Le Parti démocratique sénégalais (Pds) n’est pas la seule formation politique à enregistrer des démissions depuis l’avènement de Macky Sall à la tête de la magistrature suprême. Le Rewmi d’Idrissa Seck en a également connu avec les départs d’Oumar Guèye, Pape Diouf, Ousmane Thiongane, Waly Fall, Me Nafissatou Diop, Youssou Diagne et tout récemment, le député Oumar Sarr.
Sorti avec fracas des rangs du Parti démocratique sénégalais (Pds) après l’épisode des chantiers de Thiès, Idrissa Seck a créé son propre parti politique en 2006. L’ex-Premier ministre passé entre-temps opposant du régime d’Abdoulaye Wade est soutenu dans son aventure par des responsables et pas des moindres. Il s’agit entre autres d’Oumar Guèye, Pape Diouf, Youssou Diagne, Me Nafissatou Diop, Ousmane Thiongane, Waly Fall et Oumar Sarr (la liste n’est pas exhaustive). Mais de 2006 à présent, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts. Les relations entre Idrissa Seck et ses lieutenants se sont détériorées au fil du temps. Tour à tour, ils ont jeté l’éponge. Et la plupart d’entre eux ont aujourd’hui rejoint le parti présidentiel, l’Alliance pour la République (Apr), après une vaste opération de débauchage politique initiée et favorisée par Macky Sall pour neutraliser ses adversaires politiques du Pds et du Rewmi.
Oumar Guèye
Ancien porte-parole de Rewmi, Oumar Guèye a été l’un des plus grands responsables à quitter Idrissa Seck sous la deuxième alternance. Entré dans le premier gouvernement du régime de Macky Sall pour le compte du Rewmi en tant que ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Oumar Guèye a refusé de quitter son poste ministériel après la sortie d’Idrissa Seck de Benno bokk yaakaar (Bby). Mais le divorce entre les deux hommes a été définitivement consommé le 14 septembre 2013, date du lancement de son mouvement : le Vaste rassemblement pour le progrès du Sénégal (Vrps). C’est d’ailleurs au cours du meeting de lancement de son mouvement qu’il a officialisé son départ de Rewmi après près d’une décennie de compagnonnage avec Idrissa Seck. "L'heure n'est pas au discours ni aux critiques sans fondements mais au travail, comme le veut le président de la République, Macky Sall", a déclaré l’édile de Sangalkam qui a même lancé des pics à son ex-mentor. "Le pays n'a pas besoin de discours ni de paroles, encore moins de critiques et de jets de pierres’’, persifle l’actuel ministre de la Pêche et de l’Economie maritime. Mais son mouvement n’aura pas vécu assez longtemps puisque fondu dans l’Apr.
Pape Diouf
C’est deux mois après la sortie d’Oumar Guèye de Rewmi que Pape Diouf a lui, annoncé son divorce d’avec Idrissa Seck. L’ancien ministre de la Pêche et de l’Economie maritime dans le premier gouvernement dirigé par Abdoul Mbaye a lui aussi refusé de quitter son poste ministériel pour rejoindre Idrissa Seck dans l’opposition après sa sortie de Bby. Il a finalement claqué la porte de Rewmi après avoir gelé ses activités pendant un bon moment. Pour cheminer avec le président de la République, Macky Sall, il lance le Mouvement pour la défense de la République (Mdr) avant d’intégrer la coalition Bby. Depuis Bambey où il a procédé au lancement de son mouvement, Pape Diouf a rassuré le président de la République Macky Sall de son soutien indéfectible. Il lui a également renouvelé son engagement à accompagner la dynamique de développement enclenchée par la mouvance présidentielle pour sortir le pays du sous-développement. Seulement, ses gages de loyauté n’ont pu le sauver d’un limogeage. Avec le départ d’Abdoul Mbaye et l’arrivée d’Aminata Touré à la Primature, il a été zappé du gouvernement. Néanmoins, il continue toujours de cheminer avec le régime.
Me Nafissatou Diop
Ses relations avec l’ancien Premier ministre ne datent pas d’aujourd’hui. Notaire de profession, Me Nafissatou Diop a été sur tous les fronts engagés par Idrissa Seck. Mais elle s’est distinguée le plus dans l’affaire dite des chantiers de Thiès où elle a été d’un grand apport au leader de Rewmi, poursuivi à l’époque pour malversation financière par le régime d’Abdoulaye Wade. Son engagement en politique, elle l’explique par son amitié avec Idrissa Seck. ‘’Je suis entrée en politique à la demande d’un ami avec qui j’ai partagé des moments difficiles. Il a compté donc sur moi dans son combat politique. Je n’ai jamais eu pour vocation de faire de la politique. Mais je ne pouvais pas le lui refuser et c’est ce qui justifie mon engagement en politique’’, a déclaré Me Nafissatou Diop dans un entretien paru dans les colonnes du journal Le Quotidien.
