Les Chambres africaines extraordinaires (CAE) présidées par le juge Gberdao Gustave Kam rendront, lundi 30 mai, leur verdict dans le procès historique de l’ancien dictateur du Tchad, Hissène Habré, annonce un communiqué reçu à l’APS.
Ce procès, ouvert le 20 juillet 2015 devant les CAE, a duré 56 jours, et vu défiler 93 témoins.
Mbacké Fall, le procureur général des Chambres africaines extraordinaires, a requis la réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre de l’ancien président tchadien, au terme d’un long réquisitoire d’environ sept heures.
M. Fall a aussi demandé la confiscation des biens de l’ex-président tchadien, qui est accusé d’avoir commis des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et des actes de torture lorsqu’il dirigeait le Tchad.
Les trois avocats commis d’office pour défendre l’ancien président tchadien ont réclamé son acquittement pur et simple.
"Il n’y a pas eu de crimes contre l’humanité, ni d’actes de torture, encore moins de crimes de guerre", a soutenu Mbaye Sène, l’un des conseils de la défense.
Son collègue Mounir Balal a soutenu que le président Hissein Habré a montré, en dirigeant le Tchad de juin 1982 à décembre 1990, qu’il est un "vrai patriote", soutenant que son client doit recouvrer la liberté.
"Hissein Habré est un patriote, un vrai patriote doublé d’un nationaliste, un homme d’Etat qui a le sens de l’intérêt général", a argué Me Balal dès le début des plaidoiries de la défense.
Ce procès ouvert le 20 juillet 2015 devant les CAE, le tribunal créé au sein des juridictions sénégalaises pour assurer le jugement de l’ancien chef d’Etat, a connu beaucoup de rebondissements.
Jugé pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture, M. Habré a comparu de force devant les CAE, en refusant de répondre aux questions des juges et n’hésitant quelquefois pas à commettre des incidents d’audience.
Le tribunal spécial a auditionné des experts, des témoins et une personne citée à témoin par les avocats de la défense.
Les Chambres sont financées en grande partie par des pays donateurs, selon l’ONG Human Rights watch, soulignant qu’en novembre 2012, le Sénégal et un certain nombre de pays donateurs se sont mis d’accord sur un budget de 8,6 millions d’euros (11,4 millions de dollars à l’époque) pour financer le procès de Habré.
Des promesses avaient été faites par le Tchad (2 milliards de francs CFA ou 3 743 000 dollars), l’Union européenne (2 millions d’euros), les Pays-Bas (1 million d’euros), l’Union africaine (1 million de dollars), les Etats-Unis (1 million de dollars), la Belgique (500 000 euros), l’Allemagne (500 000 euros), la France (300 000 euros) et le Luxembourg (100 000 euros), indique la même source.
De plus, le Canada, la Suisse, et le Comité International de la Croix-Rouge ont fourni une assistance technique. Un Comité de pilotage composé du Sénégal, de pays donateurs et d’institutions reçoit et approuve les rapports périodiques soumis par l’Administrateur des Chambres, ajoute-t-elle.
Hissein Habré a dirigé le Tchad de 1982 à 1990. Ecarté du pouvoir par une rébellion dirigée par l’actuel président tchadien Idriss Déby Itno, il s’est réfugié au Sénégal.
Après une bataille judiciaire menée durant plusieurs années par des plaignants et leurs avocats, l’ancien chef d’Etat est arrêté le 30 juin 2013, à son domicile, à Dakar.
Il est ensuite inculpé le 2 juillet 2013 par les CAE, une juridiction créée au Sénégal sous l’égide de l’Union africaine (UA) pour la tenue de son procès.