Les styles musicaux prisés au Mali et au Nigéria ont "plus de couleur" et sont identifiables "dès la première écoute", comparés au Mbalax, difficilement exportable et qui cantonne dans la culture sénégalaise, a analysé le bassiste Habib Faye.
Cette situation rend compte d’un "grand problème" pour les artistes sénégalais ambitionnant de s’imposer à l’étranger, a fait valoir le musicien, dans un entretien paru dans l’édition du week-end du quotidien privé Enquête.
"Quand je vais jouer à l’étranger, on me dit : +Habib est Sénégalais+. Mais moi, je n’y joue pas de la musique sénégalaise vraiment. Quand je vais jouer en Europe, c’est pour faire une autre musique", a-t-il expliqué.
"Cela me frustre. Je vois des groupes maliens qui tournent et je me dis pourquoi il n’y a pas de Sénégalais à part les ténors Youssou Ndour, Ismaël Lô, Baaba Maal", a déclaré le bassiste, d’avis que le mbalax, style musical le plus promu au Sénégal, doit être "plus ou moins épuré".
"C’est une musique qui est déjà assez compliquée pour certains Sénégalais. On doit la rendre beaucoup plus accessible. C’est un travail en amont que les gens devraient ainsi faire", a soutenu Habib Faye.
"Si on compare notre musique à celle des Maliens et des Nigérians, argumente-t-il, on se rend compte que leurs musiques ont une certaine couleur contrairement à la nôtre. Elles peuvent être identifiées dès la première écoute".
"Au Sénégal, on a ce phénomène-là. Et moi, ça a toujours été mon challenge et mon souhait de trouver cette couleur qui peut aller partout (…). Pour moi, pour ce qu’on va composer, il faut aller vers les couleurs", a-t-il ajouté.
"Je travaille sur ce projet-là avec des instruments traditionnels qui vont, peut-être, donner une certaine dynamique et aider à avoir une musique qu’on peut jouer partout", a conclu l’ancien bassiste du Super Etoile, présenté comme l’un des plus talentueux de sa génération.