L’antidote à l’impasse entre les acteurs politiques au Sénégal et la montée du terrorisme peuvent se résoudre par le dialogue. Lors de la cérémonie officielle marquant la fin du 136ème Appel de Seydina Limamou Laye hier, Gouvernement et autorités religieuses se sont accordés sur la nécessité de débattre.
Le bruit des vagues est confondu dans la grande tente de la vaste enceinte de Diamalaye. Les autorités sont en place. Les louanges de Seydina Limamou Laye sont chantées en ritournelle par les fidèles. Comme d’habitude, la foule est toute blanche. Ou presque. Un vent frisquet flotte. Après des heures d’attente, le représentant du khalife pose sa silhouette. Il est escorté par une horde de fidèles.
17 h 54. Le Dj doit revoir sa copie. Le son est mis en stand-by. Premier devant le pupitre, Seydina Issa Thiaw Laye, emmitouflé dans un grand boubou de couleur argentine, peut dérouler sa longue allocution. D’abord, en arabe. Elle va durer plus de 20 minutes. Il se réajuste, jette un regard franc vers les milliers de fidèles massés autour de lui et remercie les autorités. Après ses formules de politesse, il entre dans le vif du sujet. Par un wolof mélangé de français.
«Certains essaient de nous diviser, on doit cultiver la paix entre confréries»
Pour un Appel placé sous le signe du «dialogue pour une solution aux crises actuelles», le coordonnateur général de cet évènement religieux pouvait étaler ses talents devant un micro. «Les foyers religieux doivent être les premiers à promouvoir la dialogue. On voit que certains essaient de nous diviser. Non, on doit cultiver la paix entre confréries. C’est ce qui garantit la paix et la cohésion sociale», explique Seydina Issa Thiaw Laye.
Passant au papier suivant, le petit-fils de Baye Laye poursuit : «Au Sénégal, on a plus de 200 partis politiques. Pourtant lors des élections, ils trouvent les moyens de se regrouper en coalitions. Pourquoi pas les familles religieuses ?»
Dans la lignée de son discours inaugural de dimanche à Cambérène, Seydina Issa Thiaw Laye exhorte l’Etat à dialoguer avec l’opposition. Il passe le relais au ministre de l’Intérieur qui abonde dans le même sens. «En choisissant cette thématique, vous participez sans conteste à la définition de stratégies efficaces pour barrer la route à ces mercenaires de la foi qui, quotidiennement, sèment l’effroi au sein des populations, portent atteinte moralement et physiquement aux personnes, foulent au pied les symboles des Nations, profanent les sépultures, détruisent les biens immatériels historiques classés patrimoine de l’Humanité», se désole Abdoulaye Daouda Diallo sous le regard du maire de Yoff, Abdoulaye Diouf Sarr, de la présidente du Cese, Aminata Tall, du ministre du Tourisme, Mme Maïmouna Ndoye Seck et du vice-président de l’Assemblée nationale, Moustapha Cissé Lô. Le représentant du Gouvernement de poursuivre : «Ces individus élevés à l’école du meurtre telle une pieuvre étendent leurs tentacules à travers des réseaux qui prétendent agir au nom de l’Islam. Cette religion de paix, d’humanisme et de justice est aux antipodes de ce macabre affairisme religieux.»
Représentant du khalife, le porte-parole de la famille Laye ne fera que suivre ses devanciers au micro. Mais rappelle Mamadou Lamine Laye : «On doit se baser sur les enseignements» de Seydina Limamou.