargée d’accompagner, de manière directe et indirecte, les entreprises. « Dans ce salon, nous avions un stand bien animé parce que les visiteurs veulent avoir des informations sur ce qui se vend au Sénégal. Nous avons spécifiquement des produits agricoles et horticoles. Nous y avons ajouté quelques produits de mer comme les moules et les poissons séchés. Ce qui fait que nous avons eu, tout au long de ce Salon de l’agriculture 2014, une fréquentation intéressante de notre stand », ajoute le patron de l’Asepex.
Améliorer l’exportation des produits sénégalais
Malick Diop déclare avoir « mis en place le plan stratégique de développement des importations 2014, 2015 et 2016 avec une augmentation de 10 % tous les ans. Il y a un axe qui porte sur l’amélioration de la qualité. Dans ce Salon international de l’agriculture, nos produits répondent aux normes européennes sur les produits cosmétiques, diététiques, agricoles bruts ». L’agriculture et les exportations de produits agricoles occupent une place importante dans le Plan Sénégal émergent (Pse). Le premier axe de cette politique porte sur les « exportations en priorité, à savoir une production plus stabilisée et en augmentation jusqu’à atteindre le degré de pouvoir être exportée. D’où l’importance des exportations dans l’objectif d’arriver à 7 % de croissance en 2017 ».
Malick Diop était présent lors des deux jours de rencontre des bailleurs et investisseurs à Paris. « Nous avons beaucoup travaillé avec les importateurs lors de la rencontre avec le secteur privé (25 février dernier, à la Chambre de commerce de Paris, ndlr) ». A la Banque mondiale, « il y a eu des intentions venant des partenaires financiers. Ces entreprises sont intéressées par le volume et la qualité. C’est pour cela qu’aujourd’hui, avec la communication faite lors de ce salon, nous avons mis l’accent sur la qualité des produits sénégalais ».La quantité produite n’est pas en reste dans la
politique de l’Asepex qui compte travailler avec le ministère de l’agriculture et la Bnde. « Les entreprises que nous avons amenées au Salon de l’agriculture de Paris ont eu des marchés mais aussi des gaps de financement. Le directeur général de la Bnde, Thierno Seydou Nourou Sy, est venu pour identifier ces gaps de financement. Après labellisation, elles seront automatiquement financées ».
Malick Diop énumère trois conditions pour améliorer l’exportation des produits sénégalais. Le premier porte sur « l’amélioration de l’offre exportatrice » alors que le deuxième doit permettre « l’identification des marchés ». « D’abord en consolidant les marchés porteurs comme l’Uemoa ou la Cedeao et puis aller vers les marchés stratégiques nord-américains et européens ». Le troisième critère projette d’explorer de nouveaux défis comme « les marchés de niche, en particulier ceux de pays émergents comme en Asie et en Amérique latine ».
Pour cela, il faudra travailler sur « l’origine Sénégal en labellisation et améliorer la politique des exportations en renforçant la capacité des membres de l’Asepex, en synergie avec toutes les structures impliquées dans les exportations. Les exportations représentent 1200 milliards (l’Europe tourne autour de 30 %) ».