Il n’y a pas de quoi fouetter un chat dans la sortie d’Ousmane Sonko qui a d’abord accusé les députés de ne pas payer les impôts, avant de revenir à la charge pour préciser leurs impôts ne sont reversés au Trésor public. Ou du moins, c’est l’analyse faite par Mameboye Diao. Responsable politique à Kolda, membre de l’Alliance pour la République, le directeur des Services fiscaux régionaux estime que la responsabilité devrait plutôt être imputée aux services comptables de l’Assemblée nationale, tout en conseillant ses camarades Apéristes à plus de réserve et de retenue sur certaines questions d’ordre technique.
«Tous les contribuables sénégalais doivent quelque chose à l’Etat. Je n’en vois pas un seul qui n’a pas de passif. Ce qui est inélégant c’est de vouloir en distinguer quelqu’un (Assemblée nationale, Ndlr) pour en faire une arme politique, c’est là que je ne suis pas d’accord (avec Ousmane Sonko, Ndlr)», a déclaré Mameboye Diao lors de l’émission «En Toute Vérité» diffusée hier, dimanche sur Sen TV.
«Toutefois, s’est-il empressé de préciser, le président de la République étant disposé à mettre le Sénégal sur la voie de la transparence, il est important qu’on sache qui contribue, qui paie, qui ne paie pas… Mais, il n’y a pas de détournement de deniers publics en parlant de retenues non reversées ou de TVA non reversées».
Mieux, fait remarquer M. Diao, «si on appliquait le principe pénal, tout le monde allait se retrouver en prison. Notre boulot (inspecteurs des impôts, Ndlr), c’est de veiller à ce que les impôts défalqués sur les salaires soient reversés au Trésor public. Le redressement est notre boulot au quotidien. Nous en faisons des milliers par an, pour les établissements publics, parapublics, des entreprises privées… »
Ce qui fait dire à Mameboye Diao que «le redressement est une banalité chez nous (inspection des impôts). Les seuls responsables sont ceux qui gèrent la comptabilité de l’Assemblée nationale et non les députés».
«Ne pas utiliser des informations à des fins politiques»
Sans le citer nommément, Mameboye Diao a déploré l’attitude de son collègue, Ousmane Sonko secrétaire général du parti Pastef, qui selon lui, a utilisé ses secrets que lui confère la loi, pour en faire une «arme politique». «Je ne crois pas que ça soit des informations qu’il faut dévoiler sur la place publique. Et pour cause, nous, inspecteurs des impôts pouvons détenir des informations, par la position que la loi nous confère. C’est ainsi que nous pouvons être au courant du patrimoine de chacun d’entre vous, de vos salaires, de vos dettes. Au Sénégal, nous avons un système dit déclaratif. Devons-nous utiliser les informations que nous détenons parce que la loi, nous les confère et les utiliser à des fins politiques ?», s’interroge-t-il. «Je pense que non», conclut-il.
Nonobstant, cette position de son collègue qu’il dit ne pas partager, Mameboye Diao, appelle ses camarades de parti qui soutiennent sa radiation de la fonction publique à plus de retenue. «Je ne vais pas être extrémiste pour demander une radiation. Je ne suis pas non plus de ceux qui pensent que les hauts fonctionnaires ne devraient pas faire de la politique. Sinon, nous n’aurions pas eu des présidents comme Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf ou encore Macky Sall. Ce sont tous de hauts fonctionnaires avant d’être des hommes politiques», a-t-il soutenu.
RAPPORT DE L’OFNAC
«L’Ofnac est dans sa vocation de recevoir les complaintes de sénégalais. Les dossiers devraient, par la suite, être transmis au Parquet et une affaire judiciaire suivra. La seule chose que je souhaite, c’est qu’on respecte la volonté du président de la République, dans le respect aussi de la présomption d’innocence. Sans occulter la procédure contradictoire», a déclaré Mameboye Diao.