«Chambres africaines extraordinaires: quelles leçons en tirer pour la lutte contre l’impunité en Afrique», «Les attentes des tchadiens, après 25 ans de lutte pour un procès, ont-elles été comblées ?», «L’expérience des CAE: quelles leçons pour la justice internationale en matière de sensibilisation ?» Ce sont là des thèmes d’un débat-public, organisé en partenariat avec l’Institut des Droits de l’Homme et de la Paix (IDHP), hier mercredi 01 juin 2016 à l’amphi 4 de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’UCAD. Occasion pour les panélistes se sont désolés d’entendre les autorités évoquer une possibilité de grâce de Hissein Habré.
Après la condamnation à perpétuité de Hissein Habré, ancien président du Tchad, par la Chambre africaine extraordinaire d’Assises pour crimes contre l’humanité, actes de torture et violes, de voix ne cessent de se lever pour apprécier le verdict et les différents commentaires qui ont suivi. C’est dans ce cadre que le Consortium de sensibilisation sur les Chambres africaines extraordinaires (CAE), en partenariat avec l’Institut des Droits de l’Homme et de la Paix (IDHP) de l’UCAD a organisé un débat-public hier, mercredi 01 juin 2016 à l’UCAD. La rencontre dont le thème est «Procès de M. Hissein Habré devant les CAE: un verdict très regardé en Afrique» a été une occasion pour les débatteurs de se désoler d’entendre évoquer une possibilité de grâce du président Habré à la fin de la procédure. Mieux les panélistes se démarquent du ministre de la Justice du Sénégal, Me Sidiki Kaba, qui en a émis l’idée lors d’une conférence de presse au lendemain du verdict. Aussi ont-ils regretté l’absence dzes co-accusé de Habré à ce procès.
Pour les participants, Hissein Habré aurait dû être condamné par la CAE avec ses coresponsables. «Je suis désolé de voir des responsables de la DDS (Direction de la documentation et de la sécurité, ndlr) occuper de hautes fonctions au Tchad», a dit Gilbert Maoundonodji, docteur en Science politique et responsable au Tchad de mise en œuvre de la sensibilisation sur les CAE. Selon lui, le verre est à moitié rempli, moitié vide car il reste des choses à faire, à savoir l’indemnisation des victimes, des lieux sinistrés doivent être transformés en sites de mémoire etc.
Toutefois, les participants se sont réjouis non seulement de la condamnation à perpétuité de l’ancien président du Tchad, mais aussi des leçons que peuvent tirer les chefs d’Etat africains actuellement aux pouvoirs de ce procès. «La peine à perpétuité a été justifié par le fait que le lion de Ndjamena des années 80 n’a pas exprimé ses regrets et ses compensions durant le procès. Et, pire, il n’avait pas respecté les juges», a rétorqué Mme Martien Schotsman, juriste et directrice de la RCN justice et démocratie, membre du consortium de sensibilisation sur les CAE. Cette condamnation a une logique pédagogique dans la mesure où elle servira de leçons aux chefs d’Etat (que l’impunité est finie), et montre encore que les africains peuvent prendre leur destin en mains dans tous les domaines, ont-ils souligné.