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© aDakar.com par DF
Ouverture du procès de Hissène Habré Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture". |
Hissein Habré devra passer le reste de ses jours en prison. Il a été condamné à perpétuité hier à Dakar par les Chambres africaines extraordinaires. Celles-ci l’ont reconnu coupable de crime contre l’humanité, crimes de viols, d’esclavage sexuel, de traitements inhumains, d’enlèvements de personnes suivis de leur disparition. La cour motive cette décision par l’extrême gravité des crimes commis et l’attitude méprisante et insultante de l’accusé à l’égard des membres des Chambres. L’accusé garde ses biens et dispose de 15 jours pour interjeter appel.
Les Chambres africaines extraordinaires n’ont pas tremblé, hier, pour trancher l’affaire opposant l’accusé Hissein Habré au ministère public. Elle a condamné l’ex-président du Tchad à perpétuité comme l’avait souhaité le procureur général Mbacké Fall. L’ex-homme fort de Ndjamena va ainsi passer le restant de ses jours en prison. Mais la Cour a tenu à préciser que ses biens ne seront pas confisqués. Tout de même, la cour l’a reconnu coupable de crimes contre l’humanité, de crimes de viols, d’esclavage sexuel, de traitements inhumains, d’enlèvements de personnes suivis de leur disparition. Une sentence très lourde qui, pendant quelques secondes, a plongé la salle 4 du Palais de justice de Dakar dans un silence assourdissant.
Motivant cette décision, le juge Kam relève que les Chambres ont pris en compte «l’extrême gravité des crimes». Les Chambres ont aussi tenu compte du fait que ces crimes ont été commis de manière ininterrompue durant tout le règne de Hissein Habré, du 7 juin 1982 au 1er décembre 1990, date de la fin de son pouvoir. Pour le président des Chambres, des milliers de victimes ont perdu la vie. D’autres, souligne-t-il, continuent aujourd’hui de souffrir laissant apparaître des traces indélébiles. La Cour, qui a rendu cette décision, souligne d’autre part le rôle central de Hissein Habré qui a été chef d’orchestre, président, le chef suprême des armées, ministre chargé de la Défense. A leurs yeux, Hissein Habré a créé un système d’impunité où la terreur était la loi.
La Cour désigne Hissein Habré coupable de viol sur la personne de Khadija Zidane dite «La rouge» et conclut qu’il l’a violée à quatre reprises. Il considère que le témoignage de cette détenue est «cohérent» et est «corroboré» par une autre détenue.
Multipliant les griefs, le juge Kam relève l’attitude de l’accusé durant les audiences. «Il a méprisé et insulté les membres de la Cour», souligne-t-il. Poursuivant, il soutient que «Habré a caché son visage à l’aide d’un turban. Il a aussi caché son regard avec des lunettes noires. Il n’a montré aucun signe de compassion à l’égard des victimes». L’ex-homme fort de N’djamena a tout de même bénéficié de quelques circonstances atténuantes notamment, rapporte le juge Kam, «son âge assez avancé et le soutien qu’il apporte à ses proches, selon l’enquête de personnalité». Seulement, note encore Kam, les circonstances aggravantes citées plus haut l’emportent largement. Par conséquent, celles-ci n’ont aucun impact sur la sentence.
Une seule possibilité s’offre maintenant au condamné : l’appel. Pour cela, Habré a juste 15 jours pour agir dans ce sens. En attendant que les avocats commis d’office décident d’interjeter appel, le condamné poursuit son séjour carcéral au Cap Manuel pour le plus grand plaisir des nombreuses victimes et associations de défense des droits humains présentes dans la salle. Les Tchadiens ont manifesté leur joie à travers des cris de youyou.
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