La délégation gambienne, qui était à Dakar pour assister à la 36ème réunion ordinaire du Conseil de médiation et de sécurité de la Cedeao, va rester dans la capitale sénégalaise. Après plus de trois mois de crise, Dakar et Banjul vont engager des discussions «franches» sur toutes les questions dont la construction du pont sur le fleuve Gambie. La rencontre aura lieu dimanche.
Après trois mois de crise latente entre le Sénégal et la Gambie, la météo diplomatique annonce le temps du dégel. Lors de la réunion ordinaire du Conseil de médiation et de sécurité de la Cedeao, Banjul a envoyé trois ministres à cette rencontre (ministre des Affaires étrangères, ministre de l’Intérieur et ministre de l’Economie et des finances). Dans le fond, le but était aussi d’aplanir le différend avec Dakar qui est restée intraitable sur cette question. Ce qui fait que Mankeur Ndiaye et le ministre gambien des Affaires étrangères se sont rencontrés pour discuter de toutes les questions qui empoisonnent les relations entre les deux pays. On a donc appris que l’officiel gambien a accepté la tenue de cette réunion à Dakar après l’échec de la première qui devait avoir lieu il y a un mois. Il a décidé de prendre l’aval de Banjul qui est au bord de la rupture à cause d’une situation économique catastrophique provoquée par le blocus de la Transgambienne. La rencontre se tient le dimanche sous la coprésidence de Mankeur Ndiaye et de Neneh Macdouall Gaye.
En tout cas, Dakar a prévu de poser sur la table toutes les questions qui sont à l’origine de cette crise. Bien sûr, la plus importante sera la construction du pont sur le fleuve Gambie dont la première pierre a été posée. Alors que le financement est disponible, les travaux n’ont pas encore démarré à cause des humeurs chancelantes du leader gambien. En outre, le ministre des Affaires étrangères a signifié à son homologue gambien qu’il n’y aura pas de questions taboues. «Les deux pays vont vider leur sac, chacun dira ce qui lui déplaît», annonce-t-on. De toute façon, Dakar se refuse d’être à l’origine de cette tension en rappelant que le Président Macky Sall s’est rendu trois fois à Banjul (sa première visite, fête de l’indépendance de la Gambie et la célébration des 20 ans de pouvoir de Jammeh) contrairement au Président gambien qui n’est jamais venu au Sénégal depuis son élection. C’est pour cette raison que les autorités sénégalaises ont rejeté la médiation de Conakry, prétextant que «Yahya Jammeh sait ce qu’il faut faire pour résoudre le problème».
La Commission de la Cedeao, qui a rejeté la plainte de la Gambie, salue la présence d’«une forte délégation gambienne» à Dakar. Marcel Alain de Souza, président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), confirme que les deux parties se sont rencontrées jeudi passé. «La délégation gambienne a accepté de venir à Dakar pour qu’on engage enfin les négociations parce que c’est des entraves à la libre circulation des biens et des services», avance-t-il.
Dans Le Quotidien no 3951 du 9 et 10 avril 2015, on annonçait que Yahya Jammeh était revenu sur la décision de porter la taxe douanière à 400 mille F Cfa. Et M. Souza confirme cette info. «La Gambie nous a rassurés que la mesure de 4 000 à 400 mille a été déjà supprimée», informe M. Souza en marge de la 76ème session ordinaire du Conseil des ministres de la Cedeao, qui s’est tenue hier après la réunion ordinaire mercredi. Il s’inquiète de la «situation intérieure en ce qui concerne les élections qui auront lieu en décembre prochain. La population réclame des réformes électorales, (…) plus de liberté d’association et plus de liberté d’expression».