Quelques milliers de pèlerins ont rallié Popenguine à pied, ce week-end de Pentecôte. De Dakar, Thiès et Mbour, les quelques 13 000 marcheurs sont arrivés certes fatigués mais sereins et joviaux.
Il est 16 heures ce dimanche au sanctuaire marial de Popenguine, les marcheurs arrivent par vagues successives et ininterrompues. Il en sera ainsi jusqu’à 18h passés. Jean M. Tessier, 57 ans, fait partie de ceux qui sont arrivés en premier. C’est son premier pèlerinage au Sénégal. Il a marché de Cap des Biches au sanctuaire de Popenguine. Le paroissien des Martyrs de l’Ouganda est arrivé, comme les autres marcheurs, exténué, mais fier d’avoir bravé le chaud soleil pour franchir les 52 kilomètres du tracé. Selon ses confidences, il vient de vivre un temps très fort avec les jeunes. ‘’Si je n’étais pas ici, je serais actuellement en train de marcher à Chartres en France.
En ce moment même, ils y a des gens qui font ce que nous sommes en train de faire ici. C’était très vif, dynamique et chaleureux’’, confie le Français. Marcher de Cap des Biches à Popenguine n’est pas chose aisée, mais la foi aidant, il dit n’avoir pas senti les aléas de la longue marche. ‘’C’est comme une retraite spirituelle. On sort du tumulte de la vie ordinaire pour aller vers autre chose, vers l’Essentiel. On est dans un état de grâce. Comme la marche était très organisé, je n’ai pas senti la route’’, explique-t-il la foi en bandoulière. Le Français d’ajouter : ‘’J’ai prié pour ma famille, mes amis, pour que toutes les personnes vivent en harmonie et dans la paix.’’
En effet, ils arrivent par groupes de cent voire plus. Vêtus de tee-shirts orange, de la couleur de leur sponsor traditionnel Orange, ils n’aspirent qu’à une chose : aller prendre une bonne douche. Car la poussière leur colle à la peau. La sueur suinte des visages, les stigmates d’une dure journée de marche. Ils arrivent très fatigués, mais cela ne les empêche pas de crier, de danser et de chanter. Il faut croire que d’aucuns sont imperméables à la fatigue, vu l’entrain qu’ils mettent à sautiller et à danser. Par contre, d’autres sont réellement mal en point. Ces marcheurs qui ont quitté Dakar, Thiès ou Mbour, sont contents de cette nouvelle expérience de partage et de foi.
Le visage tout en sueur, Benoît Gomis ne se reconnaîtrait pas devant un miroir. La latérite saupoudre son visage. Il n’en a cure, le pèlerinage est avant tout un moment de communion et de dévotion qu’il veut vivre. ‘’Nous sommes là pour Marie. C’est juste extraordinaire. Il y a une force dans ce pèlerinage qui est absolument incroyable : on la ressent’’, dit-il. Joséphine, elle, en est à sa quatrième participation. ‘’La première fois, c’étaient des amis qui m’avaient amenée.
La première année, je l’ai fait par curiosité et c’était très chaleureux. Je n’ai plus voulu rater la marche, depuis. C’est quelque chose d’épanouissant.’’ Sa sérénité contraste avec l’attitude de Stella Mensah Djame qui semble perdue dans la foule. Cette cinquantenaire venue du Togo participe pour la première fois au pèlerinage. Elle a marché depuis Thiès. Prostrée dans un coin, elle attend, dit-elle, qu’on lui explique ce qui se passe. ‘’Je suis venue au Sénégal voir un parent malade. J’ai entendu parler du pèlerinage et je suis venue pour découvrir. J’attends le prêtre avec qui je suis venue pour qu’il m’explique ce qui se passe’’, dit-elle l’air perdu.
Abel Tine fait partie du comité d’organisation des marcheurs de Thiès. Il a plus d’une trentaine de participation. L’œil aux aguets, il surveille les jeunes qu’il accompagne. Depuis l’année dernière, confie-t-il, les marcheurs ne donnent plus du fil à retordre. ’’On les a canalisés’’, dit-il tout en fredonnant les chants qui sortent des baffles. ‘’La marche s’est bien passée. Auparavant, je marchais. Mais maintenant comme je suis chargé aussi de l’animation, j’emprunte, de temps en temps, la voiture. Les jeunes aiment bivouaquer, être dans la nature. Ils ont leur carnet du pèlerin.’’