Pour ce qui est de son départ de Rewmi, elle l’explique par une cascade de frustrations. Me Nafissatou Diop reproche à son ex-mentor un manque de considération envers ses militants et responsables. ‘’Malgré les situations difficiles que j’ai traversées et que tout le monde connaît, il n’est jamais venu chez moi pour me soutenir ou me remonter le moral. J’ai été suspendue ; je ne l’ai jamais vu chez moi. Il s’est contenté de me téléphoner de temps en temps. Cela nous a vexées ma famille et moi, à commencer par mes propres enfants. J’ai eu à perdre mon travail à cause de mon engagement parce que j’ai été suspendue par le Président Abdoulaye Wade’’, rumine la notaire qui s’est également plainte d’une discrimination lors des investitures pour les élections législatives de 2012. ‘’Quand il s’est agi de choisir des membres de Rewmi pour la députation et pour le gouvernement, Idrissa Seck n’a jamais pensé un seul instant à moi. Il a préféré choisir d’autres personnes dont la plupart ne peuvent pas se prévaloir du même engagement politique que moi, de la même loyauté, de la même fidélité. Il a même choisi des gens qui n’ont fait dans le parti que six mois’’, reproche-t-elle à son leader. Toutes choses qui font qu’elle a finalement claqué la porte et rejoint le parti présidentiel.
Ousmane Thiongane et Waly Fall
La démission de Me Nafissatou Diop du Rewmi d’Idrissa Seck aura été l’élément déclencheur d’une cascade de démissions. Après son départ, le Rewmi a enregistré d’autres démissions collectives. Celles de Waly Fall et de son camarade de parti, Ousmane Thiongane qui ont préféré prendre leur destin en main après une longue bataille interne pour plus de démocratie interne. ‘’Nous avons quitté le parti pour convenances personnelles. Nous avons déposé nos lettres de démission’’, a confirmé Ousmane Thiongane, peu de temps après avoir officialisé son départ de Rewmi.
Youssou Diagne
Youssou Diagne a été jusqu’à sa démission, en 2013, le vice-président de Rewmi. Il a arrêté ses activités au sein du parti d’Idrissa Seck à la suite d’un entretien avec le président de la République, Macky Sall, qui lui a demandé de venir travailler avec lui. Cette audience avec le chef de l’Etat a soulevé un malaise dans les rangs du parti. Par la suite, l’ancien président de l’Assemblée nationale a décidé de quitter le Rewmi. Youssou Diagne a été l’un des plus fidèles compagnons d'Idrissa Seck à qui il doit sa promotion politique. L’ancien Premier ministre, alors tout puissant numéro 2 du Pds, avait contribué à son installation à la Présidence de l’Assemblée nationale à l’issue des élections législatives de 2001. Un poste qu’il ne conservera pas trop longtemps puisqu'il sera contraint de démissionner le 12 juin 2002 après qu’il a perdu les élections locales dans son fief à Ngaparou. Remplacé par Pape Diop pour être nommé ambassadeur du Sénégal à Taïwan pendant quelque temps, Youssou Diagne va plus tard rentrer au bercail où il est nommé Pca de l’Agence nationale chargé de la promotion des grands travaux (APIX).
Oumar Sarr
Le clash entre Idrissa Seck et son ancien porte-parole remonte à la dernière rentrée parlementaire. Après avoir claqué la porte de la mouvance présidentielle, le président de Rewmi, Idrissa Seck avait voulu créer son propre groupe parlementaire au sein de l’hémicycle. Seulement, il n’a pu s’entendre avec Oumar Sarr sur les modalités de mise en place de ce groupe parlementaire. Devant la volonté d’Idrissa Seck de confier la présidence de ce groupe au parti de Mamadou Diop Decroix, And Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (Aj/Pads) et la vice-présidence au Front pour le socialisme et la démocratie (Fsd/Bj) de Cheikh Bamba Dièye, Oumar Sarr avait opposé un niet catégorique.
Soutenant que le Rewmi, qui avait plus de députés que ces deux partis, devait au moins garder la vice-présidence de ce groupe parlementaire pour que ses députés ne soient pas la risée des autres groupes à l’hémicycle. ‘’Si j’avais accepté cette proposition, mon ami Moustapha Diakhaté pourrait se moquer de moi’’, rouspète Oumar Sarr qui dit avoir fait tout capoter pour préserver sa propre dignité et celle de son parti, le Rewmi. C’est ainsi le début d’une mésentente entre Idrissa Seck et son ancien porte-parole. Et Oumar Sarr, à la suite de ce différend, a tout bonnement jugé utile de geler ses activités au parti pendant neuf (9) mois au terme desquels il a finalement pris l’initiative de mener le combat en interne pour, dit-il, mettre à la tête du parti ‘’un autre leader plus démocrate et plus soucieux des intérêts du parti et non de ses propres intérêts ou de ceux de son clan’’.