Cette réouverture des frontières ne fait pas que des heureux dans la région sud où les populations sont partagées entre la déception d’une levée précipitée et sans concertation du blocus et la joie de retrouver la transgambienne pour mettre un terme à la souffrance des longues distances pour rallier Dakar. Si certains transporteurs et autres chauffeurs expriment leur déception, les commerçants eux, jubilent et s’impatientent de retrouver le pays de son excellence Aladji doctor Yaya dioukoung … Jammeh pour s’approvisionner en marchandises.
La nouvelle qui a surpris plus d’un à Ziguinchor est diversement appréciée par les populations. Cette réouverture de la frontière sonne comme un soulagement pour certains comme les commerçants qui, à l’annonce de la nouvelle, n’ont pu s’empêcher d’exprimer toute leur satisfaction .Pour Mame Birame Ndiaye Secrétaire régional de l’UNACOIS JAPPO : «nous avons vécu un véritable calvaire le temps qu’a duré ce blocus car nous avons eu d’énormes problèmes pour acheminer nos marchandises à Ziguinchor , et en cette veille de ramadan on craignait beaucoup le spectre de pénurie de certaines denrées sur le marchées ziguinchorois, car il y’avait beaucoup de manque à gagner pour les transporteurs qui avaient tout simplement décidé d’immobiliser leurs véhicules en attendant des lendemains meilleurs … »
Un sentiment de satisfaction qui anime également certaines populations qui trouvent, à travers ce «dégel» sur les relations entre les deux pays, une bonne décrispation de la tension. Les chauffeurs et transporteurs de la région qui étaient encore accrochés à la décision de leurs responsables syndicaux à Dakar avaient du mal à donner leur avis, à l’image du président du regroupement des chauffeurs de la gare routière de Ziguinchor, Papis Touré très perplexe sur la question. « Nous attendons de voir les prochaines heures, toujours est-il que si une telle décision doit être prise il faut associer tous les segments..» a-t-il lâché.
Mais la levée de ce blocus qui a duré près de quatre mois ne pouvait laisser indiffèrents les ziguinchorois qui pour la plupart pensent que cela arrange plus la Gambie qui commençait à subir une situation d’étouffement au grand dam de ces populations. «Les frontières doivent être recouvertes sur des bases claires pour régler définitivement ce problème de la traversée de la Gambie », lance un ziguinchorois qui reste persuadé que la campagne de commercialisation de noix d’anacarde est à l’origine de cette «subite» bonne volonté des gambiens qui «scrutaient» les milliers de tonnes de noix d’anacarde qui risquent de leur filer sous le nez.
«Les dizaines de camions chargés de noix d’anacarde stationnés à l’entrée du port de Ziguinchor risquent de changer de destination et d’emprunter la voie terrestre pour rallier le port de Banjul… », déplore un camionneur. Cette crainte de voir ce produit transité par la Gambie irrite au plus haut degré les détracteurs de cette décision de levée du blocus de la transgambienne qui espèrent tout de même que le Sénégal s’est au moins appuyé sur des bases claires et des accords fiables avant prendre une telle décision.
Ainsi cette levée du blocus sonne-t-elle pour d’autres comme la fin d’un feuilleton de tourmente dans les relations entre deux pays contraints de vivre ensemble malgré les multiples humeurs qui enveniment souvent leurs relations.