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Gestion des menstrues: Une enquête identifie des "risques sanitaires et environnementaux"
Publié le vendredi 27 mai 2016  |  Agence de Presse Sénégalaise




Une enquête sur la gestion de l’hygiène menstruelle dans les départements de Pikine et Guédiawaye fait état de "risques sanitaires et environnementaux" résultant de l’utilisation de certaines matières comme les serviettes hygiéniques.

"Les menstrues sont gérées avec des croyances socioculturelles’’ relatives au mauvais œil, au maraboutage à la stérilité et autres, faisant que "les serviettes hygiéniques ne sont pas jetées comme d’autres déchets dans les poubelles tant que le lien est établi avec l’utilisatrice", a expliqué le consultant Tidiane Ndoye, un des auteurs de cette étude.

L’enquête avait pour objectif de "comprendre comment les femmes en âge de reproduction vivent et gèrent leur période de menstrues ainsi que les déchets qui en résultent", a indiqué M. Ndoye, sociologue et anthropologue de formation, lors de la restitution de l’enquête.

Selon les résultats de l’enquête menée dans 5 des 16 communes de Pikine et dans toutes les communes de Guédiawaye, l’évacuation des serviettes hygiéniques se fait par les WC, les bassins de rétention, par voie de mer et le toit des maisons, ainsi par le biais de bâtiments en construction.

Pour le consultant, il s’agit de "déconstruire le risque social avec certaines croyances liées à la survenue des menstrues chez les femmes et les filles", soulignant que la gestion des déchets liée aux serviettes hygiéniques se répercute sur toute la chaîne de valorisation des boues de vidange.

Outre l’aspect environnemental, l’enquête a montré que des risques sanitaires ont été relevés par les professionnels de santé, du fait de l’utilisation de certaines matières (tissus, éponges, couches bébé…) et des fois de leur réutilisation.

Au cours de la période concernée par l’étude, il y a des infections urinaires du fait du problème du lavage des mains, de la toilette intime avec le manque d’eau dans les cabines de toilettes dans certains ménages, en milieu scolaire, dans les marchés et autres lieux de travail.

"Dans la banlieue dakaroise, les jeunes filles se débrouillent pour gérer leurs menstrues avec les moyens du bord, rivalisant de créativité", a souligné le consultant. Ces stratégies, Selon lui, rendent compte de l’Etat de précarité des ménages.

Malgré les prix pratiqués dans les boutiques, "toutes ne peuvent se permettre d’en acheter. Ceci devrait faire penser à des mécanismes de subventions et d’appuis aux catégories vulnérables", a suggéré le sociologue.

"On note un pragmatisme chez les femmes consistant à mettre en avant les aspects de protection des accidents de tache sur les habits, la capacité d’absorption des serviettes hygiéniques ou tissus leur permettant de pouvoir vaquer le plus longtemps possible à leurs occupations", a-t-il ajouté.

L’enquête montre ainsi que la gestion des menstrues chez les filles et femmes en âge de reproduction relève d’un "véritable défi".

A l’initiative de Speak Up Africa, l’enquête déroulée entre le mois de mars et avril 2016, dans les écoles, ménages et les salons de beauté, a permis d’identifier et d’analyser les perceptions, barrières et obstacles à l’adoption des bonnes pratique en matière d’hygiène menstruelle, selon Yacine Diop Djivo, présidente de cette organisation.

Il s’agit de voir "les implications concrètes" du manque d’eau courante, de toilettes, d’antalgiques ou de serviettes hygiéniques lorsqu’elles ont leurs règles, dans le but d’élaborer une stratégie de communication et de plaidoyer en adéquation avec les besoins et attentes des populations.
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