Points de contrôle aux entrées de la ville, policiers sur les axes stratégiques et devant les hôtels: pour son grand festival annuel de jazz, qui s’est ouvert mercredi soir, Saint-Louis (nord du Sénégal) était sous haute surveillance mais ne verra pas l’Américain Marcus Miller, qui en était une des têtes d’affiche.
Le coup d’envoi de l’édition 2016, qui se poursuivra jusqu’au 16 mai, a été donné mercredi à 21H00 (locales et GMT) Place Faidherbe, au coeur de Saint-Louis, île bâtie sur l’estuaire du fleuve Sénégal, quadrillée par des policiers en uniforme et en civil, a constaté un correspondant de l’AFP.
Plusieurs centaines de personnes s’y étaient rassemblées pour cette première soirée marquée par des discours officiels et un concert animé notamment par Sarro, jeune chanteur-musicien sénégalais. Un public en-deçà de l’affluence habituelle du festival, qui attire de nombreux touristes étrangers et résidents d’autres régions du pays dans cette ville classée en 2000 au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
L’Américain Marcus Miller, qui était une des têtes d’affiche de cette 24e édition de l’évènement et devait se produire dimanche, ne fera pas le déplacement au Sénégal, de même que le collectif marocain Bob Maghrib, ont annoncé les responsables de l’Association Saint-Louis Jazz, qui organise le festival, sans explication dans l’immédiat.
Un porte-parole de la manifestation, Alex Tendeng, a simplement évoqué "le contexte de sécurité et les problèmes de moyens".
La sécurisation a été à l’origine de la brève interdiction du festival par le préfet du département de Saint-Louis, qui reprochait aux organisateurs un manque d’engagement "dans l’effort de sécurité".
L’interdiction avait été levée le 4 mai, au second jour de discussions entre organisateurs, autorités et acteurs économiques.
Des attaques jihadistes ont frappé ces derniers mois plusieurs pays de la région, dont la Côte d’Ivoire (19 morts à Grand-Bassam, près d’Abidjan en mars). Le Sénégal, jusqu’à présent épargné, a cependant renforcé la sécurité dans de nombreux lieux publics, comme les hôtels et les administrations.
"Toutes les dispositions sont prises pour un bon festival avec un impressionnant dispositif de sécurité", a déclaré le gouverneur de Saint-Louis, Alioune Aïdara Niang à l’AFP mercredi après midi.
- Espoir de faire de bonnes affaires -
Selon un responsable policier, "des forces de sécurité sillonnent discrètement les frontières fluviales et maritimes" avec la Mauritanie.
Les véhicules entrant dans la ville sont ainsi soumis à des fouilles systématiques. Une source de sécurité a parlé à l’AFP de près de 600 hommes déployés pour garantir le sécurité de l’évènement, l’Agence de presse sénégalaise (APS, officielle) évoquant "un millier de policiers, de gendarmes et d’agents de sécurité en civil".
La scène du festival a vu défiler dans le passé de grands noms comme Liz McComb, Gilberto Gil, Manu Dibango, Ali Farka Touré et Randy Weston.
Pour la 24e édition, étaient annoncés plusieurs groupes et artistes du Sénégal, dont le célèbre Cheikh Lô (jeudi), et de près de dix pays, dont le Cubain Omar Sosa (samedi).
Il est aussi prévu des spectacles "off", des concerts de gospel à la cathédrale de la ville, une foire d’artisans et de commerçants entre autres manifestations.
Depuis mercredi, de nombreux touristes étrangers et des résidents du pays, attirés par l’appel du jazz, étaient visibles dans les rues de la ville même si leur affluence semble en baisse par rapport aux précédentes éditions, selon le correspondant de l’AFP.
Du côté des hôteliers, restaurateurs, commerçants et divers opérateurs économiques, l’espoir de faire de bonnes affaires durant le festival était en revanche intact.
Baye Diallo, coordonnateur du comité local de la pêche artisanale, a indiqué à l’AFP que durant le festival, "les hôteliers et restaurateurs multiplient leurs demandes en poissons et fruits de mer". "Certains festivaliers aiment bien manger du poisson braisé", a-t-il dit.
D’après Alboury Ndiaye, hôtelier et président de la Fédération des offices de tourisme du Sénégal, le festival rapporte à la ville de Saint-Louis environ "4 milliards de FCFA (plus de 6 millions d’euros) au moins", somme incluant "2 à 3 milliards de FCFA (3,05 à près de 4,6 millions d’euros) pour les hôtels et sites d’hébergement" et de restauration.
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