Le président de la République a lancé le dialogue national ce samedi 28 mai, en présence de plusieurs acteurs des forces vives de la nation. Lors de cette rencontre, Macky Sall a pris plusieurs engagements en vue de la pérennisation du dialogue.
Le 28 Mai, une journée désormais inscrite dans les annales historiques et politiques du Sénégal. Critiqué par une partie de la classe politique et de la société, pour son manque de dialogue, depuis qu’il est à la tête de l’État, le président de République a décidé de corriger ce «vice». En effet, s’exprimant au terme de la cérémonie de lancement sous sa présidence au Palais de la République, le chef de l’État a ainsi annoncé sa décision d’institutionnaliser cette journée du 28 mai comme journée du dialogue national au Sénégal.
«À partir d’aujourd’hui, je décrète le 28 mai, journée nationale du dialogue», a annoncé le président Macky Sall sous les applaudissements de ses invités. Poursuivant son propos, le chef de l’État a annoncé dans la foulée la mise en place prochainement d’un comité de pilotage chargé de mener ce dialogue avant d’expliquer que «l’intérêt d’une telle mesure, c’est que nous saurons que chaque année, même si nous avons des contradictions avant la journée du 28 mai, il va falloir apporter des réponses aux problèmes qui se posent entre acteurs».
Outre cette mesure, le chef de l’État a également exprimé son accord sur plusieurs autres questions soulevées par certains acteurs parmi les 56 personnalités qui ont pris la parole au cours de la rencontre. Il s’agit notamment de l’audit du fichier électoral pour supprimer les électeurs restés longtemps sans voter ou qui n’ont jamais voté, du dialogue politique avec tous les acteurs pour arriver à la rationalisation des partis politiques en vue de leur financement. D’ailleurs, selon le chef de l’Etat, cette question relève d’une urgence à régler par la classe politique le plus rapidement possible. Par ailleurs, le chef de l’État a également exprimé son souhait de consacrer dans les jours à venir plus de temps à la classe politique dans le cadre de la relance de ce dialogue au terme de son mandat à la tête de la Cedeao, le 4 juin prochain.
Statut de chef de parti et ministre de l’Intérieur politique
Si le chef de l’État s’est montré très ouvert sur les questions relatives à l’audit du fichier électoral ou encore à la rationalisation des partis politiques, il n’en est pas de même sur la posture du président chef de parti ou encore d’un ministre de l’intérieur politique. En effet, prenant la parole pour apporter des éléments de réponses aux questions soulevées par certains parmi les 56 orateurs qui avaient pris la parole lors de cette cérémonie de lancement du dialogue national, le chef de l’État, Macky Sall, a réaffirmé son refus. Estimant que son parti est encore très jeune, il ainsi clairement affirmé qu’il ne quittera pas la direction de parti. Idem pour la requête de limogeage du ministre de l’Intérieur et militant de l’Alliance pour la République (Apr), Abdoulaye Daouda Diallo porté par Cheikh Bamba Dieye et Oumar Sarr du Pds.
DIALOGUE NATIONAL : Macky Sall dégage ses attentes
Le président de la République a exprimé le samedi 28 mai dernier ses attentes du dialogue national qu’il a convoqué. Dans son message d’ouverture, Macky Sall a notamment retenu cinq points majeurs sur lesquelles, il souhaite un consensus. Le chef de l’État a par ailleurs rassuré sur l’impact de la dernière réforme sur l’arsenal juridique national.
Dans son propos inaugural, le président de la République a, tout d’abord, tenu à rassurer ses invités sur l’impact de la dernière réforme sur l’arsenal juridique national. En effet, selon le président Macky Sall, «la «révision constitutionnelle apporte davantage de sécurité à notre régime politique, en le mettant à l’abri des changements en fonction des intérêts partisans mais qu’elle renforce et élargit, également, les droits des citoyens». Citant entre autres, l’Acte III de la décentralisation, la réforme foncière, la réforme de l’Administration, la promotion de la transparence dans l’exploitation des ressources naturelles en général, des ressources minières, gazières et pétrolières en particulier, le chef de l’État a cependant précisé que l’adoption desdits textes doit être programmée en tenant compte des contraintes de l’agenda républicain et du rythme de mise en œuvre des autres réformes qu’il a déjà engagées.
Outre ces dispositions, le président de la République a également informé ses invités du jour que certaines de ces innovations de la Constitution nécessitent l’adoption de textes législatifs complémentaires. Et, parmi ces textes qui demandent une approbation de l’Assemblée nationale, le président Macky Sall a recensé notamment ceux relatifs au Haut conseil des collectivités territoriales et au Conseil constitutionnel. S’agissant des textes nécessitant des convergences voire le consensus le plus large pour les traduire en règles partagées et acceptées par tous, Macky Sall en a répertorié cinq. Il s’agit de la modification de la loi de 1981 sur les partis politiques ou l’adoption d’une nouvelle loi pour consacrer le projet de modernisation du système sénégalais de partis politiques. Voire la modification du Code électoral pour tirer les conséquences de la participation des candidats indépendants à tous les types d’élection, mais aussi pour définir les modalités de l’élection des députés de l’extérieur.
La législation sur le statut de l’opposition et de son Chef ainsi que le financement public des partis ou coalitions de partis politiques qui sont des préoccupations récurrentes de la démocratie sénégalaise ont été aussi mis en avant. Comme le nouveau Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui sera une loi organique qui intègrera les innovations résultant de la réforme constitutionnelle», a souligné le président Macky Sall qui recommande par ailleurs fortement des échanges entre majorité et minorité parlementaire pour aboutir à un Règlement intérieur consensuel. Le chef de l’État a aussi souligné la nécessité d’un consensus des acteurs sur la loi portant Code général des collectivités locales et les textes relatifs à la déconcentration. En effet, selon lui, «ce texte deviendra, désormais, un Code général des collectivités territoriales incluant les principes de la phase II de l’Acte III de la décentralisation qui consacre un nouveau système de financement des collectivités territoriales et l’avènement des pôles territoires».
Puma pour corriger l’absence de l’Etat dans les zones frontalières
Après le Programme d’urgence de développement (Pudc), le président de la République annonce un nouveau programme d’urgence de développement destiné aux zones frontalières. S’exprimant lors de la cérémonie de lancement du dialogue national au Palais de la République, le chef de l’État a fait part, devant plusieurs personnalités présentes à cette cérémonie, de ce nouveau dispositif qui vise le renforcement de la présence de l’État au niveau de toutes les zones frontalières du Sénégal. «Je vais bientôt lancer un nouveau programme d’urgence pour la modernisation des axes frontaliers dénommé PUMA, dont l’objectif, au-delà de l’aspect sécuritaire, est de contribuer à renforcer la présence de l’État, à travers des infrastructures sociales de base, au niveau de nos zones frontalières», a déclaré le président. Macky Sall a auparavant souligné la nécessité, d’un consensus le plus large possible pour assurer la prise en charge prioritaire de la sécurité face au terrorisme mais aussi en Casamance pour transformer cette région naturelle en un véritable pôle de développement au moyen de stratégies de développement local et de projets facteurs d’intégration régionale avec les pays voisins.