Malgré les discours de sensibilisation qui sont menés pour dissuader les jeunes à tenter l’émigration clandestine, le phénomène perdure toujours. En atteste la situation à Goudiry où rien qu’en 2015, une centaine de jeunes issus de ce département ont été rapatriés de la Libye. Réunis au sein d’une association de 300 membres, tous issus de cette localité et rapatriés de la Libye, ces jeunes ne croient toujours pas à la réussite en restant dans leur terroir.
(Envoyée spéciale à Goudiry) - La fortune est au bout de l’aventure. C’est la devise des jeunes de Goudiry. Souvent, ils finissent leur trajet dans l’Au-delà. Bien sûr, l’émigration clandestine n’est pas encore un vieux souvenir dans le département de Goudiry. Dans cette localité de la région de Tambacounda, certains jeunes ne croient pas à la réussite en restant sur le sol sénégalais. En témoigne le nombre important de jeunes rapatriés de la Libye ces dernières années et ceux qui ont péri dans la Méditerranée ou disparu dans le désert. Le président du Conseil départemental de Goudiry, Djimo Souaré, estime le nombre de jeunes de cette localité, qui ont été «avalés» par la Méditerranée et emportés par le désert, à une centaine en 2015. Sans compter le nombre de portés disparus. Si les souffrances de ces derniers sont tout le temps racontées, elles n’ont pas encore permis de changer les mentalités sur la possibilité de réussir au Sénégal. Malgré la sensibilisation qui est faite autour des risques qu’ils encourent, les jeunes continuent de braver toutes les difficultés qu’ils rencontrent durant ce trajet pour atteindre la Libye et continuent de nourrir ce rêve de rallier l’Europe par tous les moyens.
Selon le président de l’Association des Sénégalais rapatriés de la Libye à Goudiry, faute d’activités génératrices de revenus, ils ont toujours en tête l’idée de tenter une nouvelle aventure pour provoquer la chance. D’après Moussa Kébé, 300 jeunes sont membres de cette association. Rapatriés de la Libye en 2013, il essaye depuis lors de les convaincre de rester parce que des financements leur sont promis par les autorités. Seulement, il informe que certains, las d’attendre ce financement depuis 3 ans, menacent de se remettre sur le chemin du désert. «Je ne peux pas retenir les gens ici, il n’y a pas de financement, depuis 2013 on nous promet des financements mais il n’y a rien. Je ne peux pas continuer à retenir les gens, d’ici fin 2016, je vais dire à ceux qui veulent partir et qui en ont les moyens de le faire», a-t-il argué. Pourtant comme lui, tous ces jeunes sont conscients du danger et du voyage à haut risque sans compter la torture qu’ils subissent durant le trajet entre le Mali, le Niger et la Libye. Pour le président de cette association, il est difficile de convaincre ces aventuriers qu’un avenir meilleur est possible dans cette localité. Pour lui, il y a des terres mais il faut des moyens pour les exploiter, ce qu’ils n’ont pas. «C’est difficile d’être jeune et d’être dans l’incapacité de satisfaire ses besoins. C’est le fait de voir que la plupart des gens qui réussissent dans cette localité sont à l’extérieur qui les pousse à ne pas croire à la réussite en restant dans cette localité», a-t-il expliqué.
D’ailleurs, c’est le constat qui est fait dans cette partie du Sénégal oriental, la plupart des familles sont prises en charge par les parents des émigrés. Les bâtiments les plus modernes ont été construits par ces derniers. En plus de cela, l’importante participation des associations des émigrés pour la construction d’écoles, des postes de santé, des forages augmente l’ancrage de l’idée que l’émigration est la clé de la réussite.