Babacar Sarr, le chevillard arrêté dans l’affaire de la viande d’âne vendue, a été déféré au parquet, depuis hier. Lors de son audition, il a mouillé des agents de la SOGAS. Il n’a pas été avare en révélations.
A l’issue de sa garde à vue, le suspect dans l’affaire de la viande d’âne commercialisée a été déféré au parquet de Dakar, hier. On reproche au chevillard Babacar Sarr, âgé de 54 ans, les délits d’abattage clandestin et vente de viande impropre à la consommation. Selon nos sources, le bonhomme a la langue bien pendue. Il a expliqué avec minutie, comment lui et son équipe s’y prenaient pour se procurer les bêtes, les tuer et mettre la viande dans le marché. Avec ses 4 complices en fuite, ils allaient se ravitailler en ânes vivants à la Société de gestion des abattoirs du Sénégal (SOGAS), dit-il. Une fois les bêtes achetées, ils prenaient la direction du Technopôle. Les bêtes étaient convoyées à bord de voitures de transport dites ‘’clandos’’. Là-bas, ils les égorgeaient et les dépeçaient.
Une fois cette basse besogne terminée, le chevillard révèle qu’ils retournaient dans les locaux de la SOGAS où, avec l’aide de certains agents de la boîte, ils parvenaient à écouler la viande d’âne mélangée à celle de bœuf, chèvre et mouton. Babacar Sarr confie qu’ils vendaient le kilogramme de la viande d’âne à 700 F CFA ou 800 F CFA. ‘’Nos avons nos propres clients qui se trouvent un peu partout : à l’intérieur comme à l’extérieur de la SOGAS. La viande était désossée pour faciliter sa vente. Nous avions un point focal à l’intérieur (NDLR : un des 4 chevillards qui sont parvenus à se sauver) qui se chargeait d’acheminer les ânes à bord de taxi ‘’clando’’. Après le dépeçage, c’est lui qui se chargeait de l’écoulement aussi’’, poursuit le mis en cause.
‘’Notre clientèle est diversifiée’’
Pour donner une idée des profits tirés de ce trafic, le chevillard renseigne que les peaux d’âne sont vendues à une société chinoise établie à Dakar. Le prix de l’unité varie entre 30 000 F CFA et 35 000 F CFA. ‘’Une fois la viande vendue, nous tirons notre bénéfice et nous recommençons une nouvelle opération’’. Sans scrupule, le chevillard fait cette autre révélation qui fait froid dans le dos. ‘’Je ne peux pas, dit-il, compter le nombre de fois que nous avons eu à faire de telles pratiques. Depuis des mois nous sommes dans ce business. Notre clientèle est diversifiée’’ a dit M. Sarr.
Des sources contactées par EnQuête soutiennent qu’au niveau de la SOGAS, il y est autorisé d’abattre des ânes. Cependant, leur viande n’est pas destinée à la consommation sénégalaise mais l’étrangère. Et dans de pareils cas, on l’achemine via des containers.
Pour rappel, B. Sarr est arrêté depuis mardi par la brigade de la gendarmerie de Yarakh. Le chevillard a été surpris sur le site du Technopôle de Pikine en train de dépecer deux ânes. Ses 4 complices ont réussi à se sauver. Les pandores de la brigade de la gendarmerie de Yarakh leur sont tombés dessus, la nuit du mardi 17 mai. C’est vers 21h, cette nuit-là, qu’ils ont été informés de l’abattage clandestin d’ânes sur le site. Lorsqu’ils se sont déportés sur place, ils ont trouvé la bande en pleine action. Ils avaient fini de tuer les deux bêtes de somme.
Les complices du boucher sont activement recherchés.