Sa voix rauque montre l’amertume qui l’amine après la publication du rapport 2014-2015 de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption. D’emblée, Cheikh Oumar Hann, directeur du Centre des œuvres universitaires (Coud) se confesse : «Je prends la parole pour m’adresser au Peuple sénégalais, à mes amis et à ma famille. Tout le reste, c’est circonstanciel.» Flanqué de ses collaborateurs dont Amath Suzanne Camara, le patron du Coud démonte point par point les faits qui lui sont imputés dans le rapport de l’Ofnac. Sur les 4 subventions d’un montant global de 35 millions 20 mille francs Cfa, citées par l’organe de contrôle «sans identifications formelles» des étudiants, Cheikh Oumar Hann répond : «Les pièces justificatives (décisions, bons de caisse, états récapitulatifs des bénéficiaires) ont été payées, comptabilisées, classées puis archivées par nos services et mentionnent les noms des bénéficiaires, le numéro de téléphone, le numéro de la carte d’étudiant, le numéro d’identification nationale ainsi que l’émargement des concernés.»
Pour galvaniser le directeur du Coud, une foule d’étudiants inondent la salle. Accusé d’avoir versé pour l’essentiel à des agents du Coud, une somme de 454 millions 476 mille 81 de francs Cfa destinée à indemniser des étudiants, Cheikh Oumar Hann réfute : «Cette subvention se justifie par l’indemnisation assimilée à des subventions que le Gouvernement du Sénégal a accordées aux étudiants victimes de blessures graves lors des évènements du 14 août et qui ont abouti à la mort de l’étudiant Bassirou Faye. C’est le ministre de l’Enseignement supérieur qui avait débloqué une enveloppe spéciale pour le règlement de ces indemnisations.»
«Des gens veulent ma place»
Document à l’appui, le non moins maire de Ndioum se désole d’avoir été informé «en même temps que l’opinion publique» sur le rapport de l’Ofnac. Ce qui, selon lui, constitue une «indécence pour ne pas dire une incohérence». Il s’explique : «Généralement au terme des missions d’audit, un rapport provisoire est envoyé à l’institution auditée pour recueillir des réponses et ou des éclairages sur des problèmes ou des manquements soulevés par les auditeurs avant l’établissement définitif.» La main sur le cœur, M. Hann jure qu’il n’a jamais porté «entrave à la mission des vérificateurs». «Tous les agents du Coud que l’Ofnac voulait entendre ont déféré à la convocation parfois même au-delà de l’horaire légal. Les fournisseurs, les prestataires et les repreneurs des restaurants universitaires ont tous répondu», assure-t-il rejetant au passage tout recrutement à titre posthume. Selon lui, le rapport n’est que le produit d’un «acharnement» contre sa personne et orchestré par des «gens qui veulent (sa) place».